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2 juin 2014 1 02 /06 /juin /2014 06:34

À la fin du IIIème siècle, Maximilien Hercule envoya à Agaune (aujourd’hui en Suisse) une légion venue de Haute Égypte pour renforcer l’armée impériale qui allait combattre en Gaule.

Le défilé rocheux d’Agaune était un endroit stratégique, conduisant au Grand Saint-Bernard et permettant de franchir les Alpes.

La légion était composée de chrétiens. Elle avait à sa tête un dénommé Maurice. Arrivé sur les lieux, Maurice reçu l'ordre de tuer les habitants récemment convertis au christianisme, d’une ville située aux abords d’Octodure (Martigny). Ce copte, fidèle à sa foi, refusa catégoriquement de ce livrer à un tel crime.

L’ordre fut alors donné de massacrer Maurice, ces officiers Candide et Exupère, ainsi que tous leurs soldats.0208c.jpg 

                          Le Martyre de Saint Maurice par Le Greco

               Peinture sur toile (1582) - Escurial, Monastère de San Lorenzo


 0208.jpg 

 

En 515, Sigismond établit officiellement à Agaune, une abbaye vouée à la laus perennis, la louange perpétuelle de Dieu, et aux cultes de Saint-Maurice et des martyrs de la légion thébaine. Auparavant, une basilique avait été fondée sur cet emplacement par Théodule, évêque du Valais qui, d’un songe, avait vu l’endroit où, reposaient les dépouilles de Maurice et ses compagnons.

Protégé par les souverains burgondes, les papes et les comtes de Savoie, l’abbaye reçut en don de précieux reliquaires qui constituèrent un trésor exceptionnel. Saint patron du Saint Empire romain germanique, saint-Maurice fut vénéré au Moyen Âge par les plus grands souverains d’Occident, pour lesquels il offrait le modèle idéal du chevalier chrétien.

Les pièces les plus spectaculaires du trésor sont celles du premier millénaire, qui n’ont plus d’équivalent en France pour les périodes mérovingiennes et carolingiennes. Parmi celle-ci, le vase dit de Saint-Martin, qui servit de reliquaires au sang des martyrs thébains, offre un rare exemple d’orfèvrerie de la période mérovingienne : il s’agit d’un magnifique vase de Sardoine antique qui fut remonté, probablement au début du VIème siècle, avec une monture de grenats cloisonnés réhaussé de saphirs et d’émeraudes.Vase St Martin

On trouve également une représentation de la scène du martyre de candide, reproduite sur la partie inférieure d’une magnifique pièce de métal représentant le beau visage (idéalisé) du saint.st-candide-face.jpg

 

 
Source : Grande Galerie, le journal du Louvre N° 27
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30 septembre 2013 1 30 /09 /septembre /2013 07:33

Ces estampes font parties de la série de grands albums reliés contenant des portraits gravés et provenant du cabinet de gravures constitué par Louis-Philippe, duc d'Orléans puis roi des Français. La constitution des albums s'est étendue pendant plus de vingt-cinq ans et était conservée au Palais-Royal. Sur les 114 volumes dont on garde la trace, 75 sont aujourd'hui conservés à Versailles dont 65 seulement contiennent des gravures - près de 16 500. Les albums furent ensuite conservés au manoir d'Anjou, près de Bruxelles, dans la collection d'Henri d'Orléans comte de Paris, puis, lorsqu'en 1948 le prince et sa famille quittèrent la Belgique pour se fixer au Portugal, les volumes furent mis en vente publique à Bruxelles. A la demande de Charles Mauricheau-Beaupré, le comte de Paris accepta de retirer les volumes et les vendit au château de Versailles pour 1 200 000 Francs.

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Mérovée IIIè Roy de France il succéda à Clodion.

