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26 février 2011 6 26 /02 /février /2011 00:06
Aduatuca Tongres (B) Eburodunum Embrun
Agedincum Sens Forum Julii Fréjus
Aginnum Agen Forum Segusiavorum Fleurs
Andematunnum Langres Genablum Orléans
Anderitum Gabalorum Javols Gesoriacum Boulogne
Aquae Sextiae Aix-en-Provence Juliobona Lillebonne
Aquae Tarbellicae Dax Juliomagus Angers
Arausio Orange Limonum Poitiers
Arelate Arles Lugdunum Lyon
Argentomagus Saint-Marcel Lugdunum Convenarum St-Bertrand-de-Comminges
Augusta Rauracorum Augst (S) Lutetia Paris
Augusta Suessionum Soissons Massilia Marseille
Augusta Treverorum Treves (A) Matisco Mâcon
Augusta Veromanduorum Saint-Quentin Mediolanum Eburovicum Evreux
Augustobona Troyes Mediolanum Santonum Saintes
Augustodunum Autun Mogontiacum Mayence (A)
Augustodurum Bayeux Narbo Matius Narbonne
Augustomagus Senlis Nemausus Nîmes
Augustonemetum Clermont-Ferrand Nemetacum Arras
Augustoritum Limoges Noviodunum (Colonia Julia Equestris) Nyon (S)
Autessiodurum Auxerre Noviodunum Diablintum Jublains
Autricum Chartres Noviomagus Batavorum Nimègues (P.B.)
Avaricum Bourges Noviomagus Lexoviorum Lisieux
Avenio Avignon Portus Namnetum Nantes
Aventicum Avenches (S) Rotomagus Rouen
Bagacum Bavai Ruessium Vellavorum Saint-Paulien
Brigantio Briançon Samarobriva Amiens
Burdigala Bordeaux Segodunum Rodez
Cabillonum Chalon-sur Saône Suidinum Le Mans
Caesarodunum Tours Tolosa Toulouse
Caesaromagus Beauvais Tullum Toul
Carcaso Carcassonne Vapincum Gap
Carpentorate Carpentras Vasio Vaison
Cemenelum Cimiez Vesunna Périgueux
Colonia Agrippinensis Cologne (A) Vesontio Besançon
Condate Redonum Rennes Vienna Vienne
Darioritum Vannes Vindonissa Windisch
Dea Augusta Die    
Divodurum Metz A : Allemagne B : Belgique
Divona Cahors P.B. : Pays Bas S : Suisse
Durocorturum Reims    
       

 

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 18:24

  Après l’exploitation de type colonialiste de la Gaule Transalpine, symbolisée par les abus du propréteur Fonteius de 76 à 74 avant J.C., Rome adopta à l’égard de la Gaule une attitude de collaboration et de libéralisme économique basée sur des relations confiantes. De fructueux échanges à longue distance s’instaurèrent ou s’intensifièrent au sein de l’Empire. Les petits cachets de plomb qui scellaient les liens enserrant les ballots de marchandises, témoignent d’une intense activité commerciale et économique. Plusieurs milliers de ces plombs, découverts à Lyon, attestent le rôle prépondérant exercé par la métropole des Trois Gaules en matière de commerce tandis que son caractère cosmopolite apparaît dans les stèles funéraires comme dans celle du Syrien Thaimos, un marchand de produits aquitains qui tenait boutique dans l’agglomération.

 La Gaule fut l’un des greniers à blé de Rome et de l’Italie. Quant aux légions stationnées en champ-de-bleRhénanie et en Bretagne, leurs besoins en blé s’avéraient énorme. C’est dire l’importance des céréales dans les échanges. D’autant que si l’on en croit les auteurs latins, la vente du blé ne procurait que de médiocres bénéfices. Caton par exemple, place le blé immédiatement après les prairies et juste avant les taillis pour la rentabilité. Confrontés à une telle situation du marché, les gros propriétaires terriens de l’Italie Centrale renoncèrent pratiquement à la culture du blé, l’abandonnant à des provinces comme la Gaule ou l’Afrique.

 Et de fait, au milieu du IVè siècle encore, le poète grec Claudien mentionne les exportations vers Rome de grains des Lingons et des Rèmes (respectivement région de Langres et de Reims). A son tour, au Vè siècle, Sidoine Apollinaire évoque les exportations de blé gaulois.

 D’autres productions rurales alimentaient le grand commerce : raisin, vin, moutons et porcs. Nous avons déjà signalé la découverte d’amphores narbonnaises à Rome. L’une d’elle, d’après l’inscription peinte sur le col, contenait du vin de Béziers . Tout particulièrement appréciées étaient les salaisons de porcs, surtout celles en provenance des Séquanes du Jura . Pline prétend enfin que les oies des Morins, c’est-à-dire de la région de Boulogne en Pas de Calais, fort prisées à Rome, effectuaient  la totalité du trajet à pied…

  Les productions textiles jouissaient d'une grande renommée. Dès l'époque d'Auguste, les saie-gauloisesaies ou sayons (capes agrafés sur l'épaule) inondaient littéralement le marché romain et italien. Plus tard, le poète Martial offre un manteau gaulois à un de ses amis : «Présent grossier, concède t-il, mais qui n'est pas a dédaigner par le froid de décembre [...] afin qu'un froid pénétrant ne s'insinue pas dans tes membres trempés de sueur...» Au début du IVè siècle, manteaux de laine et draperies de la Gaule Belgique acquirent une telle renomée que la laine des Atrébates, un peuple de la région d'Arras, était la plus onéreuse à Rome.

