Première partie cliquez ici
Les ports fluviaux.
Le point de convergence d’une route et d’une voie d’eau constituait une voie privilégié pour établir un port. Là où le courant s’avérait un peu moins rapide –dans un bras de rivière moins actif ou à une confluence par exemple- on consolidait la berge par des lignes de pieux et un quai était construit. Des entrepôts et divers baraquements suffisait souvent à compléter l’installation.
Quelques ensembles portuaires identifiés récemment permettent de compléter ce schéma.
Escale pour les marchandises acheminées vers l’Océan, le port de Lutèce était doté d’un quai maçonné dont trois tronçons seulement sont connus à ce jour.
Découvert en 1980 après l’aménagement de la crypte archéologique sous le parvis de Notre – Dame, ce quai, vraisemblablement construit sous le règne de Tibère (14 – 37), se composait d’un mur robuste coupé tous les six mètres environ par une rampe inclinée pavée de pierres plates. Large de cinq mètres, ces rampes ménageaient une succession d’accès directs à la Seine.
Du port fluvial d’Amiens n’ont été reconnues jusqu’à présent que quelques traces d’aménagements, localisées sur le tracé antique de l’Avre, affluent de la Somme. Une ligne de gros blocs consolidait la rive tandis que le remblai de la berge était stabilisé par une double rangée de pieux, dont l’une, la plus éloignée de l’eau, était disposée en quinconce. Plus en arrière un plancher était soutenu par un réseau de rondins horizontaux maintenus par des pieux.
Ces éléments lacunaires sont heureusement complétés par des découvertes comme celles de Lazenay dans les faubourgs de Bourges en 1974 et surtout de Pommeroeul en Belgique en 1975.
Le bassin du port de Bourges était établi dans un bras mort de la rivière d’Auron. Aménagé perpendiculairement au cours d’eau, il offrait une largeur de quinze mètres environ et se développait sur une longueur d’une centaine de mètres. Le fond argileux en avait été soigneusement nivelé. Le mur du quai, haut d’un mètre cinquante, présentait une armature parfaite de pieux verticaux enfoncés tous les deux mètres et d’une double séries de poutres horizontales, assemblés par des tenons et des mortaises. Les intervalles entre les pièces de bois étaient comblés par des moellons disposés régulièrement sans mortier. Des niches s’ouvraient dans le parement, destinées vraisemblablement à briser les vaguelettes et à favoriser l’écoulement des eaux venues de la berge. Cette installation portuaire construite au début du Ier siècle, devait dépendre d’un grand domaine. Son trafic portait essentiellement sur les matériaux de construction et d’ornementation, marbre notamment, mais aussi sur les denrées pondéreuses, céréales par exemple.
Le port fluvial de Pommerœul fut implanté sur un bras de la rivière Haine, un affluent de l’Escaut. Les fouilles ont mis en évidence les travaux de consolidation de la berge. On disposa des planches horizontales maintenues par des pieux verticaux. Mais la poussée des terres fut telle que le dispositif fut bientôt détruit et, prenant appui sur la rive, un débarcadère fut établi. Barrant presque toute la passe il couvrait une surface de six mètres sur quinze et se composait d’une plate-forme en planche supportées par huit poutres horizontales, qui reposaient sur la berge et sur de robustes pieux équarris. Les objets recueillis dans les alluvions ont permis de préciser que le trafic de ce port, (dont la période d’activité s’échelonne entre le milieu du Ier siècle et la fin du IIIe) portaient principalement sur les peaux, les produits finis en cuir, chaussures notamment, la houille, les matériaux de construction, la tourbe et les productions agricoles des villas avoisinantes.
Des très nombreux établissements analogues ponctuaient les cours des fleuves et des rivières. Au nombre des mieux connus figurent notamment les ports de Lyon, dont les celliers voûtés et le quai dallé soutenues par plusieurs rangées de pilotis furent mis au jour dès 1740, de Chalon-sur-Saône, de Cologne et de Genève. Ce dernier, construit sur la rive gauche du lac, n’offrait pas moins de trois bassins, in quai, un ponton d’embarquement, et des brise-lames au large. Genève bénéficiait d’ailleurs d’un second port que bureaux et entrepôts de la douane séparaient du premier.
Source : Les Gallo-romains, Gérard Coulon éd. Armand Collin
Image : Port de Ratianum (Loire-Atlantique) www.reze.fr
Excellent article sur la découverte du port de Ratianum : Cliquez ici