Il eut la la fortune fort favorable. La mort d’Honorius mit l’empire romain en confusion. Le Roy profita des ces désordres. Il passa le Rhin prit Treves et Strasbourg et se rendit maître des meilleurs place de la Champagne. Aetius fut envoyé pour s’opposer à la furie de ce torrent mais il fit alliance avec Mérovée son ennemi pour en combattre un autre. C’était Attila, Roy des Huns et surnommé le Fléau de Dieu lequel était venu avec cinq cent mille hommes pour abattre l’excessive grandeur romaine. Il avait déjà assiégé Orléans, ils s’avancèrent vers cette ville et firent lever le siège, poursuivirent leur ennemi jusque dans les plaines de Châlons-en-Champagne, là, on donna bataille et le combat fut si cruel, où Attila y perdit 180 mille hommes après laquelle perte il se retira en Panonie à présent Hongrie. Mérovée ne fut pas satisfait, il voulut entrer plus avant dans les Gaules, et le chemin lui en fut ouvert par la mort d’Aetius, que Valentinien fit mourir. Il s’enfonça donc dans le pays, perça jusqu’à la rivière de Loire, prit Orléans, Sens, Paris et toute les villes et places circonvoisines. Ce fut pendant son règne que la Gaule changeant de nom fut appelée France. Il régna 9 ans et quelques mois. Léon le Grand étant pontife de Rome et Léon empereur d’Orient.

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Mérovée _ Surnomé le hardy 3è Roy de France il mourut l’an 458 appres avoir régné 10 ans.

Ce hardy conquérant, du barbare Atilla seut dompté la valeur et terminer la gloire. La déffaite des Huns, à ce grand Roy fraya un illustre chemin au temple de mémoire.

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16 septembre 2013 1 16 /09 /septembre /2013 08:06

 

Qui sont les Gaulois ? La question intrigue les savants, les dirigeants et – dans une moindre mesure – la population tout au long du XIXe siècle. Ainsi en va-t-il de Fernand Cormon (Fernand-Anne Piestre, 1845-1924), qui signe ces trois œuvres en 1897. Cet artiste, spécialisé dans la peinture historique et militaire, a également séjourné en Algérie et brossé sur le vif des tableaux mêlant souci ethnographique et tradition orientaliste. Peintre souvent sollicité par l’État français, ses ministères et ses musées, Cormon reçoit en 1893 une importante commande de la part du Muséum d’histoire naturelle. La série de toiles représentant les progrès de l’humanité capitalise l’influence officielle du peintre, mais lui permet aussi d’exprimer sa vision particulière des origines de l’Homme, saisi dans toute sa dimension physique et la primordialité de ses besoins et de ses attitudes.0110
 

L’humanité gauloise


Les trois esquisses de Fernand Cormon, de grand format pour des dessins, représentent les personnages au plus près, sur fond de paysage naturel, quasi éternel, avec une touche spontanée aux contours flous. Dans La pêche, le décor de montagnes se devine à peine à l’arrière-plan, la composition propose à l’œil un parcours en zigzag. La roche qui plonge dans l’eau offre un mur de scène efficace qui renvoie le regard aux deux premiers plans – terrestre et aquatique. L’absence du produit de l’effort (poissons) permet d’illustrer à la fois la maîtrise de techniques primitives – navigation en barque, filets tressés tirés à la force des bras, habits crus protégeant plus que vêtant – et la faiblesse de l’humanité balbutiante face à la nature toute-puissante. Contemplative et énigmatique, la figure centrale féminine, debout à côté d’un enfant nu, absente à l’action en cours, parée et translucide de blancheur, donne une touche poétique inattendue à l’ensemble.0111
La structure également en zigzag de L’agriculture, élaborée sur trois plans, se charge d’une tonalité plus bucolique. Dans le quart supérieur du tableau, l’horizon laiteux n’est cette fois barré d’aucun obstacle, nous sommes dans une plaine agricole quasiment sans arbres – alors qu’un cliché de l’époque voulait que la Gaule ait été couverte de forêts denses. La force déployée est à présent animale : au troisième plan, quatre bœufs tirent la charrette, deux autres paissent au second plan. Au premier plan, un cavalier armé d’une lance et d’une épée et aidé d’un chien à l’affût surveille toute l’opération. La nature (animaux et terre) est désormais domestiquée, appropriée et source de richesse, donc d’envie.0112.jpg
La composition verticale du dessin Le bronze et le fer emploie le même procédé pour décrire l’âge industriel, l’âge de la transformation des produits du sol. Le paysage réduit est intensément peuplé, marqué de la présence de l’homme qui s’active sans relâche et occupe quasiment tout l’espace. Là aussi, un personnage légèrement décalé (à droite) se fait spectateur de l’action. Dans son dos, deux fourneaux constamment entretenus permettent la fusion du métal ; devant lui, écho inconscient à l’image socialiste de l’ouvrier forgeron, un homme et une femme, concentrés sur leur tâche, unissent leurs forces pour donner forme au métal.