  Marbres et pierres de couleur qui ornaient les édifices publics et les établissements ruraux, tenaient une place également importante dans ce trafic commercial. La distribution géographique de ces éléments de de décoration montre l'intense utilisation du réseau fluvial gaulois, parfois jusqu'aux limites de la navigabilité. Les bassins du Rhône et de la Garonne de même que la route océane à un moindre degré, bénéficièrent largement de ce commerce avec des pays lointain ainsi qu'en témoignent les deux exemples présentés ci-après. À trente kilomètres du littoral méditerranéen, la villa de Condoumine, à Puissalicon, était agrémentée de marbre de la haute vallée de la Garonne, mais aussi en provenance du bassin de la Méditerranée orientale, d'Afrique et d'Italie. Le même caractère exotique se retrouve avec les éléments décoratifs de la villa de Chatigny à Fondette en Indre-et-Loire : marbres d'Asie, de Numidie, porphyres de Laconie et d'Égypte. Tous matériaux parvenus de Narbonne par l'isthme gaulois entre Méditéranée et Atlantique via la Garonne puis le littoral océanique et enfin la remontée de la Loire.

  Quant à certains matériaux de construction renommés dans la Gaule toute entière comme le marbre de Saint-Béat (Haute-Garonne) ou le calcaire de Norroy (Moselle), ils firent l'objet d'expéditions à très longues distances. Mis en œuvre sous forme de plaques de revêtement, le marbre de Saint-Béat a été reconnu notamment à Lyon, à Rennes et à Rouen (700 km !). Le remarquable calcaire de Norroy fut utilisé, quant à lui, à Bonn, à Mayence, Nimègue (400 km) et Strasbourg (450 km par la voie fluviale, 120 par la route)...

Source : Les Gallo-romains- Gérard Coulon éd. A. Colin _

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 18:24

  En 125 avant Jésus-Christ, Massalia (Marseille), menacée par ses voisins, appelle Rome à son secours, comme elle l'a déjà fait à deux reprises auparavant.

 

  Cette fois la crise est très sérieuse, car les Salyens assaillent la cité fondée en - 600 par des grecs originaires Grèce continentale, venus de Phocée, une cité d'Asie mineure située sur la côte de la mer Égée, dans le golfe de Smyrne (aujourd’hui Izmir en Turquie) où ils s'étaient installés au IXè siècle av. J.C.

  Les Salyens, ce sont des Celto-ligures, une fédération de peuple composée de Gaulois installés entre le fleuve Var, le Lubéron et le Rhône, ainsi que de Ligures originaires des Alpes du sud.

carte-salyens

  La République, fidèle à son alliance, envoie ses armées. Mais après avoir triomphé de ses ennemis, Rome ne repasse pas les Alpes, et conquiert le sud de la Gaule.

  Dès le début de son intervention, Rome ne vise pas seulement à défendre la ville amie. Elle a également pour but de défendre ses intérêts : car les Salyens, qui bloquent Massalia et contrôle depuis l'oppidum d'Entremont les voies de communication du commerce entre celle-ci et la Gaule, menace le négoce italien qui transite par la cité phocéenne et ses comptoirs. Enfin, Rome voit dans la campagne le moyen de s'emparer de terres à distribuer à son peuple.

  Deux expéditions menées par les consuls Fulvius Flaccus et Sextius Calvinus, sont nécessaire pour venir à bout des Salyens. Massalia est libérée et les oppidums salyens d'Entremont, Roquepertuse et Baou Roux sont détruits. En - 122, pour assurer la mainmise romaine sur les routes commerciales, Sextius Calvinus fonde la forteresse d'Aquae Sextiae (Aix en Provence), où il installe des garnisons romaines.

 

  De nombreux guerriers salyens ont fuit en remontant de Rhône et ont averti les principaux peuples gaulois de la région du fait que les romains semblent vouloir se lancer dans la conquête de la Gaule transalpine.

  Les Arvernes, les Allobroges, et leurs alliés se préparent alors à une terrible guerre punitive. Les Romains bénéficient de renseignements gaulois venant de groupes dominés qui indiquent une probable descente imminente le long du Rhône afin d'y mener une expédition punitive, au cours du début de l'année - 121. La peur d'une vaste coalition envahit les dirigeants romains. Il faut empêcher qu'un revers militaire soit préjudiciable à la première colonisation amorcée par Sextius Calvinus et agir de manière déterminée en combattant de façon séparée les deux peuples qui entretiennent heureusement des relations méfiantes.

  Domitius Ahenobarbus, successeur de Sextius Calvinus, s'empresse d'attaquer lesromain-gauloisAllobroges, habitants de la région correspondant au Dauphiné et à la Savoie, sous le prétexte qu'ils ont donné asile aux chefs salyens vaincus. Les Arvernes emmenés par leur roi Bituit tentent de venir en aide aux Allobroges, mais sans succès. Ils s'élancent alors contre les légions romaines, mais, près de Bollène, Quintus Fabius Maximus, collègue d'Ahenobarbus, leur inflige une cinglante défaite. Capturé par ruse, le roi arverne est envoyé à Rome pour figurer au triomphe de Quintus.

  L'obstacle arverne éliminé, les deux consuls poursuivent la conquête de la province. Ils s'emparent des territoires et itinéraires situés entre le Languedoc et la rive droite du Rhône et de la Saône pour posséder la maîtrise du trafic commercial.

