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22 août 2010 7 22 /08 /août /2010 19:36

Avit  Sextus Alcimus Ecditius Avitus, en français Avit, est né à Vienne vers 450, de haute noblesse gallo-romaine, il est le fils du sénateur Esychius qui, vers 475 fut élu archevêque de Vienne. Avit est également le petit-neveu de l'empereur Eparchus Avitus, un noble Arverne, beau-père de Sidoine Apollinaire, il devint empereur romain d'occident (455-456).

  Avit était un grand lettré, selon les critères du temps, il joua un rôle politique à la cours des rois burgondes, en rédigeant les lettres royales. Il demeurait profondément attaché à l'idée impériale (on le voit dans les lettres du roi Sigismond), mais il servait aussi ses maîtres sans arrière-pensée. Il essaya en vain de convertir le roi Gondebaud mais réussit avec le roi Sigismond vers 500.

 

EPISTVLARVM AD DIVERSOS

XXXXVI Avitus episcopus Clodevecho regi. a. 496/497

Vestrae subtilitatis acrimoniam quorumcumque scismatum sectatores sententiis suis variis opinione, diversis multitudine, vacuis veritate Christiani nominis visi sunt obumbratione velare. Dum ista nos aeternitati committimus, dum, quid recti unusquisque sentiat, futuro examini reservamus, etiam in praesentibus interlucens radius veritatis emicuit. Invenit quippe tempori nostro arbitrum quendam divina provisio. Dam vobis eligitis, omnibus iudicatis ; vestra fides nostra victoria est (...)

Mais peut être serait-ce plus clair en Français.

TRADUCTION :

[Les sectateurs de tous schismes se sont efforcés d'envelopper la finesse de votre

discernement de l'ombre de leurs discours aux idées changeantes, divergents dans leur multitude, vides de la vérité du christianisme.]1 [Tandis que nous renvoyons ces disputes à l'éternité, tandis que nous réservons au jugement dernier de connaître le bien fondé de chaque opinion, dès à présent a jailli le trait de lumière de la vérité. Car c'est de nos jours que la divine Providence a trouvé un arbitre. En faisant votre choix, c'est pour tous que vous prononcez le jugement ; votre foi est notre victoire.]2 [Dans ces cas-là, d'ordinaire, la plupart des hommes objectent les coutumes nationales et l'observance religieuse de leurs pères, si par hasard ils sont poussés à rechercher la saine croyance par les encouragements des prêtres ou les suggestions de quelque compagnon. Ainsi préfèrent-ils coupablement le respect humain au salut, et, en observant, dans les chaînes de l'incrédulité, un vain respect de leurs ancêtres, avouent-ils en quelque sorte ne savoir quoi choisir ; que leur coupable retenue renonce donc à cette échappatoire après un tel miracle. Vous, ne gardant de toute une lignée d'antique origine que la seule noblesse, vous avez voulu extraire de vous-même, pour votre race, tout ce qui peut rehausser le rang d'une haute naissance. Vous avez des modèles du bien, vous avez voulu être celui du mieux.]3 

[Vous êtes digne de vos ancêtres puisque vous régnez en ce monde ; vous avez fondé pour vos descendants afin de régner au ciel. Que la Grèce, évidemment, se réjouisse d'un prince de notre loi, mais non plus de ce qu'elle mérite seule la faveur d'un tel don. L'éclat en illumine aussi ton pays, et, du côté de l'occident, resplendit sur le roi la lumière de l'antique étoile du matin.]4 [Elle commença de luire à la bienvenue naissance de notre Sauveur. Que l'onde de la régénération vous dispose donc au salut en ce jour où le monde a reçu le maître du ciel né pour sa rédemption. Que ce jour soit votre anniversaire comme il est celui du Seigneur, le jour où vous êtes né au Christ, le jour où le Christ est né au monde, le jour où vous avez consacré votre âme à Dieu, votre vie aux hommes d'aujourd'hui, votre gloire à la postérité. Que dire donc de cette très glorieuse solennité de votre régénération ? Si, je ne me suis pas rendu personnellement à ses offices, je n'ai pourtant pas manqué de communier à ses joies, dès le moment où la bonté divine a envoyé cette grâce à vos pays et que, avant votre baptême, nous est parvenue la nouvelle de la très-sublime humilité avec laquelle vous faisiez profession de catéchumène ; en suite de quoi, après cette attente, la nuit sainte nous a trouvé sans inquiétude à votre sujet. Car nous parlions et nous discutions entre nous de l'événement, tandis qu'une troupe nombreuse d'évêques assemblés, ranimait les membres royaux avec les eaux de vie, dans la pompe du service divin, tandis que se courbait devant les serviteurs de Dieu cette tête terrible aux nations, tandis que, grandi sous un casque de cheveux, vous assumiez le casque du salut, l'onction sacrée, tandis que, ayant un instant déposé la protection des cuirasses, vos membres immaculés resplendissaient de la blancheur immaculée des vêtements.]5 [Elle fera, comme vous le croyez, ô le plus heureux des rois, elle fera dis-je, cette faiblesse de vos vêtements, que dorénavant s'accroisse la force de vos armes ; et tout ce qui avait fait jusqu'à présent la chance, c'est à la Sainteté que vous le devez désormais. Je voudrais bien attacher à vos louanges quelque exhortation, si quelque chose échappait à votre science ou à votre attention..]6 [ Mais faut-il que nous prêchions dans ses détails la foi, que vous avez aperçue sans prédicateur et sans exposé complet ? Ou peut-être l'humilité, que vous nous avez déjà manifestée par attachement et que vous nous devez désormais par votre profession de foi ? Ou bien la miséricorde qu'un peuple encore récemment captif, délivré par vous, manifeste au monde par sa joie, à Dieu par ses larmes ?]7 [ Il n'y a qu'une chose que nous désirions voir s'accroître, puisque, par vous, Dieu va faire votre nation toute sienne, répandez aussi, du trésor de votre coeur, des semences de foi vers les peuples d'au-delà, encore fixés dans l'ignorance naturelle et que n'ont pas corrompus les germes des fausses doctrines. N'ayez ni honte ni regret, même en envoyant des ambassades à ce sujet, de construire l'édifice du Dieu qui a tant élevé le vôtre.]8  