 

 

De l’origine de la nation France

Les trois œuvres commentées ici constituent les dernières esquisses (conservées au Petit Palais), réalisées un an avant l’achèvement de la série peinte (1898). La pêche, très proche du tableau final Les Pêcheurs, évoque ainsi l’âge de la pierre polie, au bord d’un lac alpin (Suisse). L’agriculture, plus éloigné des Agriculteurs puisqu’y manque la distribution du pain aux cultivateurs, doit fixer l’image de l’âge du bronze pour le visiteur du musée. Enfin, Le bronze et le fer (Atelier gaulois) offre plus précisément un aperçu de la période gauloise, spécifique dans la préhistoire ainsi rattachée à l’histoire par Cormon. Ces trois étapes distinctes du développement de l’humanité, qui culminent dans la civilisation gauloise, tracent une ligne continue depuis l’apparition de l’hominidé bipède jusqu’aux ancêtres des Français contemporains. Cormon développe une vision positive du rapport de l’homme à son environnement, positiviste du progrès dans la maîtrise de la nature et dans la constitution de la société, patriotique de l’enracinement d’une civilisation sur le territoire de la France.

Si les historiens comme Amédée Thierry ont tendance à opposer les Gaulois aux Francs, les archéologues parviennent enfin à opérer la distinction avec les hommes de l’âge néolithique, qui ont légué dolmens et menhirs. L’identité de cette civilisation de la fin de l’âge du fer demeure floue, notamment du fait de l’absence de culture écrite et surtout de monuments remarquables. Les Gaulois se fondent dans l’identité celte, étendue pendant tout un millénaire sur l’ensemble de l’Europe occidentale et centrale ; ou on voit en eux la souche originelle, quasi mythique, des Français actuels. Pas plus que les régimes antérieurs, la IIIe République ne parvient à résoudre la tension entre actualisation des connaissances sur un peuple méconnu et revendication d’essence patriotique d’une France primordialement unie, ayant subi l’invasion et la défaite, mais ayant su résister, se relever et se perpétuer à travers les âges.


Source : www.histoire-image.org - Auteur : Alexandre SUMPF

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4 septembre 2013 3 04 /09 /septembre /2013 17:39

Une tradition bien établie veut que ce sarcophage fut acquis et apporté d'Italie par le général Jovin pour lui servir de sépulture. Flavius Jovin, général romain d'origine gauloise, né à Reims, fut nommé Maitre de la Cavalerie romaine en Gaule par l'empereur Julien (331-363). En 363, quand Jovien veut le remplacer par un de ses hommes, il est proclamé par ses légions en Gaule, mais il refuse la pourpre et calme la révolte de ses troupes. Jovien, reconnaissant, lui restitue sa charge. Il conserva  donc son commandement sous Jovien (363-364) et Valentinien 1er (364-375). En 366, il battit à plusieurs reprises les Alamans et devint consul l'année suivante ; converti au christianisme il fit construire à Reims l'église des Saints Agricole et Vital où il fut inhumé à sa mort en 370.0119.jpg 

 DESCRIPTION

 

Taillé en marbre de Carrare, à Rome, vers 260 ap. J.C. le sarcophage a l'aspect d'une cuve monumentale quadrangulaire ; destiné à l'applique, seules trois de ses faces sont sculptées : la face principale, frontale, possède un très haut relief parfois proche de la ronde-bosse alors que les petites faces latérales sont traitées en très faible relief. La face principale est encadrée par deux pilastres décorés de rinceaux surmontés de la personnification d'un Fleuve; le pilastre de droite a disparu.

Le thème en est une chasse au lion présentée en deux épisodes ; le Maître de la Chasse, identifié au défunt, occupe le centre des deux scènes. À gauche, la préparation pour la chasse : le Maître en habit militaire, cuirassé portant la main à son glaive, debout, est entouré de valets qui l'aident à s'équiper; l'un coiffé d'une sorte de bonnet phrygien tient son cheval par la bride alors qu'un second, en arrière plan, semble lui tendre une pièce de vêtement. Au premier plan; un jeune enfant presque nu porte son casque.