 

  Le calme étant revenu, Domitius Ahenobarbus, entreprend, entre - 120 et - 117, d'organiser narbonnaisela nouvelle province de Rome : la Transalpine, qu'on appellera plus tard la Narbonnaise. Il fonde la Colonia Narbo Martius (Narbonne), première véritable colonie romaine hors d'Italie. Les colons qui s'y installent sont des citoyens romains civils et, dans une moindre mesure, des vétérans démobilisés. Narbo Martius, reliée à l'Italie par la voie Domitienne aménagée par Domitius Ahenobarbus, qui va du col de Montgenièvre à l'Espagne, commande tout le trafic commercial italien en direction de l'Espagne, de l'Aquitaine et de l'ouest de la Gaule. Carrefour de communication, elle est aussi le siège du gouvernement provincial et un centre stratégique et militaire.

  L'administration de la province est confiée à un gouverneur, délégué du sénat romain, qui a autorité civile et militaire, et qui est assisté par un légat, ou adjoint militaire, et un questeur, chargé de collecter les impôts.

pont-julien-narbo

                  Pont Julien qui franchi le Cavalon sur la Via Domitia à Narbo Martius

 

  L'exploitation du pays se fonde sur la reconnaissance de trois sortes de peuples : tout d'abord, les peuples soumis, c'est à dire ceux qui ont été vaincus et dont le sol est devenu propriété romaine, et qui peuvent demeurer sur leurs terres, mais sont soumis au paiement de redevances considérables; puis les peuples alliés, comme les Massaliotes, qui conservent leur indépendance ou ont des droits spéciaux; enfin les citoyen romains, qui sont protégés par le droit de Rome.

 

  Les Gaulois supportent mal la domination romaine et se révoltent à plusieurs reprises. En 90, les Salyens, qui se sont rebellés, sont battus par les soldats romains. Une partie de leurs terres est attribuée aux Massaliotes. En - 77, les Voconces, les Allobroges, les Volques Tectosages de la région de Toulouse se soulèvent à leur tour. Ils sont ramenés à la raison par l'armée entre - 76 et - 74. En - 62, les Allobroges se révoltent à nouveau. Depuis - 69, ils se plaignent des exactions commises par le gouverneur Fonteius, et connues par le plaidoyer fait en sa faveur par Cicéron, le Pro-Fonteio : pillages, droits de douane prohibitif sur le vin, réquisitions abusives, achats d'exemption d'impôts... En - 63, l'envoie d'une délégation à Rome pour exposer les griefs de la population n'obtient pas de résultat. Un an après, en - 62, la révolte éclate. En - 61, l'armée y met fin violemment. Dès lors, le calme règne dans la province pacifiée.

Sa romanisation se poursuit lentement et ne touche que les élites gauloises. Mais elle est bien réelle, comme l'atteste la fidélité à Julius Caius César au cours de la guerre des Gaules.

 

Sources : Les grands événements de l'Histoire de France - éd. Larousse _ La celtique méditéranéenne - D. Garcia éd. Errance

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 18:24

Page2

 

 

Image issue de "Premier livre d'histoire"  édition Armand Collin 1957  couverture

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 18:23

  _ "Occupe toi de dispacher le marchandising, moi je suis over-booké !"

 

  Oh la belle phrase que voilà ! Ce n'est ni du français ni de l'anglais, c'est du crétin, une sous-langue de plus en plus répandue au sein des grandes sociétés multinationales, et pratiquée par des lobotomisés de tous âges, persuadés de faire partie de l'élite (l'élite de quoi ? Mystère !)

 

  Deuxième mystère : pourquoi tant de français s'escriment-ils à massacrer une langue d'une telle richesse, d'une telle précision, d'une telle sensibilité, la leur, le Français ? Ethno-masochisme ?

 

  C'est difficile à comprendre, c'est vraiment mystérieux...

 

  Le mot mystère vient de mustêrion, qui désignait en Grèce, dans l'Antiquité, une cérémonie religieuse[1] secrète, à laquelle on ne pouvait assister et participer qui si l'on avait reçu une invitation permettant d'en comprendre le sens profond et caché. Les mustêria (pluriel de mustêrion) les plus célèbres étaient ceux qui étaient célébrés à Éleusis, près d'Athènes, dans le temple dédié à Déméter, la grande déesse de la Fertilité et de l'Agriculture.

divinatio8

  Le prêtre chargé d'initié aux mustêria, aux mystères sacrés, était appelé un mustagôgos, un "mystagogue". Et lorsqu'on était "initié", on devenait un mustês, et on ne devait révéler à personne ce qu'on avait appris. Tous ces mots, mustêria, mustagôgos et mustês, ont une origine commune : le verbe grec muein, signifiant "se fermer". En effet, les mystères de la Grèce antique étaient des cultes fermés, interdits aux non-initiés.

 

  La langue latine a emprunté au grec son mustêrion et en a fait un mysterium, mot qui, en passant du latin à l'ancien français, est devenu un mystère. Au XIIIè siècle, on appelait mystère ce qui, dans la religion chrétienne, avait un sens secret, caché, et qui n'était connu que de Dieu. Ce n'est qu'à partir de la fin du XVè siècle que le mot mystère a commencé à être employé en dehors du domaine religieux, pour désigner, d'abord, une chose, un phénomène que la raison humaine ne peut pas expliquer, puis, à partir du XVIIè siècle, plus généralement, une "chose cachée, secrète" ou " quelque chose d'incompréhensible, d'obscur".

