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5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 18:10

   Chronique maritale

 

Femme battue et adultère par vengeance. La vie de Tétradie possède tous les éléments d’un mélodrame.

Fille riche et par sa mère « noble », nous dit-on, ce qui signifie qu’elle avait parmi ses ancêtres des sénateurs municipaux ou impériaux, Tétradie va épouser le rejeton d’une illustre famille d’Auvergne,Eulalius. Très grand mariage en perspective. L’époux est assuré d’une belle et haute carrière. Cependant, les parents de Tétradie devrait se méfier avant de livrer leur fille à cet homme et écouter les bonnes gens de Clermont (Averna). Eulalius a mauvaise réputation. Dans sa jeunesse, avant 570, il avait une vie si dissolue que sa mère ne cessait de le réprimander. C’est ce qu’on raconte et l’on ajoute en baissant la voix une monstruosité : le garçon, lacets des remontrances de la vieille dame, l’avait fait taire en l’étranglant. Pour une fois, la rumeur dit vrai. Le cas était si patent que le parricide a été privé de communion par l’évêque Cautin sans même avoir été entendu. Grace à sa puissance et à son esprit pervers, dont seulement Eulalius a fait lever la sanction, mais il a obtenu du roi le comté d’Auvergne et sa part qui n’est pas mince sur les impôts de cette très riche « région » (c’est le terme – regio -qu’on emploie parfois pour l’Auvergne).0227.jpg

Le mariage a donc eu lieu, Tétradie est vite enceinte et elle accouche d’un garçon qui est nommé Jean (Iohannes). Tout semble aller pour le mieux. Pas du tout. Un jour, Tétradie découvre qu’Eulalius se vautre dans le lit de toutes les jeunes servantes. Peut-être endurerait-elle en silence si la débauche de son mari ne commençait à faire jaser à l’extérieur de la maison. Elle se plaint. À la male heure ! Eulalius lève la main sur elle et la roue de coups. Chaque fois qu’elle ose gémir, elle se fait étriller. Pis ! Ce furieux jette l’argent par les fenêtres et il dilapide la dot de sa femme. L’or, les bijoux disparaissent.

Le ménage de Tétradie devient un enfer. Ah, si elle avait épousé Viros ! Il est jeune, beau, vigoureux... et libre. Il vient de perdre sa femme. Mais voilà, Viros elle neveu d’Eulalius. Tant pis. Tétradie se décide à sauter le pas et ne cache pas aux jeunes veuf l’attrait qu’elle éprouve pour lui. Évidemment, les deux jeunes gens ne tardent pas à batifoler ensemble. Adultère. Il n’est pas anodin de remarquer que l’aristocrate de souche gauloise se reconnaît, avec une désinvolture manifeste, le droit de prendre l’initiative en amour.

Est-ce Tétradie qui avance l’idée la première ? Est-ce l’honnête Viros ? Les deux amants décident de... se marier. La bigamie est-elle permise ? Non, mais le divorce l’est. Le roi Gondebaud (480 – 516) qui régnait sur la Burgondie, la région, du Rhône et des Alpes ainsi que la Suisse moderne, l’avait déniché dans le droit romain et intégré dans sa loi (loi Gombette).

Les franks ont trouvé l’institution du divorce à leur goût et l’ont adoptée à la suite de Gondebaud : il suffit aux deux époux de constater la discordia, et c’est le divorce par consentement mutuel. Le mariage étant un contrat, sa rupture ne pose aucun problème si… les deux parties sont d’accord. Est-ce le cas de Tétradie ? Non. Mais elle a vraisemblablement l’idée de répudier son mari par « libelle ». En général, c’est l’épouse qui est victime du procédé, mais pas obligatoirement : au temps de l’Empire (et l’Auvergne est encore imprégnée du modèle romain), des maris rentrant de voyage se sont retrouvés démariés...

L’acte de Tétradie ne semble surprendre personne à Clermont. Profitant d’un voyage du comte, elle prend avec elle son fils Jean, son petit trésor, argent, or, toilettes de prix toutes brodées de brocart, et elle se sauve à Albi.

 -   Dès que possible, j’irai te rejoindre, promet Viros. À Albi, nous nous marierons.

Sur ces entrefaites, Eulalius rentre chez lui, constate l’absence de sa femme, s’informe, apprend qu’il est un mari trompé. Et trompé par son propre neveu. Il part à la recherche de Viros, le repère dans un coin perdu d’Auvergne (« un défilé de montagne »), le surprend et le tue.

 

   La bataille de Carcassonne


À Albi, la nouvelle du meurtre atteint Tétradie. Elle tremble et n’a plus qu’une idée : Eulalius va débarquer. Elle court demander la protection d’un dux de l’albigeois, un chef de guerre issue d’une grande famille gauloise. Son nom : Didier. Lui aussi est un veuf de fraîche date. La jeune femme lui plaît, elle est du même monde et elle est une riche héritière qui possède son trésor. Mariage. Mariage d’apparence conforme aux usages, vite couronné par la naissance d’un enfant, puis d’un autre. Le bonheur conjugal.

De son côté, Eulalius ne reste pas inerte. Un jour de l’été 585, il apprend une visite du dux Didier d’Albi au roi Gontran, et il accourt au palais pour réclamer non sa femme (signe qu’il accepte le divorce) mais le trésor de sa femme. Ignorent-ils donc que la causticité proverbiale des courtisans de tous les temps ? Le mari cocu déclenche les quolibets et doit se retirer piteusement sous les rires. Va-t-il renoncer ?

Tétradie et Didier vont s’établir à Toulouse. En 587, le roi montrant décident de chasser les Goths de la Septimanie (Languedoc – Roussillon moderne) et il ordonna Didier de prendre la tête de l’expédition. Tétradie est angoissée, elle a un mauvais pressentiment. Elle presse son mari. Didier partage ses biens entre Tétradie et ses enfants. Faut-il qu’ils soient inquiets, lui aussi !

Le premier engagement a lieu sous les murailles de Carcassonne. Didier se bat avec sa hardiesse coutumière mais, avouons-le, ce n’est pas un trait fin stratège. Il a plus de courage que de tête. L’ennemi fuit, Didier le poursuit, ils pénètrent dans la ville. Peu de cavaliers l’accompagnent, le gros est derrière car les chevaux sont épuisés. Les Carcassonnais l’entourent, se jettent sur lui, le massacre. À Toulouse, Tétradie n’est plus qu’une veuve sans appui.

 

Les sénatrices

 

À Clermont, Eulalius se frottent les mains. Il est tout-puissant et prépare son affaire pendant trois ans. En 590, ils réclament les biens de Tétradie un tribunal de circonstance qu’il a créée avec trois évêques de sa région, ceux du Rouergue, du Gévaudan et d’Auvergne, et des grands laïcs - il les a choisis, ce sont ses obligés. Dans ces conditions, Tétradie est évidemment condamné. Elle devra verser au comte le quadruple des biens qu’elle avait emportés et qui était sa propriété ! En échange, elle aura l’autorisation de vivre à Clermont et d’y jouir de l’héritage de son père. C’est ce qu’elle fera. Plus jamais l’on entendit parler d’elle.

Indication notable, sans plus, pour l’histoire du mariage : les évêques et les grands décrètent que les enfants que Tétradie a eus de Didier seront adultérins. Décision singulière, disons-le, car le divorce est autorisé par la loi civile et n’a été condamné par aucun concile mérovingien (sauf en cas de maladie d’un conjoint).

