Sigismond, devenu roi de Burgondie après le décès de Gondebaud, son père, en 516, avait fait de son royaume, une terre catholique après qu'il eut lui-même abjuré l'arianisme. Mais quelques années plus tard, il oublia quelque peu certains préceptes de la foi catholique.
Ayant perdu son épouse Ostrogotha, fille de Théodoric le Grand, et se trouvant trop jeune pour rester veuf, Sigismond épousa, en 518, une des servantes de sa défunte épouse. La jeune femme pleine d'ambition mais guère appréciée par Sigéric, le prince héritier, se mit en tête de donner un nouveau fils au roi, et d'en faire son successeur.
Pour cela, il faudrait un jour se débarrasser de Sigéric. Alors lentement, jour après jour, celle dont le nom n'est cité par aucun texte, entreprit de semer le trouble dans l'esprit du roi. Et celui-ci assujetti, comme peuvent l'être certains hommes par des femmes sachant utiliser leurs charmes, commença à douter de la loyauté de son fils. Jusqu'au jour (en 523) où, persuadé que le prince intriguait dans le but de s'emparer du trône, Sigismond donna l'ordre de l'assassiner.
Une fois le meurtre commis, le roi, devant le corps sans vie de son fils, prit alors conscience de l'horreur de sa décision. Il hurla sa douleur et la honte qu'il éprouvait d'avoir fait exécuter son enfant. Rapidement, l'affaire s'ébruita, mais aucun tribunal n'étant au dessus du roi, aucune autorité ne pouvait procéder à son arrestation. Ayant retrouvé sa clairvoyance, et rongé par le remord, Sigismond décida de faire pénitence. Il parti à l'abbaye d'Agaune en Valais où revêtu d'un cilice, il vécu pendant plusieurs mois de prières, de flagellations et de jeûnes.
Sigismond priant pour l'absolution du meurtre de son fils devant son cercueil, église Strobl, Salzburg
Chez les voisins Francs, la nouvelle de l'assassinat de Sigéric par son père fut reçut non avec tristesse (Gondebaud étant l'oncle de Clotilde, Sigéric était le cousin des fils de celle-ci), mais plutôt avec intérêt. Une expédition punitive fut rapidement décidée à l'encontre de Sigismond. Clodomoir, Clotaire et Childebert réunirent leurs troupes, mais Thierry qui était le gendre du roi Burgonde refusa de se joindre à eux.
Des trois frères, seul Clodomir avait une frontière commune avec la Burgondie, l'aîné du trio était donc particulièrement intéressé par la campagne entreprise.
De son côté, Sigismond, plus attentif à ses dévotions qu'aux affaires militaires, ignorait tout des préparatifs qui se tramaient au nord-ouest de son royaume. Quand les troupes des trois frères pénétrèrent sur son territoire, il n'eut que le temps de rassembler, assisté de son frère Gondomar, des effectifs inférieurs à ceux des envahisseurs. Les chroniqueurs ne nous indiquent pas le lieu de la rencontre; ce qui est certains, c'est que les Burgondes furent écrasés. Devant leur infortune, Sigismond et son frère s'enfuirent. Ils prirent deux voies différentes; Gondomar gagna les Alpes, Sigismond trouva refuge dans un ermitage. Les bons religieux firent tomber sa chevelure et le revêtirent de l'habit monastique. C'était certes, un bon moyen d'échapper à ses poursuivants; mais peut-être le roi vaincu songeait-il, ayant probablement perdu son royaume, à demeurer dans cette retraite jusqu'à la fin de sa vie.