 

  Au XVIIIè siècle, une des distraction à la mode, dans les salons parisiens, consistait à trouver une personne naïve et crédule, et à lui faire croire quelque chose d'invraisemblable, ou bien à l'inviter à une fausse et burlesque cérémonie d'initiation, pour, dans tous les cas, rire à ses dépens. Ainsi est né le verbe mystifier, créé, par plaisanterie, avec le sens d' "initier quelqu'un aux (faux) mystères", c'est à dire "tromper", "abuser de la crédulité" d'une personne pour s'amuser.

 

  Dans la famille du mystère, il y a aussi l'adjectif mystique, issu du grec mustikos, "relatif aux mystères", et qui est synonyme de "religieux" : un élan mystique est un élan vers le mystère divin, une quête de Dieu. Enfin, et c'est plus surprenant, le mot myope appartient aussi à cette famille : il vient du grec muôps, adjectif formé à partir du verbe muein, "se fermer" et ôps, l' "œil, et signifiant "qui ferme à demi les yeux".

 

[1] Religions antiques (cliquez ici)

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 18:23

La réponse en image :

 

gallo-romain

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 18:23

  Le torque est un collier rigide en métal (bronze, fer ou or), ouvert ou fermé, dont le type remonte à la fin de l'âge du Bronze européen, au début du Ier millénaire av. J.-C. Son nom vient du latin torquis dérivé de torqueo (tordre), qui évoquait un motif torsadé.

  C'est pendant la période de Hallstatt (850 - 450 av. J.-C.), première grande période de la civilisation celtique, que le torque se diffuse comme parure et devient un objet accompagnant courament les défunts dans leur sépulture. Il est alors porté aussi bien par les hommes que par les femmes. Il est formé d'une épaisse tige métallique ronde, généralement terminée en boule à ses deux extrémités et plus ou moins travaillée ou ornée. Le corps du collier est généralement en fer mais n'est pas toujours, entortillé. Les torques étaient faits à partir de brins de métal entrelacés, généralement en or ou en bronze, moins souvent d'argent.

  Les extrémités des anciens Torques portent généralement des ornements sculptés, souvent des globes, des cubes, ou des têtes d'animaux, et, moins fréquemment, des figures humaines.

Bien qu'ils étaient le plus souvent faits pour être portés sur le cou, il y avait aussi des bracelets avec cette forme. Destiné à des usages divers, au-delà de la parure, il servait de cadeau de prestige dans le cadre des échanges aristocratiques, mais aussi d'objet votif destiné à remercier une divinité pour son aide, ainsi qu'un élément très souvent associé à la tombe. Pour accompagner les morts, on fabrique alors des modèles en or spécialement destiné à cet usage.


  Par ailleurs, dès cette époque, les héros et les dieux sont souvent représentés portant le torque, signe de la grande valeur symbolique de l'objet. Sur le "Pilier des Nautes découvert à Paris", le dieu Cernunnos porte un torque autour du cou et un autre torque sur chacun de ses bois, ce qui montre le caractère sacré de cet élément de parure.

  Pendant l'époque laténienne (450 - 50 av. J.-C.), l'usage du torque se modifie quelque peu : il devient beaucoup plus rare dans les sépultures masculines, mais reste un objet indissociable de la parure funéraire féminine, dans les couches aristocratiques de la population. Pourtant, il reste un objet de parure très courant, en particulier dans les milieux guerrier, comme l'attestent les très nombreuses représentations figurées de Celtes des IVème - IIème siècles av. J.-C., comme par exemple ceux du relief de Civitalbà, en Italie centrale, il en devient même, parmi les populations italiques et grecques, le signe d'identification par excellence du guerrier celte.

  Le décor du torque, à l'époque laténienne, devient d'une grande richesse, intégrant entrelacs, motifs végétaux issus du monde italique et traditionnelles représentations de têtes celtiques. Il semble que chaque peuple ait développé un décor qui lui était propre, le torque devenant ainsi également un moyen de reconnaissance ethnique. Les dépôts votifs de torques ont toujours cours, souvent associés à des monnaies, qui ont fait leur apparition dans le monde celtique au IVème siècle av. J.-C., avec l'imitation des statères de Philippe de Macédoine. En Grande-Bretagne, mais aussi dans la Péninsule ibérique, ces dépôts sont parfois d'une richesse extraordinaire et la découverte de la région de Newark, si elle offre un exemplaire d'une valeur artistique exceptionnelle, vient confirmer l'importance de la pratique votive et du caractère hautement symbolique du torque de l'autre côté de la Manche.

 

Sources : Anne Lombard-Jourdan, Alexis Charniguet, Cernunnos, dieu Cerf des Gaulois, éd. Larousse - Jean-Louis Brunaux, Les religions gauloises. Nouvelles approches sur les rituels celtiques de la Gaule indépendante, éd. Errance

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 19:31

Réponse à la question du mois qui était : 

  En 52 avant J.C., les Parisii affrontèrent les troupes de Caius Julius Caesar. La bataille fut remportée par les armées romaines. Les combattants gaulois qui y laissèrent leur vie furent inhumés à un endroit où, plus tard, fut érigé un monument parisien fort visité. Quel était ce monument ?*  

 

 

  En l'an -52 , la plaine de Garanella, à Lucotecia[1] fut le lieu d'un combat opposant les troupes du chef gaulois Camulogène aux légions du général romain Labienus.