Par sa famille maternelle, Tétradie est une sénatrice. Sous les mérovingiens, auparavant, on parle des « sénatrice » de trêves, d’une « sénatrix » marseillaise nommée Arcutamia ou encore de la « sénatrix » Bobila de Cahors. Ces « sénatrices » étaient les filles ou les femmes de « sénateur », c’est-à-dire que leurs ancêtres étaient les patriciens de l’ancienne Gaule qui avait jadis dominé les curies municipales (on disait « sénateur de curie ») et dont les plus éminents siégeaient au Sénat de Rome. Ces femmes de grandes familles apparaissent furtivement dans les textes. Ainsi l’Angevine Amalia, la Provençale Galla, les auvergnates Syagria et Léocadie, Placidine ou Alchime.

Ces familles, depuis l’arrivée des Franks, formaient, non pas une « noblesse » au sens strict, caste close qui se figera au IXème siècle et pour longtemps, mais la classe sociale des gros propriétaires fonciers, une aristocratie qui fournissait au pouvoir ses comtes et surtout ses pontifes. Avec eux l’évanouissement progressif de l’exemple romain, la sénatrice à disparaître pendant la période mérovingienne.

 

Source : Les mérovingienne, Roger-Xavier Lantéri  éd. Perrin

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15 novembre 2014 6 15 /11 /novembre /2014 06:52

Lors de la chute de l’empire romain (Romulus Augustule) en 476, les Francs se sont déjà installés en Gaule, après avoir (comme les Romains l’avaient fait aux Grecs, aux Égyptiens et aux Orientaux) pillé et ravagé les pays vaincus, jusqu’à la conquête du pouvoir par Clovis, roi des francs de 481 à 511.

 

À cette date, le concept de puissance publique n’existe pas encore ; le roi n’est reconnu que si, au gré des conquêtes de nouveaux territoires, il impose aux populations un prélèvement de leurs biens et les partages en récompense avec ses fidèles. Pillage et partages sont les deux piliers de l’identification au chef. Pourtant, les Francs pour les Wisigoths, découvre un oxydants romanisés, ou l’une des règles majeures du droit écrit et la reconnaissance de la propriété privée.

 

La dislocation de l’empire entraîne une désagrégation progressive de l’État et corrélativement de l’administration romaine, alors que symétriquement, en Orient, naissent des états puissants qui vont se doter d’une administration centralisée, dont les ressources proviendront pour l’essentiel de l’impôt (Empire byzantin, Empire des sassanides, Empire chinois...).

 

Pendant ce temps, en Occident, à Clovis se succédèrent des rois mérovingiens célèbrent sous leur nom de « rois fainéants » qui ne se donnèrent aucune peine pour le recouvrement des impôts. À l’époque, les rois tirent leurs ressources financières de l’agriculture et de la terre, par une confiscation de la quasi-totalité du territoire et des hommes qu’il occupe, au mépris de la propriété privée.

 

En pratique, le fonctionnement de l’État mérovingien (puis carolingiens) repose sur une participation directe des habitants, sous forme de corvées ou de prestations obligatoires, au rang desquelles celles du droit de gîte ou de transports issues des obligations d’hospitalité et de la poste imposées à l’époque romaine. Ainsi, un envoyé du roi pouvait exiger, où qu’il se trouve, d’être nourri, logé et de bénéficier de chevaux et voitures ; seule l’église était exempte de cette obligation. En effet, il est interdit aux agents royaux de pénétrer dans les territoires qu’elle possède au contrôle ; dans ce périmètre, l’église seule peut percevoir les ressources du roi.

 

À la fin de l’époque romaine, la puissance de l’église, lui a permis progressivement d'échapper à l’impôt et même d'en accaparer une partie à son profit. Les Évêques sont ainsi des percepteurs et de facto les plus gros collecteurs d’impôts, à telle enseigne qu’à la fin du VIIIème siècle, la vocation des gens de l’église peut être suspectée d’être inspirée davantage par des convictions d’ordre patrimonial que spirituel.0218.jpg

 

Au-delà du privilège de collecteurs, l’église réussie en outre à bénéficier à son seul profit d’un nouvel impôt, la dîme. Cet impôt obéissait aux mêmes principes que celui rencontré au cours de l’histoire, c’est-à-dire le paiement d’environ 1/12e ou 1/13e des revenus, récoltes, fruits... ; elle était perçue en amont des prélèvements seigneuriaux.

 

Progressivement, il s’est agi d’une véritable taxe parafiscale avec affectation spéciale, puisque la dîme comportait quatre parts égales réparties entre :

 

-          l’évêque lui-même ;

-          les Clercs ;

-          l’entretien de l’église ;

-          les pauvres.

 

La dîme rencontra un « grand succès », au point de se généraliser et donner naissance à différentes dîmes : « prédiale », qui portait sur les héritages, « mixte » (sur les fruits du travail et de la terre), « grosse » (blé ou vin...), « menue » (poulet, agneau, cochon...), « verte » (pois, les fèves et les lentilles...).

 

Le Clergé percevait le « casuel », une redevance due lors de la célébration des principaux sacrements (baptêmes, mariages et sépultures).

 

Cette pression fiscale supplémentaire au profit de l’église entraînera des réactions. Ainsi, le roi Clotaire II, père de Dagobert, promulguera en 615 un édits importants, contenant en germe l’idée d’un consentement à l’impôt ; c’est édit dispose que si un cens nouveau est ajouté de manière impie, après enquête et sur réclamation du peuple, il sera réformé. 250 ans plus tard, Charles le chauve (qui instaurera le serment de fidélité féodale) déclare dans l’édit de Pistes (864) que « le consentement du peuple confirmé par le Roi, est tel la loi. »

 

Source : Histoire du droit et de la justice en France, ouvrage coordonnée par Eve François éd. Prat

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26 mai 2014 1 26 /05 /mai /2014 07:30

Le baiser


L’instant solennel du baiser est enfin arrivé. Ah, ce baiser ! On l’appelait encore la « petite bouche » : osculum. Chez les Romains, Ovide lui-même il décelait une atteinte à la chasteté des vierges. À l’époque de Willi, il est entré dans les mœurs. Oh, ce n’est pas un baiser sur la bouche à la façon d’Hollywood ! C’est une simple bise très pudique sur la joue, mais un acte capital.

Afin de protéger la femme de tous les harcèlements sexuels menus et grands dont les Franks étaient coutumiers, la loi salique frappée d’amende les coureurs de tous poils : pressez la main (ou simplement le doigt) d’une femme libre coûtait quinze sols d’or. Si la main de l’audacieux s’égarait au-dessus du coude, c’était trente-cinq sols, si elle avait explorer le sein de la dame, l’amende montait à quarante-cinq sols ! On imagine que voler un baiser était un délit ou... Un engagement.

L’empereur Constantin en 336 avait décrété que c’était un commencement de consommation du mariage. Willi et Dagoulf ont pu trouver la même idée dans le roman grec Les aventures de Leucippe et Clitophon (écrit un siècle et demi auparavant par Achille Tatios) : « la fiancée est déjà épouse par le baiser. » Pour les Mérovingiens, ce baiser furtif est, plus qu’une preuve de tendresse, un acte juridique exprimé de cœur et de bouche. Si Dagoulf était mort avant ce baiser, Willi n’aurait eu droit à aucune compensation. Maintenant, si Dagoulf disparaît pendant la période des fiançailles, la jeune fille gardera la moitié de sa « dotation ».

