Le Mont Beuvray, qui va accueillir la future Bibracte, fut occupée par des habitants dès le Néolithique. Mais l'oppidum n'est fondé que lors du IIe siècle avant Jésus-Christ.
Bibracte est nommée ainsi en l'honneur de la déesse qui porte le même nom.
La première mention de Bibracte dans l’histoire a été faite par César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules concernant l’année -58 et la bataille de Bibracte. Celle-ci est à nouveau mentionnée en -52 lorsque César s’interroge sur les intentions de ses alliés Éduens qui ont rejoint la révolte et couronnent Vercingétorix roi des Gaules à Bibracte. Malgré ce ralliement, César traita la cité avec ménagement après sa victoire à Alésia. Il y séjourna même durant l'hiver 52/51.
L'oppidum.
L'oppidum Eduens est formé d'un rempart extérieur qui protège une surface de 200 hectares. Entre 5 000 et 10 000 habitants vivaient sur cette surface. Mais avec le temps, la ville fut rétrécie et un rempart intérieur, plus petit donc que le premier mais aussi plus facile à défendre, fut construit avec les matériaux du rempart extérieur. Bibracte est passé de 200 à 135 hectares, ce qui donne tout de même 5km de remparts. Ce mur intérieur fut rénové cinq fois par les Eduens. D'une hauteur de 5 mètres, il était précédé d'un fossé de 10 mètres de large et 4 mètres de profondeur !
Une quinzaine de portes étaient étalées sur les remparts. Entre les deux remparts se trouvait une nécropole exclusivement réservée aux familles aristocrates. Une autre nécropole (d'1,5 hectares) était à disposition du peuple et 70 enclos funéraires étaient disponibles. Les défunts étaient incinérés.
Bibracte avait aussi une importance artisanale. Des mines d'extraction ont vu le jour sur les massifs des environs. L'étain, le fer et l'or étaient recherchés. Les ateliers de fonte des métaux se trouvaient à l'extérieur de l'oppidum. Une fois la transformation du métal réussi, celui-ci était envoyé aux ateliers de la puissante cité, où se côtoyaient donc mineurs, forgerons et frappeurs de monnaies. Un quartier de la ville était entièrement réservé à leurs ateliers.
Au centre de la rue principale se trouvait un bassin en granit rose. Son orientation est étudiée car elle correspond au lever du soleil lors du solstice d'hiver et au coucher du soleil pour le solstice d'été. Sa construction fut confiée à des étrangers de la côte Méditerranéenne.
Le quartier du bassin était aussi celui des caves où l'on entreposait les céréales (dont les récoltes Eduennes) et les vins Méditerranéens.
Autre quartier, plus original celui-ci, le quartier des cultes. Celtique entre autres avec un nemeton d'un hectare au sommet du Mont Beuvray. Dans cet endroit, les druides effectuaient des sacrifices d'animaux (ou de prisonniers de guerre plus rarement). Ce lieu de culte était entouré d'une palissade et d'un fossé. Cinq fontaines et une dizaine de sources étaient éparpillées à travers Bibracte. Dans certaines, des pièces ou ex-voto étaient jetés. Certaines, comme la fontaine Saint-Pierre avaient des vertus purificatrices et curatives.
Les maisons étaient majoritairement constituée de bois et de terre, la pierre étant plutôt consacrée aux remparts. On retrouve cependant des constructions en pierre dans le quartier dit du Parc aux chevaux, certainement des maisons aristocratiques, et un édifice à colonne (certainement public) au niveau de la pâture du Couvent.
Au centre du Mont-Beuvray, le plateau dit du Parc aux chevaux abrite plusieurs maisons en pierre à la romaine. On y retrouve en particulier une demeure initialement construite en bois (d'inspiration romaine) puis transformée en une véritable domus avec un atrium à impluvium, des portiques et même des thermes chauffés par hypocauste, ainsi qu'un système d'égouts. Dans sa phase finale, la demeure mesurait 55 m × 67 m, couvrant une superficie d'environ 3 500 m², soit environ quatre fois la taille des domus que l'on retrouve sur le site de Pompéi. On estime qu'il y avait environ une quinzaine de domus dans cette zone, de plus petite taille. On a retrouvé également des habitats de type villa rustica (les demeures rurales italiques). Cependant, on ne sait pas si c'était un quartier résidentiel uniquement réservé à une élite puisque les fouilles ont également révélé la présence de forges près des domus.
Bibracte était donc une cité riche, une capitale et une puissance commerciale sans comparaison possible avec ce qu'il se faisait ailleurs en Gaule. Elle a fait la puissance des Eduens et le fait que les Romains soient alliés à ce peuple Gaulois a permis à la ville de régner en maître sur la région.
Le géographe Strabon, qui écrit une génération après César, signale encore Bibracte comme place forte des Éduens.
Au début du règne de l'empereur Auguste, les Romains fondèrent Autun (Augustodunum). Sœur et émule de Rome, Autun avait pour mission de remplacer Bibracte comme capitale gallo-romaine des Eduens. Bibracte fut alors peu à peu délaissée par ses habitants. Des cultes se poursuivent cependant dans les temples et près des fontaines et les habitations aristocratiques continuent d'être entretenues. Deux hypothèses principales sont avancées quant à cet abandon progressif du site sur quelques décennies. Cette migration peut être due à des raisons économiques ou à une volonté d'intégration au modèle romain ; une partie de la classe dominante éduenne, déjà pro-romaine durant la Guerre des Gaules, a certainement pris conscience de l'importance stratégique de la nouvelle ville située sur les principaux axes de communication et a aussi voulu s'adapter au modèle romain des villes de plaines tandis qu'une population plus traditionnelle est restée un temps sur le site.
Sources : Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules _ Strabon, Géographie, livre IV _ Stephan Fichtl, La ville celtique, Les oppida de 150 av. J.-C. à 15 ap. J.-C., éditions Errance _ http://www.augustodunum.org/le_site.htm