    

  La plaine de Garanellase situait dans l'actuel quartier de Grenelle à Paris, qui s'étend des Invalides jusqu'aux anciens terrains marécageux de Javel en bordure de Seine à l'ouest, et à l'actuelle périphérie sud-ouest de la capitale. La terre de la plaine de Grenelle difficile pour l'agriculture, fut longtemps très éparsement peuplé malgré la proximité de Paris.

 

  Le nom vient du latin Garanella, qui signifie « petite garenne », donné à la plaine. Peu à peu le nom de Garanella devint Guarnelles, puis Garnelles avant de prendre son nom actuel.

 

  En l'an 700 de Rome, Jules César envoya son lieutenant Labiénus avec quatre légions et une partie de sa cavalerie affronter les Parisii qui avaient refusé de déléguer des députés à l'assemblée des principaux États de la Gaule, ceux-ci résolurent de se défendre, demandèrent des renforts aux pays environnants et confièrent la direction de la défense à Camulogène (de la cité d'Évreux), un vieillard dont le grand âge doublait d'expérience la science militaire. Le vieux chef évita tout d'abord le combat, afin de donner à ses troupes ; plus courageuses qu'aguerries, le temps de se former, et voulant tirer parti de l'avantage que lui offraient les marais qui s'étendaient au sud de Lutèce, il commença par faire détruire le pont qui permettait d'accéder à la petite cité et vint se retrancher dans les marécages, afin de disputer le 


Les Gaulois se battaient nus
jusqu'à la ceinture

 passage aux Romains et défendre l'approche de la ville, plutôt que d'attendre dans son sein l'attaque de l'ennemi.

  Bientôt, fortifiés dans leurs positions, les Parisii ne demandèrent qu'à en venir aux mains avec les Romains. Labiénus arrivé devant le camp de Camulogène, chercha à forcer le passage, mais sa tentative fut inutile ; il fut repoussé et il eût vu peut être périr toutes ses légions, s'il n'eut fait une prompte retraite.

  Au milieu de la nuit, il décampa et retournant sur ses pas, le général romain vexé par l'échec qu'il venait de subir, se jeta sur Melun, dont les habitants étaient pour la plupart accourus pour grossir l'armée de Camulogène, et saccagea la ville. Puis il descendit le long du fleuve emmenant avec lui une flotille d'une cinquantaine de barques et se présenta, de nouveau devant Lucotecia pour l'assiéger.

  Prévenu par des survivants au massacre, Camulogène ordonna d'incendier la ville, de rompre les ponts de bois et toujours protégé par le marais, il demeura dans le camp vis-à-vis des Romains dont il était séparé par la rivière.

  Ces modestes habitations de bois, c'était tout ce que possédaient les malheureux Gaulois et les flammes qui montaient et tourbillonnaient dans l'espace, en colorant les eaux du fleuve d'une teinte rougeâtre, anéantissaient leur patrimoine, mais qu'importe, l'honneur des Parisii l'exigeait et ils en faisaient volontiers le sacrifice, préférant perdre leurs biens que de les voir tomber au pouvoir de l'ennemi. Or, tandis que ceci se passait, Labiénus fut averti qu'il ne lui était plus permis de compter sur le secours de César en cas de défaite ; son armée, menacée par la défection des Éduens (peuple qui habitait le pays situé entre la Saône, la Loire et le Rhône), se repliait sur la province Narbonnaise.

  Il fallait donc se hâter de vaincre ou de mener ses troupes à Agendicum (Sens). La ruse devait venir en aide à la force. A la tombée de la nuit, Labiénus convoqua son conseil, exhorta ses officiers à faire leur devoir puis il ordonna à une partie de ses troupes de monter sur les barques et de descendre le fleuve en silence, à la


Cavalier gaulois après l'invasion romaine
(premier siècle de l'ère chrétienne,
d'après les sculptures anciennes)

distance d'environ 4000 pas. Arrivés à destination, ils avaient ordre de faire halte et de l'attendre. Puis, pour donner le change, il envoya cinq cohortes avec des bagages remonter bruyamment le long du fleuve ; en même temps des bateliers furent chargés de se diriger du même côté, en frappant bruyamment l'eau de leurs rames. Ce stratagème réussit, soldats et bateliers attirèrent l'attention des Gaulois qui pensèrent que les Romains quittaient progressivement les lieux. Mais Labiénus qui avait rejoint les troupes, passa la Seine à la faveur d'un orage épouvantable dont le bruit couvrit celui de son mouvement. À l'aube, découvrant le déplacement des romains, Camulogène se mit vivement à la tête du gros de son armée pour s'opposer à la marche de Labiénus.

  Les belligérants se trouvèrent face à face dans la plaine de Grenelle. Bientôt une nuée de flèches et de javelots obscurcit l'air. Camulogène commandait en personne et encourageait ses guerriers par la voix et par l'exemple. D'abord la victoire parut incertaine. Mais soudain une légion romaine, ses étendards dépliés, attaqua les Gaulois par derrière et leur coupa la retraite. Alors ce fut une mêlée épouvantable, un horrible carnage; les hommes combattaient corps à corps; mais une fois de plus l'organisation et l'expérience du combat des légions romaines leur donna l'avantage. On se battait avec un égal acharnement, mais les Gaulois ne purent soutenir longtemps le choc des légions victorieuses.