En tout cas, avec le paiement des arrhes, la signature de grands témoins du libelle de dot, la remise de l’anneau et le baiser, Willi a changé de famille.

Les formalités sont achevées. Chez les aristocrates riches comme Willi, elles sont suivies d’un banquet.

 

Le banquet


Notre informateur ne nous dit rien de la fête qui a, selon la tradition, suivi la cérémonie, mais, dans d’autres poésies, il nous a révélé quelques-uns des plats à la mode et « la charmante incertitude [devant] les mets [qui] se multiplient, se confondent et arrivent de tous les côtés. Lequel attaquait d’abord ? »

Dans un repas solennel comme celui de la jeune Parisienne, on peut servir des asperges bouillies arrosées de miel, des moules, un porc farci dont les quartiers sont « dressés en forme de montagne », en dessert, des crêpes -« de la farine, des eux battus dedans, des dates, des olives » -servies toutes brûlantes encore dans la poêle. Les dames boivent du vin cuit, les hommes ont un faible pour le « vin biturige », c’est-à-dire le Bordeaux, mais le poète, qui s’en désole, note que Dagoulf préfère la bière, une boisson obtenue avec des grains d’orge germés, grillés au feu de bois et macérés longuement dans l’eau.

Un romancier scrupuleux nourrit de tous les textes, de toutes les chartes, de toutes les Vies des Pères, des martyres et des confesseurs, lecteur attentif des miracles et observateurs de leur décor, n’aurait aucun mal à imaginer la scène à partir d’une poussière de détail, à travers des bribes de témoignages ou des comptes rendus de fouilles archéologiques. Il nous montrerait la « salle » (comme disent les Franks dans leur langue) avec les invités qui s’installa table, les esclaves, les vieux serviteurs portant fièrement la calotte ronde des affranchis, l’orchestre avec les joueurs de tibia et les harpistes qui commencent à zonzonner. Mais nous n’avons aucune indication sur le banquet des fiançailles de Willi. Disons simplement que ces festins étaient interminables. Commencés vers neuf heures du matin, ils pourraient se prolonger fort loin dans la nuit. Les jeunes gens avaient coutume de s’y déchaîner, d’y chanter d’« infâmes fescennies », c’était à qui racontera l’histoire la plus salace.

En revanche, notre poète nous révèle que les fiançailles de la jeune Parisienne ont duré un an.

 

Le mariage


Willi a donc quatorze ans lorsqu’elle se marie dans le Poitou. Un mardi soir ou un jeudi à la tombée de la nuit, si la tradition a été respectée. Insistons, c’est une petite cérémonie que le mariage. La famille de la jeune fille offre une dote à la veille des noces, c’est sa contribution au patrimoine du ménage. Puis on rédige un autre acte, la carta traditionis, c’est-à-dire la « charte de la remise de la fille » (traditio puellae), les assistants prennent part ensuite à un banquet, offert cette fois par la famille poitevine. Enfin, coutume ultime, le franchissement du seuil de la chambre. Hymen, Ô hyménée. Curieusement, ce n’est pas dans les bras de son mari que la jeune épousée accomplie ce dernier rite mais porté par un de ses proches parents. Enfin, écrit sans détour notre poète informateur :

_Elle joint son corps à lui dans le lit conjugal, mais plus que son corps, elle lui donne son cœur.

Après la nuit de noces, la jeune Mérovingienne reçoit en échange de sa virginité, selon la tradition des Franks, un « don du matin ». Nous ne savons pas si Willi a reçu un don de son mari poitevin. Par rapport aux fiançailles si importantes, cette cérémonie marque surtout la consommation de l’union.

 

Le mariage est civil


N’y a-t-il donc pas de prêtre, ni aux fiançailles ni au cours de cette cérémonie sommaire0205.jpg ? Non. Si le mariage, en tant qu’institution, intéresse l’église qui égrène interdit et quart d’inceste, il n’est pas encore considéré comme le VIIème sacrement et le mariage religieux n’existe ni chez les Romains, ni chez les Mérovingiens, ni chez les Carolingiens. En 866 encore, le pape Nicolas Ier l’écrira : « la bénédiction nuptiale avec le voile n’est pas nécessaire. Il n’y a d’essentielles que le consentement mutuel entre époux. »

Le mariage est donc civil. Le libelle de dot de Willi a été enregistré à la municipalité aux Gesta municipalia. Mieux : il est conseillé de remplacer le notaire par le premier magistrat de la ville, le defensor, et la cérémonie bénéficie alors d’un lustre officiel.

Dans des familles pieuses comme celle de Dagoulf et de Willi, l’union des jeunes gens a pu être néanmoins couronnée par une bénédiction. Le poète ne nous le dit pas. En ce cas, Willi les cheveux couverts d’un voile rouge, sera allé s’agenouiller avec Dagoulf sous un petit drap blanc – la palla -tendu par quatre témoins. Ainsi faisaient et font les juifs.

 

La vie de Willi


Le mariage est heureux, la conversation des jeunes gens est une fête de bons mots, Willi et généreux et secours les pauvres, mais la première année se passe sans grossesse. La deuxième année, Willi à des espérances et elle a dix-sept ans lorsqu’elle accouche. C’est le moment le plus dangereux de la vie d’une femme du VIème siècle, il est fatal à la petite parisienne qui aimait tant rire.

_ Elle était dans sa fleur et le temps pouvait attendre mais une fin prématurée brisa cette vie décente, nous dit le poète.

Le nouveau-né, un garçon, lui survivra pas et l’écrivain à ce mot terrible : « il était né dans la bouche de la mort. » C’est par le chant funèbre commandé par Dagoulf au poète Venance Fortunat que nous connaissons la petite parisienne à « la silhouette tendre ». Le mari se consolera à la bière. Ce qui lui vaudra plus tard cette apostrophe amicale de notre poète qui était italien et aimait le bon vin : « Que la triste cervoise et les impuretés qu’elle dépose fassent crever Dagoulf. Qu’il en devienne hydropique ! Que celui qui empoisonna ainsi l’eau naturelle ne rafraîchissent son stupide gosiers que de cette désagréable boisson. »

 

Source : Les Mérovingiennes, Roger-Xavier Lantéri  éd. Perrin

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22 mai 2014 4 22 /05 /mai /2014 17:37

La toilette


Notre informateur est muet sur la fête même des fiançailles de la connaît suffisamment pour la raconter. La toilette de Willi d’abord.

