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23 juillet 2011 6 23 /07 /juillet /2011 12:07

  suite le l'article : La Normandie avant César  

  La ville

 

  La ville est le principal facteur de romanisation après la conquête de Jules César (58-51 av. J.C.). C'est par elle que se diffusent la langue latine et les modes de pensée romains. Dans la cité de province, la politique, la religion, la culture et les autres aspects de la vie forment un ensemble indissociable qui imite le modèle romain.

 

À ces villes, qui succèdent souvent aux chefs-lieux des tribus gauloises, correspondent la plupart des villes actuelles de Normandie :

- Bayeux – Augustodurum, chef-lieu de cité des Bajocasses

- Vieux - Aragenuae, chef-lieu de cité des Viducasses

- Lisieux – Noviomagus, chef-lieu de cité des Lexovii

- Rouen – Rotomagus, chef-lieu de cité des Véliocasses, qui deviendra la capitale de la Seconde Lyonnaise.

L’exemple de Vieux

L’actuel village de Vieux occupe l’emplacement de la ville romaine d’Aregenua, chef-lieu de la cité des Viducasses. Les premières fouilles y furent réalisées en 1697, suivies de nombreuses autres observations effectuées tout au long des XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Plusieurs monuments publics (thermes, édifice de spectacles, temple) ainsi que de nombreuses habitations privées ont ainsi pu être observés.

 

La fouille du site du « Bas de Vieux », menée entre 1988 et 1991 par le Service Départemental d’Archéologie du Calvados, a livré les vestiges de plusieurs voies et d’une somptueuse domus  aménagée depuis 1993 en jardin archéologique.domus-vieux-photo-aérienne

Cette domus est une maison à péristyle, c'est-à-dire dotée d'un jardin intérieur entouré d'un portique (colonnade périphérique). Cette demeure particulièrement vaste (1450 m² au sol), de plan méditerranéen, se distingue par la qualité de sa décoration intérieure (mosaïques, peintures murales, statue de déesse tutélaire, piliers sculptés, colonnesVieuxSiteMaisonGdPeristyle ciselées etc.). Le bâtiment actuellement visible a été construit au cours du dernier quart du IIe siècle ap. J.-C., sur les vestiges d'au moins cinq constructions dont la plus ancienne remonte au début du Ier siècle ap. J.-C. Au IVe siècle ap. J.-C., après un incendie, la rangée de pièces occidentales est recoupée par une voie nord/sud, l'édifice est réparée et porte le nom de maison à la mosaïque en damier du nom d'un élément de décor. La qualité de vie a baissé et des artisans s'installent dans la villa qui a pu continuer toutefois à servir d'habitation. Dans le premier tiers du IVe siècle, un nouvel incendie ruine un édifice déjà quasiment abandonné. Le cardo perce les ruines vers 330-340. Les gravats sont répandus dans la Vieux maquette villavilla. Une installation perdure toutefois car des antoniniens et une monnaie de Gratien ont été trouvés dans une fosse. Une monnaie d'Arcadius a également été trouvée ailleurs sur le site de la villa. Le site sert ensuite de ressource pour les matériaux de construction de manière ponctuelle et à grande échelle, vers 475-550 suite à la découverte d'une hache franque.

 La richesse exceptionnelle du gisement pour le nord de la France permet donc de suivre la genèse et le déclin d’un quartier de la cité pendant les quatre premiers siècles de notre ère.

  Le vicus

Le vicus est un bourg d’artisans, une petite agglomération occupant une triple fonction dans la Gaule romaine :

- routière par sa situation géographique,

- culturelle avec ses temples,

- commerciale par les activités d'échanges et d'artisanat de ses habitants.

La naissance de Caen : Catumagos

Les fouilles archéologiques réalisées à Caen dès après la seconde guerre mondiale ont confirmé qu’il existait bien une telle agglomération au Ier siècle de notre ère, sur les bords de l’Odon soit, aujourd’hui, à l’emplacement de l’Hôtel de Ville de Caen.