 

  Malgré une courageuse résistance, les troupes gauloises furent défaites et passées par les armes. Camulogène, se portait aux endroits les plus périlleux et se jetait au plus fort de la mêlée. Ce premier défenseur de la liberté parisienne trouva, la mort qu'il cherchait, lorsqu'il vit que tout espoir de vaincre était perdu.

 

  La victoire des Romains fut complète. Ces derniers, en honneur à leur victoires rebatisèrent la plaine "Champs de Mars". Les nombreux guerriers Gaulois qui avaient succombé furent enterrés sur place, à l'endroit même où quelques siècles plus tard fut érigée... la Tour Eiffel.

 

  Labiénus se retira à Agendicum, laissant derrière lui les ruines fumantes de Lucotecia. La ville gauloise brulée allait, comme le phénix de la fable, renaître de ses cendres, mais pas tout à fait au même endroit[2].

 

[1] Nom gaulois de la capitale de Parisii. Lutèce est le nom romanisé.

 

Sources : Paris à travers les siècles, histoire nationale de Paris et des parisiens depuis la fondation de lutéce, jusqu'à nos jours (1879) - Les Campagnes de Jules César dans les Gaules, études d'archéologie militaire, Félicien de Saulcy(1862)

 

* Merci à tous ceux qui ont participé à cette première question, en répondant ou en effectuant des recherches. Je pensais que la question ne serait pas difficile, mais en fait je me trompais. Il y a très peu de sources sur internet traitant ce sujet, aussi la recherche n'était pas simple. Tant mieux !

Bravo (petit bravo) à Chantal qui a donné la bonne réponse tout en avouant qu'elle répondait au hasard.

Bravo (demi bravo) également à Viviane qui, visiblement a elle aussi répondu au hasard, en donnant trois réponses possibles (c'est de la triche !)

La vraie gagnante est en réalité Claudine dont voici la réponse : Les Gaulois vaincus par les armées de Labenius auraient bien été inhumés au Champ de Mars ? le monument actuel étant la Tour Eiffel.

Auteur du riche blog lejardindutemps.com consacré entre autre à l'histoire et le patrimoine de sa région, Claudine remettra son titre de championne en jeu dès le mois prochain

 

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 19:14

  À l'époque gallo-romaine, une dizaine de villes des Trois Gaules (la Lyonnaise, la Belgique, et l'Aquitaine) portent des noms que l'on peut qualifier d'hybrides, c'est à dire formés d'un »premier élément d'origine celtique et d'un second d'origine latine, en l'occurrence Auguste, César ou Jules : Augustodunum (Autun), Augustoritum (Limoges), Augustobona (Troyes), Augustodurum (Bayeux), Augustomagus (Senlis), Augustonemetum(Clermont-Ferrand), Caesarodum (Tours), Caesaromagos(Beauvais), Juliomagus (Angers) et Juliobona (Lillebonne). Comme on peut le constater seuls les chefs-lieux de cités ont pris de tels noms. Le cas du vicus de Claudiomagus, aujourd'hui Clion (Indre), est une exception.

 

  Certes, l'histoire antique nous offre bien d'autres exemples de cités ayant pris le nom d'un illustre fondateur ou protecteur. Par exemple certaines villes de l'Empire ont reçu le nom de Césarée durant le principat d'Auguste. Ce fut le cas notamment de Kaysariyé, port maritime de l'ancienne Palestine au nord de Jaffa (la «Césarée de Palestine»), de Kayseri, ville de Turquie centrale ( la «Césarée de Cappodoce»), ou encore de Cherchell, ville et port d'Algérie à l'ouest d'Alger. Mais comment expliquer l'apparition de tels nom en Gaule, alors que la plupart d'entre eux disparaîtront des sources écrites à la fin de l'Empire romain ?

 

  Première constatation : Auguste est le grand favori de ces noms hybrides. La ville d'Autun nous est connue depuis l'époque de sa fondation, en 10 avant J.C., les premiers textes la nomme Augustodunum, autrement dit «la citadelle d'Auguste». Limoges apparaît au IIè siècle de notre ère sous la forme Augustoritum. En ce qui concerne Troyes, les premières mentions (Ptolémée et itinéraires romains du IVè siècle) nous donnent Augustobona. Le nom antique de Bayeux est absent des textes antiques mais apparaît sur des bornes milliaires des IIè et IIIè siècle après J.C. sous la forme d'Augustodurum. Senlis est Augustomagus dans l'itinéraire d'Antonin et la Table de Peutinger (IVè siècle). Enfin nous avons le cas de Clermont-Ferrand. Après avoir porté le nom de Nemosos (probablement de même racine que le gaulois nemetum «lieu sacré, sanctuaire»), la ville est placée sous le patronage de l'empereur Auguste : Augustonemetum.

  table-Peutinger

                                                     La table de Peutinger  (complete ici)

  Les noms de Caesar et Julius n'ont pas connu un tel succès. César n'est présent que dans le nom antique de Tours, Caesarodunum, sous la plume de Ptolémée et celui de Beauvais, Caesaromagos, mentionné dans La Guerre des Gaules (II, 13). Enfin, deux villes choisirent le nom de Julius. La première est Angers, ville fortifiée à la fin du IIIè siècle de notre ère, que Ptolémée nomme Juliomagus, ou «marché de Jules». La seconde, Lillebonne, se trouve à la fois chez le géographe grec, sur l'itinéraire d'Antonin et la table de Peutinger. C'est alors Juliobona.