Les cheveux sont encore un élément majeur de la parure féminine (ce sont les siècles futurs qui les camoufleront en les accusant d’attiser la concupiscence des mâles). Aux jours ordinaires, la chevelure dénouée de Willi se déploie, ample, sur ses épaules. Aujourd’hui, le rite impose la coiffure à six nattes nouées par un fil rouge. La couleur du0206.jpg mariage n’est pas le blanc comme aux temps modernes mais le rouge. Willi offre donc à ses invités un visage souriant entre des petites tresses blondes ceinturées par un galon brodé d’or, une vitta (elle prononce «houitta »). Ce serre-tête qui ressemble, en plus riche et en plus mince (moins d’un centimètre), à celui que porteront les joueuses de tennis des temps modernes est la coiffure caractéristique de la Mérovingienne. Si Willi suit la toute dernière mode, des boucles en or, triangle incrusté d’une verroterie, pendent à ses oreilles. La tunique de soie brodée de fils d’or est retenue à l’épaule par une petite fibule d’or ou d’airain doré avait haussé d’un grenat. Le col est ouvert sur le devant par une fente verticale. Un très long collier de perles de verre multicolore descend jusqu’à la ceinture. Le soleil fait chanter au poignet la dorure d’un fin bracelet de bronze moulé. Voilà pour le costume et la mode du VIème siècle. Place aux formalités des accordailles.

 

Le « libelle de dot »


la cérémonie doit être publique. Avec les fiancés, avec les parents, il y a ici un notaire. Et des invités qui seront les indispensables témoins. C’est une des grandes coutumes d’origine germanique donnée à la France moderne par les Mérovingiens (avec eux l’audience publique des tribunaux).

Le notaire a déjà couché sur un papyrus ce qu’il nomme le « libelle de dot » (libellus dotis) et il en donne lecture. Willi reçoit une donation de son futur mari. Nous touchons là un bel exemple de fusion des cultures : la « dote du mari » des Germains dont parle déjà Tacite et la « donation avant noces » des Romains se confonde peu à peu dès l’époque de Willi et Dagoulf. Dans cet acte, les témoins sont cités et toutes les clauses révélées. Nous possédons par chance une formule type de ce libelle. Il est bref, quelque cent soixante-dix mots, mais considérable par sa signification juridique. Grâce à ce texte, Willi échappe désormais au sort des concubines. Elle pourra prouver, le cas échéant, qu’elle est une épouse légitime.

Nous ne connaissons pas la dote reçue par Willi. Chez les gens riches du VIème siècle, le fiancé offre une terre, quelquefois une villa, une maison, un moulin, des esclaves ou un troupeau de bœufs, de porcs, de moutons ou de chevaux. Chez les gens modestes, c’est un vêtement. Le code Théodosien ordonnait de mettre par écrit tout ce que le futur mari voulait donner à sa fiancée avant le jour des noces, et naturellement Dagoulf s’y conforma. Cette dot est la propriété personnelle de Willi. La loi ripuaire qui s’applique aux Franks du Rhin spécifie que ces biens reçus par la fiancée « restent à perpétuité entre ses mains », qu’elle peut « en faire ce qu’elle veut, les consommer, les vendre, les échanger, les donner ». En clair, c’est le moyen de subsistance de la femme en cas de décès du mari.

Mais comment faisait donc une épouse pauvre quand sa famille n’avait pas eu les moyens de s’offrir un notaire et du papyrus, ce qui était tout de même le cas le plus banal ? Elle réunissait les témoins qui juraient sous serment qu’elle avait bien été unie légitimement grâce à une donation, qui n’était souvent pour elle que symbolique. Mais ce symbole était si important que le roi de Tolède, Recceswinthe, édictera, quelques décennies plus tard, au VIIème siècle, la loi : « sans dot, pas de mariage. »

À la lecture du libelle, le vrai nom de la jeune fille est apparu Willithéouta. Si le premier élément, Willi, est devenu Guille en français, comme dans Guillemette ou Guilloton, Willithéouta, forme rare qui signifiait « peuple-volonté », n’a pas fait souche. Les Franks avaient le génie de casser leur nom à deux éléments en ne conservant que le premier, et surtout ils adoraient s’appeler par de petits « nom de caresse », Bobo, Dodo, Gogo, Rago, Sata... Comme les Anglo-Saxons modernes qui préfèrent Bill, Bob, Dan, par William, Robert ou Daniel. Suivons la coutume du temps et laissons à notre parisienne son nom usuel de Willi. Qu’elle conservera même après son mariage, car la Mérovingienne (comme la romaine) ne renonce jamais à son nom.

Apparaît aussi l’âge de l’adolescente : treize ans. Là encore des modernes s’étonneront, n’est-ce pas un peu jeune ? Non pour l’époque. Douze ans, treize ans, ce n’est pas exceptionnel pour des fiançailles. On n’en a conclu que les filles étaient nubiles (nuptiabilis) plutôt qu’à l’époque moderne, que la croissance s’achevait plutôt qu’aujourd’hui.

Que se passera-t-il si Dagoulf veut casser les fiançailles ? Il devra verser une indemnité (dite « composition ») de soixante-deux sols d’or et demi. Dagoulf de cassa pas ses fiançailles.

 

Les cadeaux


Chez les Franks traditionalistes, on accompagnait la signature du « libelle de dot » d’un geste coutumier : on jetait un fétu de paille (ou plutôt une baguette) et l’on remettait un objet à la fiancée. Dagoult le Poitevin a sans aucun doute respecter une tradition gauloise en offrant à Willi une paire de chaussures (calciamenta) ou des chaussons fabriqués avec art, damasquinés et décorés par exemple de petites appliques en forme de croissant de lune. Un homme riche comme lui a pu ajouter des bijou. Nul doute que les invités ont reçu aussi des cadeaux, par exemple des friandises. Non pas des bonbons car, en ce temps, le sucre n’avait pas été inventé, mais des gâteaux au miel ou d’autres douceurs.

 

L’anneau de la promesse


Willi tend la main et Dagoulf passe à son doigt un anneau d’or (chez les pauvres, il est de fer). On le nomme annulus fidei, ce qui signifie à la fois anneau de la promesse, de la parole donnée, de la confiance et de la fidélité.

_ C’est le gage de l’union des cœurs, dit un contemporain de Dagoulf et Willi, l’érudit Isidore de Séville.

Que le moderne ne voit pas dans cet « anneau de la promesse » notre bague de fiançailles, il est l’équivalent de notre alliance. C’est la seule bague que reçoit la femme qui se marie. Elle est si importante que les Gotes qui habitent le futur Languedoc n’en portent jamais d’autres.

Remarquons qu’il n’y a pas eu d’échange. Seul Dagoulf a remis un anneau. Juridiquement, cela signifie : « Willi a bien reçu des arrhes. » C’est la confirmation visuelle qu’elle est engagée. Elle conservera jusqu’à la mort quelle que soit l’avenir, en cas même de divorce, de séparation, de répudiation. Si, par inconstance, il prenait au jeune homme l’envie de promettre le mariage à une autre femme, il tomberait sous le coup de la loi (chez les Lombards, de l’autre côté des Alpes, il en coûte beaucoup moins d’assassiner un homme et même deux -cent à deux cents sols par tête  - que d’abandonner une fille à qui on a remit l’anneau, quelle que soit la qualité de la fiancée. L’amende est colossale :cinq cents sols or).

C’est au IVème doigt de la main gauche que Willi et les Mérovingiennes de toute origine portent l’anneau de promesses. Pourquoi ? Parce que l’on était persuadées qu’une veine passait dans ce quatrième doigt et qu’elle montait directement au cœur. Isidore de Séville le prétend, à la suite de quelques écrivains de romains. Les modernes qui portent leur alliance à l’annulaire se doutent il est qu’ils obéissent à cette superstition antique ?