À droite, se déroulant sur les deux tiers de la surface, se situe la scène de chasse elle-même: le Maître, ayant recouvert sa cuirasse d'une tunique à manches longues, monté sur un cheval cabré, transperce d'un coup de lance un lion qui assaille un valet tombé à terre; en arrière plan, un valet également à cheval prête main forte au Maître alors que deux autres valets à pied s'écartent du fauve. Entre les jambes des personnages, apparaissent, pêle-mêle, des trophées de chasses (cerfs, sangliers, etc ... ) et des chiens de meute.

Les deux scènes sont à la fois séparées et liées par la présence d'un personnage féminin casqué et armé qui est la personnification de la Bravoure. Cette figure qui marque ainsi le passage entre la scène du départ et celle de la chasse, permet, d'autre part, de conserver une unité narrative et plastique à la frise car elle procède des deux scènes à la fois.0118


INTERPRÉTATION DE LA SCÈNE SCULPTÉE

 

La chasse au lion est une allégorie mythologique très prisée dans l'art funéraire romain : l'affrontement de l'homme et du lion doit être compris comme l'épreuve du défunt face à la Mort; le triomphe sur cette dernière est conforté par la présence, aux côtés du héros, de Virtus, déesse guerrière que l'on peut considérer comme l’incarnation de la Force morale, de la Bravoure ou de la Vaillance du défunt. Ce thème fut repris par la suite, dans l'iconographie chrétienne où le lion devint l'instrument de l'épreuve du Jugement Dernier.

 

Source : Musée Saint Rémi de Reims _ Biographie universelle ou dictionnaire historique, vol. 3 

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20 juin 2013 4 20 /06 /juin /2013 14:33

Ville romaine en Gaule saccagée par les hordes d’Attila, par George-Antoine Rochegrosse 


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Cliquez ici pour voir le tableau en couleur et en détail 

 

Voir l'article sur Attila sur le Blog de Lutèce

 


Georges-Antoine Rochegrosse est né à Versailles le 2 août 1859 et est mort en Algérie en 1938.

Au début de sa carrière il pratique la peinture d'histoire et s'essaye au symbolisme. Puis il se tourne vers l'orientalisme en découvrant l'Algérie où il s'installe en 1900. Après la mort de son épouse, il s'illustrera dans la peinture religieuse.

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22 mai 2013 3 22 /05 /mai /2013 19:50

284.jpg                                         Huile sur toile réalisée vers 1900. Collection privée.

 

Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent le gui est rare sur les chênes. Aussi n’en est-il que plus précieux. Ce parasite aérien toujours vert est l’objet d’une vénération particulière chez les Celtes qui le considèrent comme un attribut ou même un avatar d’une divinité importante. On dit que les druides utilisent pour sa cueillette une serpe d’or. En réalité, cela est peu probable car l’or est un métal mou. Les serpes sont donc plutôt en bronze ou en fer recouvert d’or. L’or représente le soleil et la faucille le croissant lunaire. Le gui est recueilli dans un linge blanc, et le druide porte une robe blanche, couleur sacerdotal. Il est cueilli le sixième jour de lune, moment où la force du rayonnement lunaire est dans une phase ascendante. Ce même jour, les druides sacrifient deux taureaux blancs, très jeunes puisque « leurs cornes sont unies pour la première fois » (Pline). C’est alors la communion des êtres et des choses (animaux, végétaux, minéraux).


Le gui possède également pour les Celtes des vertus thérapeutiques. Ils pensent que, mélangé à une potion, le gui est un remède à la stérilité. Si l’on regarde la signification de ce mot dans les différents dialectes, on remarque qu’il signifie « qui guérit tout » en irlandais (uileiceadh) et Gallois (oll-iach). En breton-armoricain il signifie « haute branche » (uhelvarr) et signifiera par la suite « eau de chênes » au XVIIIe siècle (deur derhue), le chêne étant la représentation des divinités.

 

Présentation d'Henri Paul Motte ici.

 

Source : www.arbre-celtique.com

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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 05:48

 Cette mosaïque découverte à Bordeaux en 1876, rue Père-Louis-de-Jabrun, est composée de terre cuite, calcaire et de marbre et pourrait dater du VIè siècle.