 

  C'est donc Augustus qui fut le plus prisé par les autorités locales pour désigner leur ville. Selon toute vraisemblance, il s'agit bel et bien d'Auguste, petit neveu et successeur de Jules César. Cette préférence est probablement due au fait qu'il incarna essentiellement la figure du vainqueur des guerres civiles et celles du pouvoir aux mains d'un seul homme (princeps). La référence à Julius ou Caesar est plus problématique. D'emblée on songe à César (Caius Julius Caesar), mais dans la mesure où Auguste prit en lui succédant son paetronem et son gentilice, Julius et Caesar pourraient aussi bien renvoyer à Auguste.

 

  Les motivations qui présidèrent à l'attribution de noms composés tel que Augustodurum, Caesaromagos ou Juliobona sont à rechercher du côté des autorités locales. En choisissant ces noms, les dirigeants gaulois ont probablement souhaité intégrer leurs villes dans le monde romain en leur faisant bénéficier des aspect positifs incarnés par Auguste (intégrité, prospérité, paix...). Ces noms manifestent donc la volonté de placer la ville sous un patronage impérial, d'attirer la protection d'un personnage héroïsé par ses victoires, tout en conservant un élément de la tradition celtique. C'est toute l'ambiguïté de ces noms hybrides : faire preuve de loyalisme -voire de soumission- envers Rome tout en ménageant les populations locales par l'introduction d'éléments celtiques.

 

  Mais qu'en est-il exactement de cette tradition celtique ?

 

  Le vocabulaire d'origine gauloise employé dans ces composés est relativement réduit : on trouve magos (3 fois), bona (2), dunum (2), durum (1), ritum (1), et nemetum (1). Arrêtons nous quelques instants sur chacun d'eux. Magos a d'abord signifie «plaine, champ, terrain découvert», puis, «marché». Il apparaît en second terme de nombreux toponymes en Gaule, tel Argentomagos «champs ou marché de l'argent» (Argenton), Rotomagos «marché de la roue» (Rouen), Catumagos «champs du combat» (Caen), etc. Par conséquent, Caesaromagos, le nom gallo-romain de Beauvais, a signifié «le marché de César». Juliomagus, aujourd'hui Angers, fut un «marché de Jules», tandis qu'Augustomagus, aujourd'hui Senlis, désigna le marche d'Auguste.

  juliomagus

                                                         Mur gallo-romain, rue Toussaint à Juliomagus (Angers)

 

  Comme magos, bona est principalement connue par la toponymie. Il semble avoir eu le sens de «fondation», avec le sens secondaire de «village, lieu habité». Pour ne prendre qu'un exemple bien connu, il est présent dans Vindobona, c'est à dire «la ville blanche», aujourd'hui Vienne, capitale de l'Autriche. Augustobona, ancien nom de Troyes, serait une «fondation d'Auguste», tandis que Juliobona aurait désigné une «fondation de Jules».

 

  Dunum est sans doute l'un des mots les plus fréquents de la toponymie celtique européenne. C'est un équivalent de l'oppidum latin. En effet, il a désigné le fort, la citadelle, l'enceinte fortifiée, souvent situé sur une hauteur. Mais à Augustodunum (Autun) et Caesarodunum (Tours), c'est manifestement la fonction défensive qui prédomine. Nous savons qu'à Autun, une enceinte a protégé la ville dès l'époque d'Auguste. Quant à la ville de Tours, construite sur un terrain au très faible relief, elle n'a rien d'un oppidum. L'élément celtique -dunum est utilisé ici au sens générique de «citadelle». Le sens du mot gaulois dunum, en second élément de Augustodunum (Bayeux) n'est pas très éloigné de dunum. Primitivement, il semble avoir désigné la «porte» (apparenté à l'anglais door, l'allemand Tür). Le glossaire de Vienne, daté du Vè siècle, traduit doro (variante duro) par ostium «porte», ce qui montre que le sens premier n'a pas été oublié. Durum évolue ensuite au sens de «place, marché, enclos», puis en «ville close». Mot gaulois attesté dans les inscriptions et l'onomastique, nemeton à désigné le «sanctuaire», le «lieu consacré», comme dans Vernemetum «grand sanctuaire», aujourd'hui Vernantes (Maine-et-Loire) ou Nemetacum, ancien nom d'Arras. Dans le cas de Clermont-Ferrand, il est intéressant de constater qu'Augustonemetum est en parfaite continuité avec son passé. En effet, la ville s'est d'abord appelée Nesomos (chez Strabon, Ier siècle après J.C.), forme apparenté à nemetum. Les autorités locales ont intégré la référence au sanctuaire celtique dans un nom composé placé sous le patronage d'Auguste. Enfin, ritu, nom gaulois du passage à gué, est également un thème fréquent de la toponymie celtique. Augustoritum (Limoges) fut un «gué d'Auguste». La ville s'est en effet établie sur un versant dominant la rive droite de la Vienne que l'on franchissait par un gué.

  caesarodunum

                                 Remparts gallo-romains de Caesarodunum (Tours)

 

  Il est frappant de constater que le vocabulaire présent dans ces composés est particulièrement abondant dans la toponymie celtique. On constate également que la plupart de ces mots impliquent généralement l'idée de ville protectrice, qu'il s'agisse de marché, porte, citadelle ou sanctuaire. Seul Augustoritum fait exception. Par conséquent, il est claire qu'on a souhaité rassurer les populations locales par la création de nom doublement protecteurs.