 

Source : Les Mérovingiennes, Roger-Xavier Lantéri  éd. Perrin

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17 mai 2014 6 17 /05 /mai /2014 17:57

Un mariage vers 570


Willi, c’est une petite Parisienne maigrichonne qui aime bavarder et rire à tout bout de champ. Bien sûr, le poète qui nous informe emploi des expressions plus distinguées : « Jamais nuage n’assombrit son front. » Cette adolescente est née au milieu du VIème siècle, et il a fallu bien des hasards et de biens étranges chemins pour que le rire de cette jeune fille parvienne jusqu’à nous après avoir dormi des siècles dans les rouleaux d’archives. Entendu par un poète, le rire juvénile de Willi a été confié par lui à un fragilefemme-mérovingienne papyrus, puis recueilli par des scribes, puis consigné sur parchemin par des moines, puis il a volé aux quatre vents de l’Histoire, de Poitiers à Metz, de Corbie à Saint-Pétersbourg, de Paris aux caves de la bibliothèque du Vatican où, en l’an 2000, on peut le retrouver sur quatre manuscrits grignotés par le temps. Le rire, les jours et les nuits d’une parisienne en cent soixante vers. Les misères aussi.

Cette jeune fille au caractère heureux à 13 ans et c’est aujourd’hui la fête de ses fiançailles, le plus beau jour de la vie d’une Mérovingienne. Les fiançailles sont plus importantes que le mariage lui-même, au point que le mot fiançailles qui se disait sponsalia est devenue en français « épousailles ».

Willi à la silhouette souple, un corps délicat, « tendre » (forma tenera, en latin). On s’attendrait qu’en ces temps dits barbares, un écrivain mit en relief des traits plus rustiques, une beauté vigoureuse, du biceps, de la poigne, ou du moins des chaires rondes, des hanches larges modelées pour la maternité... Eh bien, non ! Willi, fille du VIème siècle, à la souplesse gracile d’un personnage d’Alfred de Musset. Et le poète insiste : le caractère de l’adolescente est particulièrement « doux » et « la joie, répète-t-il, illumine son visage ».

L’écrivain se complaît à esquisser le portrait de la petite fiancée en se cantonnant dans un flou très artistique : « elle est dans sa fleur », « elle est plus belle que toutes les autres de sa race », « son coup à la blancheur du lait » et, bien évidemment, « son teint est de rose ». Cliché de tous les temps. Il semble plus précis sur le statut social de Willi : «Son sang est noble et sa race barbare. » Son père et sa mère étaient des Franks, sûrement l’une de ces grandes familles militaires qui entouraient Childebert Ier, fils de Clovis, roi de Paris de 511 à 558 et fondateurs, sur la rive gauche de la Seine, d’une église dédicacée à Saint-Vincent qui deviendra Saint-Germain-des-Prés.

Malgré ses rires sonores, tout n’a pas été rose dans la vie de Willi. Son père et sa mère sont morts et l’orpheline a été recueilli par sa grand-mère. La vieille dame, qui est fort riche, à couvé l’enfant dont le destin lui confiait la garde et elle a veillé à ce qu’elle reçoive une excellente instruction classique en latin. Détail que devraient méditer les cacatoès qui répètent que les francs étaient uniquement des soudards farouches et incultes. La vérité est plus nuancée : les écoles municipales ayant pratiquement disparu au nord de la Loire, faute de subventions, les maîtres sont passés au service des grandes familles.

Notre informateur poète assure que c’est Willi qui a choisi son fiancé. Soyons sceptiques. Aussi bien chez les Franks que chez les Gaulois romanisés, les fiançailles scellaient l’union de deux familles à travers l’union de deux êtres. Les parents arrangeaient les moindres détails et une fille avait besoin du consentement de son père. Willi étant orpheline, c’était à sa grand-mère de prendre la décision. Si l’on devait s’en tenir à la lettre, personne, pas même le roi, ne pouvait forcer une fille à épouser un prétendant qu’elle ne désirait pas. Mais les familles engageaint garçons et filles dès l’enfance et, au début du VIIème siècle, le roi Clotaire II (le père de Dagobert) dut rappeler qu’il était interdit de contraindre une femme non consentante. Preuve que les familles passèrent outre à la volonté de la fille (et de la veuve aussi).

Mais peut-être le poète a-t-il voulu dire que Willi se mariait par amour. Après tout, elle avait pu connaître son fiancé à Paris ou au cours de vacances dans le Poitou. Car celui-ci appartenait à une grande famille gauloise de la civitas de Poitiers et, comme tous les jeunes gens bien nés, soucieux de mode, il s’était doté d’un nom frank qui sonnait bien : Dagoulf. Ce qui signifie « loup de jour » ou, si l’on préfère, « loup de lumière ». Un nom particulièrement noble. Le poète qui nous a guidé n’a pas manqué de le souligner : Dagoulf était de « haute noblesse ». C’est sans doute excessif mais, quoi qu’il en soit, Dagoulf était un aristocrate.

Ces fiançailles d’une Franke et d’un Gaulois poitevin sont exemplaires. Elles nous confirment qu’il n’est pas de barrière entre les diverses « nations » du royaume (selon le mot utilisé alors pour désigner les ethnies : les gens « nés » de mêmes ancêtres) et elles illustrent l’amalgame des traditions particulières. L’époque mérovingienne est une époque de fusion et c’est la France qui lentement se forge.

 

Les arrhes de la fille


Dagoulf et sa famille ont déjà versé les « arrhes de la fille » (arrha puellae) pour avoir Willi. À partir de l’acceptation par la grand-mère, nul ne pouvait reprendre sa parole. Un chroniqueur nous fournit le cas d’un certain Leobhard, vers 570 au moment même où Willi se fiance) : « lorsqu’il fut parvenu à l’âge convenable, ses parents le poussèrent à donner les arrhes de la fille selon l’usage du monde. Promettant ainsi de prendre plus tard celle-ci pour épouse. Son père avait réussi sans difficulté à convaincre son tout jeune fils de faire ce qui était contre sa volonté. »

On racontait aussi l’aventure d’un arriviste marseillais, Andarchius, ancien esclave qui avait des vues sur une riche héritière du Velay et d’Auvergne, fille d’un gros propriétaire terrien nommé Ursus (dont le nom est resté dans Orcival et Urçay). Fort en mathématiques, grand lecteur de Virgile, expert en droit, Andarchius est sûr de se faire éconduire par le père et il réussit à circonvenir la mère de la jeune fille en lui confiant une cassette :

_Elle contient, assure-t-il, seize mille sous d’or.

La mère, par sottise, accepte la cassette. Comme prévu, le père refuse sa fille. L’affaire s’envenime au point de monter jusqu’au roi qui décrète qu’Andarchius doit recevoir ou la riche héritière ou seize mille sous d’or. Sinon, tous les biens d’Ursus seront remis à l’ancien esclave. C’est ce qu’il advient. Cas limite qui se conclut dans le sang par l’assassinat du prétendant.

La lectrice moderne se récrira :

_ Eh quoi, chez les Mérovingiens, la fille était donc une marchandise ? Une chose qu’on achète et qu’on vend ?

Pas vraiment. Willi est sous l’autorité de sa grand-mère (habituellement de son père, mais dans notre cas il est mort). C’est cette autorité que le fiancé achète. On peut avancer aussi que Willi conservera les arrhes en cas de rupture ou de mort du fiancé. Mais on est en réalité dans l’univers des symboles et, depuis un siècle déjà, chez les franks, le père d’une vierge se contente la plupart du temps de recevoir un sou d’or et un denier d’argent. Sur les bords du Rhin, comme on manque d’or, les arrhes sont en argent et l’on ne donne pour une vierge que treize deniers. Dans l’un et l’autre cas, le poids est vérifié par trois témoins :

_ Ces pièces sont recevables.