 

Ce pavement de mosaïque de taille impressionnante ornait plutôt une galerie que la salleP1050063.JPG de réception d’une habitation urbaine (domus), car on a retrouvé en bordure d’un des longs côtés un aménagement avec une base de colonnes en marbre encore en place. Lors de sa découverte la mosaïque mesurait plus de 10 m de longueur, mais les mauvaises conditions de conservation (sols vaseux et instables) n’ont pas permis à l’époque d’en déposer l’intégralité. Elle se prolongeait encore considérablement au sud sous les maisons actuelles, non loin de l’extrémité du port antique qui pénétrait profondément dans la ville. De l’autre côté, au Nord, d’autres pavements de types très différents appartenant à la même demeure ont été découverts en 1973-1974 lors de fouilles sous l’îlot Saint-Christoly. On peut imaginer l’impression grandiose ressentie à l’époque par les visiteurs qui, fraîchement débarqués du port, s’arrêtaient chez ces riches propriétaires installés au cœur de la ville antique…

Le tapis de la mosaïque reprend une composition d’octogones entourés de carrés séparés entre par des losanges. Comme le reste du pavement, les interstices sont complets de motifs géométriques (pavés carrés, demi-roses, losanges et écoinçons) extrêmement colorés dont l’influence africaine se fait nettement sentir, notamment la Tunisie (station thermale antique de Djebel Oust). Les couleurs dominantes sont le blanc, le noir, le rouge, le jour de verre. Elle est encadrée d’une frise à dents de loups et terminée sur un côté par une élégante frise de rinceaux à feuilles de lierre, rare en Aquitaine.P1050066.JPG

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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 19:56

 

Ville romaine bâtie aux pieds des Alpes dauphinoise quelque temps après la conquêtes des Gaules (1870) - Octave Penguilly l'Haridon


Huile sur toile (Hauteur 1.31 - Largeur 2.08) exposée au Musée d'Orsay (Paris)


penguilly-l-haridon3.jpg

 

Le contraste entre deux civilisations

 

Le titre du tableau nous apprend que la scène se passe dans la Alpes dauphinoises, chez les Allobroges. Sur la même image deux civilisations cohabitent. Une étendue d’eau délimite deux mondes. Sur fond d’altières montagnes à l’arrière-plan, se dresse une orgueilleuse cité[1] dotée d’un temple, juché sur un éperon rocheux, alimenté par un aqueduc, ceinte d’une muraille scandée de tours, percée d’une porte ponctuée de deux arcades, accessible par une rampe maçonnée ornée à son extrémité de lions sculptés monumentaux[2].

Sur l’autre rive, au premier plan, une barque, tirée sur le rivage et amarrée, est à quelques pas d’une simple hutte qui se fond dans la nature, construite de bois et de torchis, couverte de chaume, percée d’un trou central pour la fumée du feu, et desservie par un chemin de terre battue. Dans cette hutte vit une famille de Gaulois. Assis sur un tronc d’arbre près d’une barque, l’homme, à la fois passeur et pêcheur, vêtu de braies et de peaux de bêtes, ravaude un filet, outil de travail et moyen de subsistance, tandis que la femme s’occupe des enfants[3], l’un tenu par la main, l’autre assis sur le seuil de la cabane. C'est un peu le petit village gaulois qui résiste aux romains, sans Astérix.

 

Le heurt de deux mondes

 

Suivi de deux soldats des cohortes dalmates, armés d’un bouclier rectangulaire et de deux javelots, un centurion, coiffé d’un casque à aigrette rouge, portant cuirasse, tenant dans sa main gauche un bâton de commandement, semble enjoindre de son index droit, en un geste impérieux[4], au gaulois chevelu de prendre sa barque, de traverser la rivière et ainsi de ne plus vivre en marge de la nouvelle société.

Le mode de vie ancestral de ce passeur, reposant sur la cueillette et la pêche, ne sera bientôt plus de saison. Sa modeste cabane, habitat isolé et précaire, semble condamnée à s’effacée devant la grandiose érection d’une ville de pierre. Ce Gaulois va devoir s’adapter à la civilisation urbaine conquérante.