Les Francs occupaient maintenant la Burgondie. Cela ne suffisait pas. Ils voulaient châtier leurs ennemis; c'était le moyen de rendre légitime l'occupation; et aussi, puisque Sigéric avait disparu, de laisser le royaume sans héritiers. Clodomir fit publier un édit qui promettait une récompense à quiconque lui livrerait les fils de Gondebaud. Pour l'instant, il avait capturé l'épouse de Sigismon et les deux enfants qui lui était né d'elle, Gisald et Gombaud, et les avaient emmenés en captivité à Orléans. Quelques leudes burgondes, voyant que la guerre était terminée, et que leur résistance n'avait plus raison d'être, s'étaient rallié aux rois francs. Quelques-uns d'entre eux se rendirent à l'ermitage qui abritait Sigismond et le convainquirent qu'il serait plus en sécurité à Agaune où, le jour venu, il pourrait opter entre le sceptre et la profession religieuse. Le fugitif confiant, se rendit discrètement escorté à l'abbaye; mais parvenu en vue de celle-ci, il fut capturé par des guerriers francs. Les traîtres purent recevoir leur récompense, et le prisonnier fut conduit à Orléans, où il fut jeté avec sa femme et ses enfants dans un cachot.
La Burgondie conquise, de sérieuses discutions débutèrent pour le partage de ce vaste territoire. Théodoric, arien, qui venait de triompher des Grecs, et qui s'était promis de protéger la Burgondie, ne vit pas d'un bon œil l'annexion du territoire par les Francs. Aussi, mit-il à disposition de Gondomar, un corps d'armée sous le commandement du général Tolonic, qui fit publier un appel aux leudes burgondes. Tous, avec l'aide des Ostrogoths, devaient se rassemblées sous la bannière de Gondomar et reconquérir leur royaume.
Il fut entendu. Tous les guerriers qui avaient déposé les armes, les reprirent et se rassemblèrent autour de Gondomar. Des détachement composés de Burgondes et d'Ostrogoths s'emparèrent des places trop faiblement occupées. Quelques mois après la défaite, Gondomar entrait triomphalement dans Lyon et dans Vienne (524).
Ce fut une bien mauvaise surprise pour les rois francs.Childebert et Clotaire qui avait abandonné à Clodomir la directionde l'affaire lui reprochèrent son inconscience. Ce-dernier entra dans une violente fureur et tint pour responsable de la situation le malheureux Sigismond. Il donna l'ordre de l'exécuter. Apprenant cette décision, Avit, un abbé du diocèse d'Orléans tenta de dissuader Clodomir de tuer le roi Burgonde, mais en vain.
Clodomir assistant à l'exécution de Sigismond
Le 1er mai 524, avant d'entrer en campagne, Clodomir fit sortir de leur prison Sigismond, sa femme et leur fils. Ils furent conduit en un lieu nommé Columna, à quatre lieu d'Orléans, là décapité tous les quatre. Puis on jeta les corps mutilés dans un puits. Columna est devenu Saint-Péravy-la-Colombe. Quant au puits, il garda pendant trois ans les cadavres, et devint un lieu de pèlerinage. La foule, en effet, touchée de la pénitence du roi assassin, puis émue de son sort lamentable, le considéra comme un saint digne d'intercéder pour elle auprès de Dieu. Le puits fut nommé Puits-Saint-Simond (Sigismondi), et la commune sur laquelle il était situé, voisine de Saint-Péravy, Saint-Sigismond. Himnemond, abbé de Saint-Maurice, voulut posséder dans son monastère les restes de ceux qu'ils considérait comme des martyrs (à tord puisqu'ils n'avaient pas été tué pour leur foi, mais pour des raisons politiques), ce qui lui fut accordé. L'abbé vint avec quelques-uns de ses moines, recueillir les reliques. Ils en firent la translation solennelle jusqu'à Agaune, où ils reçurent leur sépulture. À son tour, leur tombe fut l'objet d'un incessant pèlerinage.
Sources : Clotaire 1er fils de Clovis, Ivan Gobry. éd. Pygmalion - Les Burgondes, Justin Favrod. Presse polytechniques et universitaire romande - Les Burgondes, Katalin Esher. éd. Errance