 

Source : Les Mérovingiennes, Roger-Xavier Lantéri  éd. Perrin

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22 mars 2014 6 22 /03 /mars /2014 17:29

"Le baptême de Clovis" est l'un des magnifique vitraux de l'église Saint Laurent, dans le Xème arrondissement de Paris (à quelques pas de la Gare de l'Est).

Situé dans l'une des chapelles latérales du sud de la nef, ce vitrail très coloré date de 1939, et a été été réalisé par l'atelier de Jean Gaudin à Paris.0190.JPG

Grégoire de Tours (544-595) nous apprend qu'à l'époque mérovingienne, une basilique dédiée à Saint Laurent se trouvait sur l'axe nord-sud conduisant de Lutece à Senlis. 0191.jpgSaint Domnole, mort Evêque du Mans en 543, était, sous le règne de Clotaire Ier, à la tête d'un couvent de moines dans la basilique Saint Laurent. Surélevé par rapport au lit de la Seine et à l'abri de ses caprices, ce site portait une église, un monastère et des jardins maraîchers.

Les invasions normandes (Lutèce est assiégée en 885) se traduisent par des pillages et des destructions qui nécessitent au XIIème siècle, la reconstruction de l'église Saint Laurent, érigée en paroisse dès 1180.

Face à l'accroissement de la population, l'église fut reconstruite au cours du premier quart du XVème siècle...

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1 février 2014 6 01 /02 /février /2014 17:17

Le nom de France [Francia : on prononçait Frann’kia] existe depuis le IVème siècle mais il signifiait simplement terres de parcours des franks. Un groupe de petites tribus guerrières vivant sur la rive droite du Rhin, les Brukt’khari (Bructères), les Khatt’khari (Chattes ou Chattuaires), d’excellents fantassins, les Kwadi (Quades), les Ans’gari (Ansivariens ou Ampsivariens), les Kwamawi (Chamaves), selon Tacite sur les rives de la Sala, s’étaient unis sous un seul nom : les Franks ! C’est-à-dire les Braves. En vieux norrois (Germanique du Nord),Frekkr veut dire Hardy, Courageux, Vaillant.

« Dès leur enfance, ils ont pour la guerre à la passion que l’on a dans l’âge mûr. La mort que les abattre, jamais la crainte. Ils restent sur place, invaincu, et leur courage survie, pour ainsi dire, jusqu’à leur dernier souffle », notera le Gaulois romanisés Sidoine Apollinaire.

Les Franks se livraient aux joies de la razzia chez les Romains, de l’autre côté du Rhin, un jeu très lucratif, et leur nom va être entendu avec son poids de menaces, dans les palais impériaux d’Italie et inscrit la première fois en 289. Il ne désigne alors que les Chamaves. Ce nom farouche de Frank va résonner chaque fois qu’une tribu nouvelle entrera dans la bataille, les Chattuaires en 306 et jusqu’en 315, les Bructaires en 307, les Saliens en 357, les Ansivariens et les Tubantes en 364 et jusqu’en 375. Vengeresse et joyeuse, une chanson de marche romaine célèbre le massacre de milliers de francs, mais cet hymne est du IVème siècle et cette prétendue victoire a été située dans un lointain passé, en 260, alors que le rassemblement franc était encore dans les limbes. Simple exercice d’exorcisme.

Tous les militaires romains de haut grade tenaient, à l’époque, dans leur bagage, un rouleau de douze feuilles : les itinéraires routiers de l’empire, de l’Atlantique au golfe Persique, avec les distances de ville à ville, les rivières, les montagnes et quelques noms de peuples. Cette « carte » très rudimentaire avait été dressée probablement vers 365 par le philosophe et géographe Romain Castorius. Il s’était inspiré d’une peinture du portique Vipsania élevait en 7 avant notre ère par la sœur d’Agrippa. Une copie du XIIIe siècle sera retrouvée avance à la fin du XVe par Konrad Celtes et légué par lui un greffier d’Augsbourg, Konrad Peutinger. Depuis, l’œuvre de Castorius est nommé bien improprement Table de Peutinger. Sur le haut de la première feuille, six lettres imposantes, grâce, s’incruste, face à Nimègue et à Xanten, sur la rive droite du Rhin : Francia[1].

C’était encore, en ce IVème siècle, la France à géographie variable. Quand les franks bougeaient, la France changeait de place. La tortue et sa carapace. Devenue alliés (« fédérés ») des Romains, les franks s’installent dans les bouches du Rhin, côté occidental (les actuels Pays-Bas). Puis ils font tache du huile vers le sud, repoussant la frontière toujours plus loin : Tournai, la Somme, la Seine, la Loire... Chaque fois, la France doit suivre, mais nous n’en avons aucune mention contemporaine. Lorsqu’en 508 et Clovis est habilité le siège du royaume à Paris, tout le pays alentour, c’est inévitable, va porter le nom de France.

Ceux qui entourent le conquérant sont appelés les franks Saliens du nom de la Sala (l’IJsel des néerlandais), un bras du Rhin formant delta ou stationnaient leurs ancêtres. Combien sont-ils donc que ces franks ? Seulement cent mille, estime-t-on. Et les Burgondes ? Cinquante mille. Pour les assimiler, il y a entre six et dix millions de Gaulois (que l’on nomme des « Romains »).

Au VIème siècle, l’implantation a pris. Penché sur son papyrus en quête des origines des franks, Grégoire de Tours use cette fois du mot. Il suit le voyage du mot France jusqu’à son terme. En 567 – 568, il est dans la région parisienne : in Francia veniens… . La France est désormais une « certaine idée ».Carte-de-France---VIe-siecle.jpeg

Face au pluriel Gaules, notions géographiques, largement, très largement, utiliser encore, le singulier Frans est, lui, chargé d’un contenu politique. Au-delà même de son nom, la France reçoit, en ce temps, sa légitimité. Son indépendance est reconnue en ce VIème siècle par la principale autorité de l’Occident. Alors que le conquérant romain avait nié la personnalité gauloise en la noyant dans l’annexion administrative et le génocide culturel, l’empereur de Byzance Justinien reconnaît la France. Le 13 août 554, il publie sa Pragmatique sanction où il déclare l’Italie partie intégrée de l’empire d’Orient et affirme son autorité sur le pape de Rome lui-même. Pas un mot sur la France. Pour lui, elle est libre et indépendante. Son Codex (529, son Digeste (533) et les Novelles (535 – 555) ont force de loi de la frontière perse à l’Espagne, du Danube au Sahara. Non en France. Ici, ce sont la lex salica, la loi Gombette, le bréviaire d’Alaric ou le vieux code théodosien qui composent le corpus juridique[2].

Seize ans plus tôt, en 538, l’empereur Justinien s’était étranglé de surprise, si l’on en croit Procope de Césarée, en découvrant une pièce d’or frappées au nom de Tibère Ier. Esprit hardi et sûr de lui, ce roi frank avait compris que battre monnaie à son nom était un fondement indispensable de la souveraineté.

