Les romains appelaient le coq : gallus, nom qui avec une majuscule désignait un habitant de la Gallia, de la « Gaule », un gaulois donc. Au Moyen Âge, les Anglais et les Allemands, se souvenant du double sens latin de gallus, ont par dérision associé le coq, volatile réputé orgueilleux, prétentieux et vaniteux, aux français, lesquels ont assumé la comparaison, et adopté le coq comme image de leur fierté nationale.
Mais c’est surtout à partir de la révolution de 1789, que le coq gaulois s’est imposé comme symbole de la France, pour remplacer la fleur de lys, qui était l’emblème de la monarchie déchue.
En ancien français, le coq était appelé jal (ou gal, ou jau), mot issu du latin gallus. Mais, à partir du XIIe siècle, jal a été concurrencé et peu a peu éliminé par coc et coq, nom qui a très probablement été formé à partir d’une onomatopée. On sait qu’en latin l’onomatopée imitant le chant du coq était coco coco...
On a aussi retrouvé la trace, en latin tardif, du coccus, autre onomatopée, évoquant le caquettement de la poule. Mais, par ailleurs, en latin classique, le terme coccum désigne une couleur « rouge écarlate », comme la crête du coq : y a-t-il un rapport entre coccum et coq ? C’est possible, auquel cas le coq que serait un cousin de la coccinelle, insecte qui doit son nom à la couleur écarlate de ses ailes.
Quelle que soit son origine, le mot coq, dès lors qu’il s’est imposé en français, a donné naissance à une famille de mots nouveaux, parmi lesquels coquerycoq, puis coquerico, pour désigner le cri du coq. Car, jusqu’au XIXe siècle, dans les basses-cours françaises, les coqs poussaient des coquericos sonores, et ce n’est que dans les années 1860 que les coquericos sont devenus des cocoricos…
Coquerico, l’ancien cri du coq, avait une variante, coquelicoq : ces deux mots, à partir du XVIe siècle, ont été également employés pour désigner une fleur des champs aux pétales rouges vifs, ressemblant à la crête d’un coq ; cette fleur, qui jadis était un coquerico ou un coquelicoq, est aujourd’hui appelé le coquelicot.
Au Moyen Âge, le coq, augmenté du suffixe péjoratif -ard, a donné le nom cocard ou coquard, lequel a d’abord désigné un « vieux coq », puis a pris un sens figuré, inspiré par l’allure et par le comportement du coq se pavanant dans la basse-cour au milieu des poules : ainsi, un coquard est devenu un « homme sot prétentieux », et l’adjectif coquard, a qualifié une « personne sotte et vaniteuse ».
L’adjectif coquard n’est plus guère utilisé aujourd’hui, mais deux de ses dérivés en revanche sont toujours bien vivants : le nom cocarde et l’adjectif cocasse. Commençons par la cocarde : ce nom, à partir du XVe siècle, a désigné, dans l’expression coiffée à la cocarde, une coiffe ornée de plumes de coq ou de rubans, et ressemblant à une crête de coq. Puis, au XVIIIe siècle, une cocarde est devenue un « nœud de ruban » décerné aux soldats comme décoration militaire, et un « un signe, généralement rond, que l’on porte en signe de ralliement à un parti politique » : ainsi, durant la Révolution française, certains portaient la cocarde blanche des royalistes et d’autres la cocarde tricolore (bleu, blanc, rouge) des révolutionnaires.
C’est au XVIIIe siècle également qu’est apparu, par déformation de coquard, l’adjectif cocasse : il qualifie « ce qui est d’une bizarrerie ou l’extravagance comique », « ce qui est d’un ridicule qui fait rire », comme le coq vaniteux et fanfaron, faisant de l’esbrouffe parmi les poules.
Dans la famille du coq, on trouve aussi le diminutif coquet, qui à l’origine a servi à nommer un « petit coq » ou un « jeune coq », avant de prendre, au XVIIe siècle, un sens figuré : un coquet devient un « homme qui cherche à plaire, à séduire ». À cette époque également, la coquette, version féminine du coquet, entre en scène : en effet, au théâtre, dans certaines comédies, on prend l’habitude de parler de la coquette ou de la grande coquette pour désigner le principal rôle féminin de séductrice et d’intrigante dans certaines comédies.
Employé comme adjectif, coquet, coquette qualifie, au XVIIe siècle, « celui ou celle qui cherche à plaire », et la coquetterie est le « souci de plaire ». C’est au XVIIIe siècle que ces mots prennent leur sens moderne : coquet, coquette signifie alors « qui a le goût des vêtements élégants, des belles toilettes et parures » ou « qui a le souci de plaire par sa mise, sa manière, ces attitudes, son esprit » et la coquetterie devient le « goût de plaire par ses vêtements, sa mise ».
Source : Virgule N° 86