Les Celtes ont laissé une trace profonde dans la toponymie wallonne. Namur, par exemple, située au confluent de deux cours d'eaux importants, au pied d'une colline escarpée, dérive du nom latin Namurcum. Ce dernier contient la racine celtique nam- qui signifie vallée ou lieux escarpés. Mais l'exemple le plus flagrant, c'est l'Ardennes. Le nom du plus célèbre massif de Wallonie, vient de la déesse celtique Arduinna. Ce nom lui-même viendrait soit de arduo- (hauteur) ou de ar duen (la noire). Arduinna était la déesse tutélaire de la forêt ardennaise, et l'objet d'un culte à mystères. Son animal fétiche, et destrier, était un sanglier, animal au combien symbolique de l'Ardenne puisqu'il y pullule et qu'il sert de symboles à la Province de Luxembourg. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le sanglier était un candidat à la figuration sur le drapeau wallon au moment de la conception de ce dernier. Si finalement le choix s'est porté sur le coq hardi, nul doute que le sanglier aurait également été un bon ambassadeur de la Wallonie et de ses habitants. Si le fond celte a beaucoup apporté à la Wallonie, ce n'est pas lui qui la distingue de ses voisins. Les spécificités wallonnes sont apparues progressivement, au fil des événements.
Entre romanisation et poussées germaniques.
En l'an 58 avant notre ère, César, entreprend de faire la conquête de la Gaule Belgique. Les raisons de cette conquête sont à chercher à la fois à Rome, où la république est sur le déclin, mais aussi en Gaule, où les divisions internes mettent à mal les intérêts économiques des élites romaines. Dans cette conquête, César jouera habilement des divisions internes. Ces légions ne sont souvent que les arbitres des batailles entre les différentes tribus gauloises. Après avoir dominé, avec l'aide des Rèmes, les Séquanes et les Suessions, César s'attaque aux Atrébates et aux Nerviens. C'est la fameuse bataille du Sabis, dont la localisation exacte fait toujours débat. César remporte la victoire ; les Aduaduques, qui devaient venir en renfort, font demi-tour et se retranche dans leur oppidum parfois identifié à Namur. Assiégés, ils tentent de percer les lignes ennemies et sont décimés. César part alors pour le Sud, laissant aux Rèmes le soin de mettre la Gaule Belgique en coupe réglée.
En -54, Ambiorix emmène les Eburons à la révolte. Il assiège deux légions à Atuatuca, leur promet la vie sauve s'ils quittent la région, les laisses sortirent puis les massacrent. Cet « exploit », même si César affirme qu'il est obtenu par perfidie, est unique dans les annales de la Guerre des Gaules. Les tribus voisines se soulèvent à leur tour. Nerviens, Aduatuques, et Ménapiens reprennent le chemin de la guerre. César doit revenir avec trois légions. La supériorité des troupes romaines est imparable, et les armées belges sont définitivement battues. Quelques guerriers gaulois réussissent à fuir en Bretagne (l'actuelle Grande-Bretagne), où ils retrouvent des tribus sœur et organisent une guérilla. César, qui avait déjà annoncé sa victoire et la pacification à Rome, n'a alors plus le choix. D'une part, il entreprend la conquête de la Bretagne pour supprimer les bases arrière de la résistance gauloise. D'autre part il laisse deux légions sur le territoire des Éburons. La mission de ses légions est simple : liquider toute résistance. La répression qui se met en place à toutes les caractéristiques de ce que les modernes appellent un génocide. En -52, c'en est fini de la guerre des gaules. En ultime symbole de sa domination, César se permet le luxe de se lever une légion entièrement gauloise, la Vème Aulaudae, dont le nom (« les alouettes ») fait référence aux plumes qui ornaient les casques.
Soumise et pacifiée, mais à quel prix, la future Wallonie intègre ce qui n'est pas encore l'Empire romain. Son territoire actuel s'étend sur quatre civitates : la cité des Ménapiens, dont la capitale et Cassel, la cité des Nerviens, dont le chef-lieu est Bavay, la cité des Tongres, dont la capitale et Aduatuca (l'actuelle Tongres), et la cité des Trévires dont la capitale est Trèves. De la première dépendent les territoires situés à l'ouest de l'Escaut, dont Tournai, Mouscron, Comines. De la deuxième cité dépendent les territoires situés entre l'Escaut d'une part, la Dyle et le Piéton d'autre part, dont Mons et Ath. De la troisième cité dépend presque tout le reste du territoire wallon, avec Charleroi, Namur, Liège. La Cité des Trévires s'étend sur l'extrême sud-est du territoire : Arlon.
Source : Histoire de Wallonie, Yannick Bauthière - Arnaud Pirotte éd. Yoran Embanner