Dans la déclaration implicite mais minutieuse du droit des états, une nation reçoit son acte de naissance le jour où lui est reconnue l’aptitude à vivre sous ses propres lois et à battre sa propre monnaie. Voilà qui est fait. En réalité, au-delà du droit et des emblèmes, la France est seulement en train de naître dans l’alliage gallo-frank.

 

[1]Cette France rhénane est aussi mentionnée par La Cosmographie de l’Anonyme de Ravenne : «quae dicitur Francia rhinensis… »

[2]Le code de Justinien ne sera connu en France que six siècles plus tard en 1137.

 

Source : Brunehilde La première Reine de France, Roger-Xavier Lanteri éd. France Loisirs

Image : http://www.lefauteuildecolbert.fr

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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 08:25

Extrait de l'ouvrage "Erreurs et mensonges historiques" par M. CH. Barthélemy (membre de l'Académie de la Religion Catholique de Rome), publié en 1863.

 

 

COURBE LA TÊTE, FIER SICAMBRE.

 

Le XVIIIè siècle — qui avait déjà la déplorable manie de dramatiser l'histoire — est l'inventeur responsable de ce prétendu mot historique, que saint Rémi n'a jamais prononcé en baptisant le premier roi chrétien de France.

C'est en vain qu'on feuilleterait nos historiens les plus sérieux, pour y trouver cette parole aussi peu chrétienne que peu politique ; elle n'y est pas.

Saint Grégoire de Tours, le père de notre histoire, racontant la conversion et le baptême de Clovis, dont il tenait les détails de la bouche des fils du roi franc, s'exprime ainsi :

« Le roi demanda le premier le baptême au pontife. Nouveau Constantin, il s'avance vers le bain qui doit guérir en lui la vieille lèpre et laver dans une eau nouvelle les taches qui souillaient sa vie passée. Comme il était entré pour recevoir le baptême, le saint de Dieu commença de sa bouche éloquente, en disant :

— Fléchis le cou, Sicambre adouci ; adore ce que tu brûlais, brûle ce que tu adorais (1). »0129.JPG

Milis depone colla Sicamber, — dit le texte latin.

La traduction de cette parole —que nous venons d'emprunter à M. H. Bordier (2) — nous semble la meilleure et la plus exacte.

Voici comment divers historiens ont rendu ces mots : le père Daniel (3), « Humiliez-vous, Prince, sous la toute-puissante main du maître de l'Univers. »

Baillet (4), « Abaissez ici votre fierté, ô Sicambre, et pliez le cou sous le joug de Dieu. »

Godescard (5), « Humiliez-vous, ô Sicambre. »

Viallon (6), « Sicambre, baisse la tête et humilie ton cœur. »

Ces auteurs sont du XVIIIe siècle ; ils paraphrasent plutôt qu'ils ne traduisent.

 À notre époque*, M. Michelet (7) a traduit : « Sicambre, baisse docilement la tête, » et M. H. Martin (8) : « Adoucis-toi, Sicambre, et courbe la tête. »

C'est mieux, mais ce n'est pas encore la vraie traduction, dont la palme est à M. H. Bordier.

Fier Sicambre est d'ailleurs un pléonasme si fort, si manifeste, qu'il aurait dû sauter aux yeux. Sicambre veut dire fier et même féroce ; pourquoi répéter deux fois le même mot ?

Milis Sicamber est la parole dont se servit saint Remy ; elle est fort belle — avons-nous dit ailleurs (9), — en ce qu'elle présente un contraste admirable entre Clovis païen (Sicamber) et Clovis devenu chrétien (milis). La douceur, voilà la vertu à laquelle Jésus-Christ veut qu'on reconnaisse ses disciples : Discite à me, quia milis sum, et humilis corde (10). Beati, mites, quoniam ipsi possidebunt terram (11).

« Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur. »

« Bienheureux ceux qui sont doux, parce qu'ils posséderont la terre. »

 Le prêtre Fortunat, dans les Actes de saint Médard, dit, en parlant de Clotaire I, fils de Clovis : Mitis Sicamber (le doux Sicambre), lui conservant ainsi comme un surnom l'épithète que saint Remy avait donnée à son père le jour de son baptême, et dont l'auteur gardait encore le souvenir au moment où il écrivait la vie du saint évêque de Noyon. (12)

Il y a plus encore. Ce nom de Sicambre indique la noblesse de la race d'où sortait Clovis ; les Sicambres étaient, en effet, une tribu importante — noble entre toutes, — de la nation des Francs.

Saint Remy appelait Clovis Sicambre, comme plus tard on a nommé Henri IV, un Bourbon, le premier des Bourbons.

Mitis Sicamber est à la fois une leçon chrétienne sous la forme d'un éloge et d'une prophétie, et c'est à ce double titre que saint Grégoire de Tours la nomme une parole éloquente (ore facundo).

On voit ce que, les arrangeurs des deux derniers siècles ont fait de l'éloquence de saint Remy, et ce n'est pas là le pire de leurs crimes, témoin le mot trop populaire faussement attribué à Henri IV : Paris vaut bien une messe, et tant d'autres !...

Mais, nous ont dit plusieurs personnes : « Avec toutes ces rectifications, que croire désormais ? Il faudra donc oublier tout ce qu'on nous a appris, en quelque sorte, à la mamelle. »

Hélas ! oui, et que ne saurions-nous pas, si nous pouvions oublier tout ce que nous savons et apprendre ce que nous ignorons !...

Non-seulement la belle parole de saint Remy a été gâtée parles arrangeurs d'histoire, mais ils n'ont pas respecté davantage le reste de ce magnifique épisode du baptême de Clovis.

« La mise en scène — dit spirituellement M. E. Fournier (13), — a complètement dénaturé le tableau. Elle n'est nulle part plus fausse et plus affligeante que dans le livre de Scipion Dupleix (14). Il nous montre le roi franc inclinant, à la voix de l'évêque, sa tête frisée et parfumée. On croit assister au sacre de Louis XIV, recevant, en perruque in-folio, la couronne de ses ancêtres :

« L'heure de la veille de Pâques, à laquelle le roi devait recevoir le baptême de la main de saint Remy, étant venue, il s'y présenta avec une contenance relevée, une démarche grave, un port majestueux, très richement vêtu, musqué, poudré, la perruque pendante, curieusement peignée, gauffrée, ondoyante, crêpée et parfumée, selon la coutume des rois français. Le sage prélat, n'approuvant pas telles vanités, mêmement en une action si sainte et religieuse, ne manqua pas de lui remontrer qu'il fallait s'approcher de ce sacrement avec humilité ! »

Voilà comment Scipion Dupleix paraphrase ou plutôt travestit la parole de saint Remy.

Dans Sicambre, il a trouvé la perruque que l'on vient de voir.

Voilà comme on entendait la traduction, à cette époque, et puis fiez-vous aux arrangeurs de tels arrangeurs.

  

 

(1) Historia eccletiastica Francorum, iib. II, cap. xxxi.

(2) H. Bordier, traduction nouvelle de VHistoire ecclésiastique des Francs, par saint Grégoire, etc. (2 vol. in-18, Didot, Paris, 1859), tomel, p 90 et 91,

(3) Histoire de France (1755. in-4), tomel, p. 28.

(4) Vies des Saints, \" octobre, saint Bcmy.