 

COMMENTAIRE

 

[1] "Les sectateurs de tous schismes se sont efforcés d'envelopper la finesse de votre

discernement de l'ombre..." Avit évoque là des manœuvres ariennes autour de la conversion de Clovis. Il parle de schisme qui est une rupture dans l'ordre de la discipline, ce qui n'est pas le cas de l'hérésie qui doit plutôt se définir comme une rupture dans l'ordre de la foi. Au Moyen Âge, la confusion est fréquente.

 

[2] "En faisant votre choix, c'est pour tous que vous prononcez le jugement ; votre foi est notre victoire" Avit note ici l'importance de la conversion de Clovis. Celui-ci est devenu un arbitre, c'est lui qui tranchera en cas de litige entre communautés. Il tranchera selon sa foi, la foi catholique, c'est la victoire des catholiques et avant tout de l'épiscopat.

 

[3] Se réfugiant dans le respect des coutumes ancestrales, les rois burgondes, et spécialement Gondebaud, rejettent les tentatives de conversions tentées par les évêques catholiques "...que leur coupable retenue renonce donc à cette échappatoire après un tel miracle." Un miracle, c'est une intervention spéciale de Dieu, réalisée souvent de manière extraordinaire. Le miracle en question ce n'est pas la victoire inespérée à Tolbiac, mais la conversion de Clovis, qui balaie des siècles de traditions, de coutumes, de croyances. En opposition aux rois burgondes attentistes. De son lien avec ses ancêtres, Clovis n'a conservé que sa seule noblesse et non pas les autres traditions païennes. La noblesse est toujours une affaire de race, c'est le fait d'avoir des aïeux illustres. Et par définition, aucune famille ne peut être plus noble que la famille royale.

 

[4] Il est le premier roi germanique converti au catholicisme. Digne de ses ancêtres, car il rêgne, il offre par sa conversion le royaume de Dieu à ses descendants.

 

[5] Avit fait allusion à la cérémonie même du baptême qui eut lieu le jour de Noël. Toute la cérémonie est évoquée : le roi comme catéchumène (candidat au baptême), les eaux de la vie (le baptême d'eau), l'onction sainte (l'onction du saint Chrême, qui n'a rien à voir avec le sacre royal), la blancheur des vêtements (vêtements blancs revêtus par les nouveaux baptisés, en principe conservés pendant une semaine in albis).

 

[6]  Le royaume, dirigé jusqu'alors sans ligne directrice, sans autre objectif que l'intérêt immédiat du roi, trouve à travers le baptême de celui-ci le chemin qui conduira son peuple au salut. Un lien est créé avec le Dieu chrétien, par la foi. Il y a toutefois le risque que ce lien soit compris de la même manière formaliste qu'avant, qu'un contrat soit remplacé par un autre.

 

 [7] Avit renonce à traiter de la foi, dont Clovis a eu connaissance sans prédicateur (il ignore donc le rôle de Remi). De même, il ne parlera pas de l'humilité que le roi a manifesté précisément en se convertissant, ni de sa miséricorde attestée par un peuple captif délivré ensuite par Clovis. Cela doit sans doute s'entendre de prisonniers de guerre libérés (sans doute d'origine gallo-romaine).

 

[8] Enfin, Avit invite Clovis au travail missionnaire. Il lui suggère d'œuvrer à la conversion des peuples païens "les peuples d'au-delà," en dehors de ceux qui sont corrompus par les fausses doctrines (arianisme). C'est une vue prophétique de l'œuvre missionnaire des Carolingiens.

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commentaires

A
bonjour, d'où vient votre traduction ?
Répondre
L
Tous mes remerciements pour avoir eu la gentillesse de produire ce document, alors que tant d'autres sites nous demandent en échange une rétribution, si légère soit-elle.
Répondre

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