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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 08:01

   En 2006, des photos aériennes effectuées au dessus de la ville da Salouël, dans la Somme, ont permis de révéler la présence de nombreuses aires d'habitats gallo-romains et d'enclos imbriqués les uns dans les autres. Au lieu-dit Les Croquets, une grande ferme d'époque gallo-romaine fut identifiée.

  Ce site présente de nombreuses particularités : sa position géographique en fond de vallée, sa proximité avec la ville antique, Samarobriva, sa durée, de la première moitié du 1er siècle après. J.-C. à la fin du IVe siècle.

La fouille qui a suivi la découverte, a concerné une aile de la pars rustica qui regroupe les bâtiments d'exploitation alignés de part et d'autre d'une cour interne d'au moins 50 salouel.jpgmètres, une taille respectable pour une villa. La pars urbana, la résidence du propriétaire, devait se situer sous la voie de chemin de fer actuelle, dominant le reste de l'exploitation.

  Une quantité plus importante de vestiges des IIe et IIIe siècles a été découverte. La présence d'une base de colonne retrouvée dans une fosse détritique et l'emploi généralisé de la pierre sur les édifices annexes de cette exploitation tournée vers l’agriculture et l’élevage indiquent le statut social élevé du propriétaire.
Au IVe siècle, l'usage de la maçonnerie a été abandonné au profit de simples poteaux de bois ancrés dans le sol. Le matériel recueilli reste cependant important : objets de la vie quotidienne tels qu'épingles en os, outillage métallique, monnaies, céramiques, éléments de parures. Une nécropole de la fin IIIe-fin IVe siècle est associée à cet établissement, soit 26 individus qui, pour la plupart, ont été déposé dans des cercueils et possèdent entre une et trois offrandes (céramique et/ou verrerie). La plus ancienne sépulture du groupe a été installée légèrement à l’écart et possède un mobilier funéraire plus abondant que les autres (verrerie, céramique, couteau et chaussures).

 

Source : amiens.fr _ Musée de Picardie

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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 08:55

   Certaines régions de l’Italie ont été affectées dès le IIe siècle av. J.C. d’une dépopulation qui s’est poursuivie sous l’Empire. La volonté de limiter les naissances qui est évidente dans les classes supérieures et dans les masses populaires urbaines, se retrouve-t-elle chez les habitants des provinces ?

   La civilisation romaine a pénétré de façon différente dans les diverses régions du monde méditerranéen : la Gaule, l’Espagne et l’Afrique ont été plus romanisées que les régions danubiennes, l’Asie, la Syrie ou l’Egypte. Mais cette romanisation des provinces occidentales atteignait-elle, en dehors peut-être des classes locales riches et cultivées, toutes les couches de la société ? Rien ne permet de l’affirmer. La législation nataliste d’Auguste fut maintenue jusqu’à Constantin, démontrant la généralisation de la dépopulation de l’ensemble du monde romain. Mais cette législation s’appliquaitcaracalla uniquement  aux citoyens romains ; jusqu’à l’édit de Caracalla, ceux-ci habitaient pour une grande majorité en Italie où certaines régions étaient dépeuplées. Au IIIe siècle, avec l’extension du droit à la cité à tout les habitants libres de l’Empire (hormis les dediticii, c’est-à-dire les descendants des autochtones  vaincus par Rome et, vraisemblablement, les Barbares installés en territoire romain), cette législation a été rendue applicable à toutes les provinces. Il est vrai qu’à ce moment la situation se dégradait un peu partout. Mais avant ? Le déclin démographique n’atteint que des milieux trop restreints pour infléchir la statistique générale. Le monde rural, c’est-à-dire la grande majorité des habitants de l’Empire, a dû continuer à croître normalement. Encore au IIe siècle, la peste antonine ne semble pas avoir provoqué de dépopulation générale dans l’Empire (P. Salmon 1974).

   En revanche, à partir du IIIe siècle, la convergence générale des témoignages n’autorise plus le doute. Le déclin démographique de l’Empire est manifeste : on cherche à l’expliquer par les nouvelles épidémies de peste, l’anarchie militaire et les invasions barbares, accompagnées de massacres et de famines, la fiscalité écrasante et la régression économique. Dans cette liste un peu trop générale, tous les facteurs n’ont pas le même poids, mais il est clair que des conditions difficiles ont aggravé la mortalité dans un contexte de crise. Dans la seconde moitié du IIIe siècle, le nombre des naissances, qui égalait ou probablement excédait celui des décès, aurait cessé d’assurer le remplacement des générations. Ce processus aurait, peut-être, été enrayé, au cours du IVe siècle, par une reprise de la natalité dans le monde rural (P. Salmon 1974).