(5) Vies des Pérès, etc., 1" octobre, saint Remy.

(6) Clovis Je Grand, premier roi chrétien, etc. (1788, ia-12), p. 265.

(7) Histoire de France (2« édit. 1835), tome 1, p. 199.

(8) Histoire de France (4' édit. 1855), tome I, p. 424 et 425.

(9) Dans notre traduction annotée de la Vie de saint Eloi, par saint Ouen (1853,in-8). Introduction, p. 14, note*.

(10) Saint Mathieu, XI, 29.

(11) Saint Mathieu, V, 4.

(12) Apud dom Luc d'Achery : Spieilegium, p. 73 du vol. de l'édit. in-fol.

(13) L'Esprit dans l'Histoire (2- édit.), p. 56.

(14) Histoire générale de France (1639), tome I, p. 58

 

* Ouvrage publié au XIXè siècle

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11 décembre 2013 3 11 /12 /décembre /2013 18:19

Ingonde : lui a donné six enfants. Les deux aînés, Gonthier et Childéric, sont morts très jeune. La seule fille, Chlosinde, a épousé le roi lombard Alboïn. Restent trois garçons, Caribert, Gontran et Sigebert.0173.jpg

 

Arégonde : on ne connait qu'un fils, Chilpéric.

 

Gontheuque : pas d'enfant de cette union

 

Radegonde : pas d'enfant non-plus

 

Chunsinde : Chramne, pendant longtemps le fils préféré de Clotaire jusqu'à ce que celui-ci s'oppose à son père, ce qu'il paiera de sa vie.

 

Vuldetrade : avant que Clotaire la renvoie sous la pression des évêques et la marie à un leude, celle-ci lui a probablement donné un fils, Gondovald, que Clotaire a refusé de reconnaître.

 

 

 Source : Frédégonde, épouse de Chilpéric Ier. Anne Bernet éd. Pygmalion

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9 octobre 2013 3 09 /10 /octobre /2013 20:11

C’est en juillet 511, que s’ouvre le concile d’Orléans. Cette réunion a été organisée par Clovis qui décedera quatre mois plus tard. Le roi des Francs interpelle l’assemblée des évêques de Gaule sur plusieurs sujets précis touchant à l’organisation de l’Église. À chacune de ces interrogations, une réponse claire devra être apportée.


Le concile se tient à Orléans ville symboliquement choisie parce que située au centre du royaume. Cyprien de Bordeaux, représentant l’Aquitaine récemment conquises aux dépends des Wisigoths (507), préside l’assemblée où sont présents les délégués de la plupart des régions du territoire franc. Un évêque venu d’Armorique témoigne de l’alliance entre les Francs que le peuple breton. À cause de troubles dans leur région, certains évêques de Gascogne sont absents ainsi que ceux de Gaule belgique et de Germanie du fait du manque de pénétration de l'Église catholique romaine dans ces régions. Parmi les trente-deux participants, la majorité est originaire de la région comprise entre Seine et Loire, première conquête de Clovis avant d’avoir lancé ses troupes vers les riches terres du Sud.0158.png

Le concile d’Orléans s’inscrit dans une tradition bicentenaire des conciles des Gaules. À ce titre, il n’hésite pas à s’inspirer des anciens canons, dont la lecture est faite à l’ouverture des débats, et de la loi romaine, chère aux évêques.


Dans le premier canon, il est déclaré que toute personne poursuivie, quelle que soit la raison de la poursuite (meurtre, vol ou autre), qui se réfugie dans une église ou ses dépendances, ou dans la maison de l’évêque, bénéficie du droit d'asile. On ne peut l’obliger à en sortir, il peut négocier un dédommagement pour l’acte dont il s’est rendu coupable avec sa victime ou la famille de la victime. L’esclave en fuite ne sera rendu à son maître que si celui-ci jure de ne pas le punir. De même, l’esclave ordonné diacre ou prêtre à l’insu de son maître est libéré d’office ; l’évêque doit cependant dédommager le maître.


L'un des objectifs majeurs de la réunion d’Orléans est l’intégration des évêchés méridionaux. Dans le but avoué de se démarquer des hérétiques, les catholiques d’Aquitaine et des anciennes provinces Wisigothes ont adopté des positions spécifiques face à la domination aryenne qu’ils subissaient. Divers interdits ont été validés par le concile d’Agde, tenu en 506, car la cohabitation, principalement urbaine, entre les deux communautés favorisait la confusion. Par exemple, la participation aux banquets Goths a été proscrite tandis que les assemblées aryennes ont été désignées comme des « conciliabules ». La prière n’aurait su non plus être commune.

Le concile d’Orléans reprend à son compte cette plus grande rigueur qui n’est alors pas de mise au nord de la Loire, là où les catholiques sont majoritaires. Cependant la victoire de Clovis sur le monde Wisigoths a modifié les rapports entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel. Désormais, dans les provinces du Sud, le pouvoir politique est en phase avec l’orthodoxie religieuse. Par réaction, Orléans tend une main prudente aux repentants qui sont admis dans le giron de l’Église, après deux années de catéchuménat et à condition qu’ils expriment publiquement leur foi en la Trinité.


Finalement, le concile de 511 s’avère donc un concile d’union qui servira ultérieurement d’exemple lors de l’amalgame de nouveaux territoires au royaume de France.


L’assemblée d’Orléans doit trouver une solution d’articulation entre les pouvoirs religieux et politique. Les modalités de son organisation sont significatives. Si c’est bien Clovis qui a convoqué les évêques et les questionne, les réponses que ceux-ci apportent relèvent de leur seule décision. Ce n’est que pour leur conférer l’autorité royale que le souverain les entérinera. Une double administration du royaume se profile où les évêques collaborera avec les comtes, administrateurs désignés par le pouvoir.

Au-delà de leur rôle théologique, une fonction sociale est également attribuée aux évêques. Un tiers de leur revenu est destiné à l’entretien des pauvres, des orphelins, des veuves et des malades.


Si la nomination des prélats est du ressort du roi, leur ordination doit impérativement être entérinée par trois évêques locaux, après que tous les évêques ont été avertis par courrier, conformément au concile de Riez, qui s’est tenue en 439. En outre aucun laïc ne peut être élevé à la dignité d’évêques. Seule concession, qui rejoint la préoccupation de Clovis de s’entourer de conseillers de valeur, le roi pourra exceptionnellement désigner un laïc de renom, par ordre spécial relayé par un compte.

 

En convoquant le concile d’Orléans, Clovis reprend à son compte les prescriptions que le pape Gelase a établi en 492, mettant face à face « deux puissances, par lesquelles le monde est régi, l’autorité sacrée des pontifes et le pouvoir royal ». Clovis se place donc que sous la tutelle spirituelle de Rome quant à son attitude à l’égard de l’Eglise catholique. C’est en ce sens qu’il envoie symboliquement au Saint-Siège une couronne votive qui sera désormais suspendue au-dessus du tombeau de Saint-Pierre au Vatican. Sur ce diadème d’or pur, sont accrochés à de petits anneaux neuf lettres ciselées qui forment en latin le nom du roi des Francs : C.L.O.D.V.V.E.U.M., à la façon des couronnes votives des Wisigoths.

 

Sources : Clovis et la naissance de la France,  Patrick Périn Éd. Denoël _ Clovis, le fondateur, Godefroid Kurth Éd. Tallandier

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