De nombreux arbres portent un feuillage roux, signe d’automne – l’automne de cette civilisation celte qui va renaître au printemps, fécondée par le génie latin. Voici venu le temps de la culture latine…

 


[1] P1040704
 [2]  Lions
 [3]  P1040707.JPG
 [4]  P1040706


 

Octave Penguilly l'Haridon est né à Paris en 1811 et y est mort en 1870. Bien que né dans la capitale, Penguilly l'Haridon est originaire de Pleyben (Finistère). C'est pendant qu'il suit une formation d'officier, qu'il reçoit des cours de dessins. Artilleur, il est nommé en 1854 conservateur du musée de l'Armée. Il peint en 1857 un épisode de la guerre de Succession de Bretagne, le Combat des Trentes, avec une grande minutie de détails. Il expose au Salon de 1870 sa Ville romaine, acquise par l'État et envoyée au musée des Antiquité nationales de Saint-Germain-en-Laye, que Napoléon III a inauguré en 1867, afin de mettre en valeur les origines gauloises de la France.

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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 06:44

178.jpg

« La Gaule unie, formant une seule nation, animée d'un même esprit, peut défier l'univers. »

 

César prêté la formule à Vercingétorix, Napoléon III l'a fait graver en 1865 sur le socle de la satue d'Aimé Millet, sculpteur graveur, médailleur et peintre français, né à Paris le 28 septembre 1819 et mort le 14 janvier 1891, qui domine le village d'Alise-Sainte-Reine en Côte-d'Or en Bourgogne.

 

La statue constitué d'un socle en granit de Saulieu et en pierre de Pouillenay de 7 mètres de hauteur, dessiné par Eugène Viollet-le-Duc porte un bandeau de bronze sur lequel se trouve la phrase qu'aurait prononcé Vercigétorix devant ses troupes à Avaricum, puis en dessous : « Napoléon III, empereur des Français, à la mémoire de Vercingétorix ».


La statue quant à elle est haute de 6,60 m. Elle est creuse et formée de tôles de cuivre179 battues et repoussées fixées sur un bâti de poutrelles comme la statue de la Liberté de New York. Elle a été construite à Paris et exposée au palais de l'Industrie lors du Salon de 1865 puis transportée et installée le 27 août 1865 à l'extrémité Ouest du mont Auxois, dominant le champ de bataille.

Vercingétorix est représenté d'une façon romantique, présenté comme un archétype de ce que les Français de l'époque connaissaient ou imaginaient du gaulois : moustaches tombantes, longs cheveux hirsutes, attitude morne (visage emprunté à Napoléon III et qui exprime la résignation après la défaite) et collier de perles. De nombreux anachronismes dans son vêtement et ses accessoires apparaissent aujourd'hui à la lumière de nos connaissances archéologiques, notamment le collier de perles de pure fantaisie, les bandelettes qui enserrent ses braies appartiennent au début du Moyen Âge ou son épée et sa cuirasse qui sont copiées sur des modèles de l'âge du bronze soit plus de 500 ans antérieurs à l'époque de Vercingétorix.

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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 05:58

Le Pont du Gard - Hubert Robert . Huile sur toile . 2,42 x 2,42 m. Détail 1787.Pont-du-gard-hubert-robert-1786

Hubert Robert est un peintre d'architecture et de paysages, né à Paris en 1733, mort à Paris en 1808. De bonne famille bourgeoise, il fit de solides humanités au collège de Navarre, ou il compta parmi les meilleurs élèves de l'abbé Batteux. Nourri de bonne heure dans l'amour des lettres et de l'Antiquité, il passa des bancs de l'école dans l'atelier du sculpteur Michel-Ange Slodtz; mais il y apprit surtout à dessiner, négligeant la sculpture, et partageant ses goûts entre la peinture, l'archéologie et l'histoire.

Peintre-archéologue, voilà ce que fut Hubert Robert, et ce qu'il voulut être dès ses premiers pas dans la carrière. De 1753 à 1765, il parcourut l'Italie, recueillant des documents, prenant force croquis d'après nature, et enrichissant ses cartons d'une collection abondante d'esquisses pittoresques qui devaient plus tard alimenter sa verve. On était en plein enthousiasme de l'Antiquité romaine, lorsque Robert rentra à Paris. Déjà connu des amateurs et des artistes par les dessins qu'il avait envoyés, il eurent tout de suite la faveur du public.

