L’artisanat spécialisé dans le travail de l’os et du bois de cerf, parfois appelé tabletterie par emprunt d’un terme moderne, se développe dans toute la Gaule, particulièrement à partir du Ier siècle après Jésus Christ. Des vestiges de cette activité, pratiquée par des artisans fixes ou itinérants, sont régulièrement mis au jour dans les villes, grandes et moyennes, et dans les domaines agricoles ; elles perdurent jusqu’au-delà du Ve siècle.
Les artisans s’approvisionnent auprès des boucheries et récupèrent les ossements des animaux consommés à l’époque, essentiellement ceux du bœuf ; ils travaillent également les os de cheval, espèce qui n’entre pas dans l’alimentation. Les bois de cerf, tombés naturellement ou récupéré sur des bêtes abattues à la chasse, sont également travaillés.
Les artisans sélectionnent les ossements résistants et offrant le plus de matière, les mieux adaptés à la fabrication des objets ; ils les façonnent à l’aide d’outils divers : scie, ciseau, gouge, tour. Des études reprenant les étapes successives de ce travail ont été réalisées, depuis la préparation de la matière jusqu’à la finition des pièces et leur décoration.
Selon les sites, la nature des informations varie, parfois il ne reste que des déchets liés à la première phase préparatoire ou bien des ébauches (objets non terminés) qui nous indiquent la nature des productions. L’atelier de l’artisan n’est pas toujours localisé précisément, il peut être installé dans la même pièce ou dans le même bâtiment qu’un bronzier ou un forgeron. Ces artisans devaient travailler ensemble pour la réalisation de certaines pièces, comme les couteaux à manche ou les meubles, et partageaient sans doute certains outils.
Les objets produits par l’artisanat de l’os et du bois de cerf concernent tous les aspects de la vie quotidienne, comme nous le montre par exemple, ceux conservés au musée gallo-romain de Saintes (Charente-Maritime) :
_ les éléments de charnière de meuble sous la forme de cylindres perforés courts ou longs : qui composent l’articulation des portes d’armoire ou des couvercles de coffre ;
_ des pièces de jeu ou de comptage, comme les jetons circulaires à faces décorées ;
_ des dés cubiques pour les jeux de hasard ;
_ des épingles à cheveux ;
_ des anneaux, des bracelets en os et des médaillons porte-bonheur en bois de cerf ;
_ des boites à onguents ou à fards (pyxides)
_ des cuillers ;
_ des accessoires pour le filage : fuseaux, fusaïoles, quenouilles ;
_ des manches pour des couteaux à lame fixe ou pliante.