 

  Quel destin connaîtront ces Juliomagus, Augustodunum, Augustoritum et autres Caesarodunum ? Malgré la double référence au vocabulaire celtique et aux empereurs romains, la plupart de ces noms disparaissent entre le IIIè et le IVè siècle. On constate que la plupart d'entre eux s'effacent progressivement au profit des noms des peuples gaulois dont elles sont les chefs-lieux. Ainsi la ville d'Angers redevient Andecava urbs «la ville des Andecaves». Vers 400, Bayeux est nommée civitas Baoicassium, reprenant le nom des Gaulois Bodiocasses. À Beauvais, le nom des Gaulois Bellovaques dont elle est le chef-lieu réapparait également vers 400 sous la forme civitas Bellovacorum. Limoges était la capitale de la tribu gauloise des Lemovices, peuple qui est utilisé pour désigner la cité à partir du IVè siècle : civitas Lemovicum vers 400. À Senlis, c'est là encore le nom du peuple gaulois, les Silvanectes, qui finira par s'imposer, évinçant le nom gallo-romain à partir du Bas-Empire. Tours abandonnera également son nom gallo-romain de Caesarodunum au profit des Turones. Enfin Troyes, antique Augustobona, reprend à la fin de l'Empire le nom des Tricasses, peuple dont elle est le chef-lieu, et devient civitas Tricassium.

 

  Seules les villes d'Autun, Lillebonne et Clermond-Ferrand ont connu un destin différent. Augustodunum évolue progressivement et aboutit au Moyen Âge à Ostun, puis à Autun en  français moderne. Au terme d'une longue évolution, Juliobona réapparaît vers la fin du XIè siècle : Ilam Bonam. À ce stade, on constate que le nom de la ville était compris «L'île bonne». De fait, c'est bien Lillebonne qui s'imposera au cours des siècles suivants. Quant à Clermont-Ferrand, bien des vicissitudes l'ont conduite jusqu'à sa forme actuelle ! Après avoir porté un nom celtique (Nemosos), puis gallo-romain (Augustonemetum), la ville redevient Arverni ou Arvernus, du nom de la celèbre tribu des Arvernes. Mais un nouveau changement s'amorce à partir du IXè siècle. Il est alors question de Clarus Mons ou in Claromonte, «Clair Mont» pour désigner la ville haute, éclairée par les premiers rayons du soleil.

 

  Né d'une volonté de manifester la fidélité à Rome, de faire allégeance aux conquérants, les noms du type Augustonemetum ont-ils été réellement utilisés ? Il est permis de serieusement en douter. De fait, la persistance des noms de peuples gaulois montre que ces noms créer de toute pièce par l'administration n'étaient pas (ou très peu) ancré dans l'usage. Mais l'histoire récente nous en fournirait bien d'autres exemples. Ainsi, au XIXè siècle, la plupart des toponymes crées par l'administration coloniale était méconnus (ou refusés) des populations locales. Seuls les fonctionnaires en avaient l'usage.

 

Sources : Stéphane Gendron, L'Archéologue N°106 - www.lexilogos.com

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 19:14

  Les sources écrites mérovingiennes fournissent des informations sur les échanges, dont les modalités et la nature peuvent aujourd'hui bénéficier de l'apport de l'archéologie.

  L'étude de la répartition géographique de types d'objets que l'on peut attribuer à un même atelier, notamment en raison de décors issus des mêmes matrices, permet d'identifier des échanges à caractère strictement local ou infra-régional (telle la céramique) ou inter-régional (la plupart des bijoux et accessoires vestimentaires venus de fonderies, ainsi que la verrerie).

  D'autres types d'objets, en particulier importés de Méditerranée orientale, illustrent l'existence de courant d'échanges à longue distance : ainsi ces bassins et ces pichets de bronze moulé du VIIè siècle dont la diffusion significative en Italie, en Allemagne du sud (tout au long du cours du Rhin), en Gaule (vallées de la Saône et de la Seine), en Angleterre (bassin de la Tamise), correspond aux voies commerciales terrestres et fluviales traditionnelles.

  Grâce aux textes, mais aussi à l'archéologie (tissus conservés dans les reliquaires, denrées Dolia-et-amphoresalimentaires exotiques), l'importance du commerce méditerranéen est bien connue à l'époque mérovingienne, où des bateaux de commerces orientaux, escortés au VIè siècle par la flotte de guerre byzantine en raison de la piraterie vandale accostaient à Marseille, Fos-sur-Mer, ou Narbonne, chargés d'étoffes précieuses, de parfums, d'épices, d'amphores remplies d'huile d'olive ou de vin. Ces denrées et marchandises étaient acheminées dans toutes les villes de la Gaule et jusqu'aux ports de la mer du Nord où, une partie d'entre elles, surtout à partir du VIIè siècle, étaient exportées vers les mondes insulaire et scandinave. Ceux-ci en échange fournissaient le continent et le monde méditerranéen en fourrures mais aussi en esclaves.

  Attesté par les textes, les ports de Quentovic et de Dorestad, aux Pays-Bas (les installations portuaires ayant été révélées par l'archéologie) constituaient les plaques tournantes de ce commerce septentrional.

 

Source : Dictionnaire des Francs, les temps Mérovingiens. Pierre Riché éd. Bartillat

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