 

 

Les ouvrages les plus justement célèbres de Hubert Robert sont : le Colisée de Rome, le Pont du Gard, les Catacombes de Rome (s'étant égaré en visitant, ces catacombes, il avait failli y périr : c'est cette terrible situation qu'il a représentée dans ce tableau), le Tombeau de Marius, la Vue des arènes de Nîmes, la Maison carrée de Nîmes, le Temple de Vénus, l'Incendie de l'Hôtel-Dieu de Paris, etc., les six tableaux dont il avait décoré le château de Méréville, vendus en 1900 (quatre achetés par un musée de Chicago), et les tableaux suivants, que possède le musée du Louvre : L'Arc de triomphe d'Orange, le Temple de Jupiter à Rome, Temple circulaire surmonté d'un pigeonnier, Sculptures rassemblées sous un hangar. (G. Cougny)


 

        Le pont du Gard    Stendhal, Mémoires d’un touriste  Pauvert, 1955

 

Profitant d’une nuit de pleine lune, un touriste nommé Stendhal a quitté Nîmes pour Remoulins. Le 3 août 1837 au matin, il est installé à l’ombre, sous une arcade du pont du Gard.

Vous savez que ce monument, qui n’était qu’un simple aqueduc, s’élève majestueusement au milieu de la plus profonde solitude.

L’âme est jetée dans un long et profond étonnement. C’est à peine si le Colisée, à Rome, m’a plongé dans une rêverie aussi profonde.

Ces arcades que nous admirons faisaient parties de l’aqueduc de sept lieues de long qui conduisait à Nîmes les eaux de la fontaine d’Eure ; il fallait leur faire traverser une vallée étroite et profonde ; de là le monument.

On n’y trouve aucune apparence de luxe et d’ornement : les Romains faisaient de ces choses étonnantes, non pour inspirer l’admiration, mais simplement et quand elles étaient utiles. L’idée éminemment moderne, l’arrangement pour faire de l’effet, est rejetée bien loin de l’âme du spectateur, et si l’on songe à cette manie, c’est pour la mépriser. L’âme est remplie de sentiments qu’elle n’ose raconter, bien loin de les exagérer. Les passions vraies ont leur pudeur.

Trois rangs d’arcades en plein cintre, d’ordre toscan, et élevées les unes au dessus des autres, forment une grande masse qui a six cent pieds d’étendue sur cent soixante de hauteur.

Le premier rang, qui occupe tout le fond de l’étroite vallée, n’est composé que de six arcades.

Le second rang, plus élevé, trouve la vallée plus large, et a onze arcades. Le troisième rang est formé de trente-cinq petits arcs fort bas ; il fut destiné à atteindre juste au niveau de l’eau. Il a la même longueur que le second, et porte immédiatement le canal, lequel a six pieds de large et six pieds de profondeur. Je ne tenterai pas de faire des phrases sur un moment sublime, dont il faut voir une estampe, non pour en sentir la beauté, mais pour en comprendre la forme, d’ailleurs fort simple et exactement calculée pour l’utilité.

Par bonheur pour le plaisir du voyageur né pour les arts, de quelque côté que sa vue s’étende, elle ne rencontre aucune trace d’habitation, aucune apparence de culture : le thym, la lavande sauvage, le genévrier, seules productions de désert, y exhalent leurs parfums solitaires sous un ciel d’une sérénité éblouissante. L’âme est laissée toute entière à elle-même, et l’attention est ramenée forcément à cet ouvrage du peuple-roi qu’on a sous les yeux. Ce monument doit agir, ce me semble, comme une musique sublime, c’est un événement pour quelques cœurs d’élite, les autres rêvent avec admiration à l’argent qu’il a dû coûter.

Comme la plupart des grands monuments des Romains, le pont du Gard est construit en pierre de taille posée à sec sans mortier ni ciment. Les parois de l’aqueduc sont enduites d’un ciment qui se conserve encore. Une fois j’eus le loisir de suivre cet aqueduc dans les montagnes ; il se divisait en trois branches, et le guide me fit suivre ses traces dans une longueur de près de trois lieues ; le conduit étant souterrain a été mieux conservé.

Le Gardon passe sous le pont du Gard ; et comme souvent il n’est pas guéable, les états du Languedoc firent bâtir, en 1747, un pont adossé à l’aqueduc. Au dix-septième siècle, on avait essayé de rendre praticable aux voitures le dessus de la seconde rangée d’arcades.

On arrive à l’aqueduc proprement dit, supporté par trois arcades, en gravissant l’escarpement qui borde la rive droite du Gardon.

 

Hubert Robert sur cosmovisions.com

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