 

Près de la salle des Gardes, on peut encore y voir les vestiges d’un fanum (petit temple) (cf. 3. La diffusion des cultes). Plus loin, dans la cours de l’ancienne école normale d’institutrices, on a découvert une habitation et un four de tuilier.

Ce bourg était principalement voué à l’artisanat (tanneries notamment) et au commerce. Il périclita à la fin du IIIe siècle, des suites de la désorganisation du commerce dans l’empire romain.

 

Le fanum en était séparé d’un quartier artisanal (tannerie, tabletterie) par un mur matérialisant la limite de l’espace sacré. Il était composé d’un petit bâtiment rectangulaire (cella) de 5,30 m sur 2,20 m de côté, construit en pierres sèches recouvertes d’enduit peint rouge. Ce sont les bases de trois de ces murs qui sont encore visibles aujourd’hui. La galerie de circulation qui entourait la cella a disparu.

 

 

  L’habitat rural : la villa romaine

La romanisation du monde rural a porté sur l'intégration de l'aristocratie indigène envilla1 incitant cette dernière à rationaliser l'exploitation agricole selon les normes romaines. La villa illustre cette nouvelle organisation économique de l'espace rural. C'est à la fois une maison de campagne et une exploitation agricole.

 

  Les voies romainesAGRIPPA

Après la conquête, Les Romains ont très vite réalisé un ensemble de routes sous l'impulsion notamment d'Agrippa (63-12 av. J.-C.), général romain, gendre et ministre d'Auguste. Les voies romaines les plus importantes étaient financées par l'Etat. Les voies secondaires étaient quant à elles aux frais des cités qu'elles joignaient et les plus petites voies étaient, elles, entretenues par les propriétaires dont elles traversaient les terrains.

Les bornes milliaires sont les équivalents de nos bornes kilométriques actuelles. Le nom de milliaire* vient du mot "mille", qui était l'unité de distance mesurant mille pas, soit environ 1481 mètres. Après Septime-Sévère, empereur de 193 à 211 ap. J.-C., l'unité de mesure la plus utilisée dans le nord de la Gaule, en Germanie et en Bretagne devient la lieue gauloise, laborne-de-trajan "leuga"* (2 222,50 m), tandis qu'au sud de Lyon les distances restent exprimées en milles.

Les bornes sont souvent de forme cylindrique. Elles ont environ 50 à 80 centimètres de diamètre et mesurent 2 à 4 mètres de hauteur.

La borne milliaire comporte toujours une inscription gravée en abrégé qui nomme l'empereur qui a fait construire ou restaurer la route, ainsi que ses titres et ses fonctions.

La borne indique naturellement la distance entre le lieu où elle est implantée et le point de départ, très souvent le chef-lieu de cité.


Description :

La borne milliaire est en calcaire et mesure 1,43 m. de hauteur et 0,63 m de diamètre (la photo ci-contre ne représente pas la borne décrite). Elle a été découverte à Frénouville en 1804 à 1,50 m. de profondeur lors du creusement des fondations d'un bâtiment non loin de l'église. Le socle a été trouvé à côté de la colonne mais n'a pas été conservé.

L'inscription est gravée dans un cadre dont le côté droit est détruit. La gravure est peu profonde et a subi des dégradations consécutives au gel.

Elle remonte à 98 ap. J.-C. La titulature nous informe en effet que la borne est dédiée à Trajan, empereur de 98 à 117 ap. J.-C. La borne indique une distance de 25 000 pas de Noviomagus, soit environ 37 kilomètres de Lisieux. En réalité la distance est de 35 km, ce qui montre (compte tenu de la faible erreur) que la borne n'a pas dû être déplacée de l'endroit où elle fut découverte.

 

Source : Dossier pédagogique du Musée de Normandie

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