   Cependant, cette reprise n’a eu visiblement que des effets limités en Italie, où les terresfamille-gallo-romaine---Treves.jpg cultivées se réduisent encore au IVe siècle. Pour expliquer cette contradiction, deux hypothèses. Premier schéma : il y a reprise, mais elle ne comble pas le déficit démographique du IIIe siècle, la population demeurant stationnaire ou ne croissant que légèrement, l’arrivé de classes creuses à l’âge adulte expliquant ce piétinement. Seconde explication : le dépopulation se serait poursuivi au IVe siècle, mais le fait aurait échappé à l’attention des contemporains dispersés dans cette immense empire et incapable d’évaluer une crise trop longue et probablement entrecoupée de pauses.

   Il est difficile de trancher en faveur de l’une ou de l’autre de ces hypothèses. En effet, dans les classes supérieures et les classes urbaines de la société romaine, la restriction volontaire des naissances s’est atténuée sous l’influence du christianisme, et la reprise de la natalité dans les milieux urbains du IVe siècle semble très vraisemblable. Par ailleurs, la démographie du monde servile paraît se modifier profondément. Mais quelle a été l’attitude des classes rurales pas ou peu christianisées ? La régression économique et le climat d’insécurité ont-ils provoqué la persistance de la baisse de la nuptialité et de la prévention des naissances constatées au IIIe siècle ? Ceci est loin d’être certain. L’installation des Barbares dans l’Empire, qui se poursuit, pacifique ou destructrice, constitua un apport démographique qu’on ne peut malheureusement pas évaluer, et contribua au repeuplement de certaines régions. En tout cas, après cette pause hypothétique du IVe siècle, le recul démographique reprit de façon certaine au Ve siècle, sans qu’on puisse en mesurer l’ampleur.

  Cette absence de référence quantitative est assurément désolante. Malgré tout, elle ne doit pas empêcher de cerner l’essentiel, de réfléchir aux conditions dans lesquels est advenu l’effondrement de l’Empire romain, avec en toile de fond le recul dramatique du nombre des hommes. Dans l’histoire de l’Empire romain, le constat du recul démographique a été à l’origine du concept de décadence (A. Landry 1936).

  Se pose alors une question : l’esclavage a-t-il eu des effets destructeurs, contribua-t-il directement au déclin de l’Empire ? Pour répondre à cette interrogation, il convient d’analyser d’abord les effets démographiques de l’évolution de l’esclavage au fil des siècles.

  À partir du principat d’Auguste, la paix romaine tarit l’alimentation des marchés d’esclaves ; les prix montent en flèches. Les guerres de Trajan en Dacie furent encore fructueuses : au terme de la seconde campagne, l’empereur fit vendre à l’encan 50 000 prisonniers, mais on est loin du million de Gaulois vendus par César – effectif mythiques mais qui traduit l’impression du profusion d’antan.

  Du fait de la difficulté d’approvisionnement en esclave, l’élevage des enfants d’esclavesesclaves.jpg nés à la maison (vernae) devint beaucoup plus avantageux que l’achat d’adultes. Columelle, en 42 de notre ère, recommandait aux propriétaires romains d’encourager la fécondité des femmes esclaves pour accroître leur patrimoine (Columelle, De re rustica, I, 8, 19). A cet effort domestique, il convient d’ajouter l’usage bien attesté des ventes d’enfants et les trafics divers autour de l’exposition des bébés.

  Si les unions de fait des couples de condition servile se multiplièrent, les naissances résultant de ces ménages ne suffirent pas à maintenir le niveau de population servile. Au Bas-Empire, avec l’humanisation de l’esclavage et l’extension du colonat, le nombre des esclaves diminua. Cette constatation amène à proposer un modèle selon lequel, si la population libre augmente, elle pourra combler les vides ; si elle est stationnaire, la dépopulation proviendra directement du fait des esclaves ; si elle diminue, sa réduction s’ajoutera à celle des esclaves (A. Landry, 1936).

  Au-delà de son effet démographique, l’esclavage eut peut-être des incidences indirectes sur les comportements familiaux. Il concurrença la main-d’œuvre libre salariée. Dans les campagnes se formèrent de grands domaines (latifundia). Pour diminuer les dépenses, les grands propriétaires profitaient ainsi des facilités d’une main-d’œuvre à vil prix. Un grand nombre d’artisans et de paysans perdirent leur emploi. Pour faire court, disons que l’économie esclavagiste engendra le chômage, puis un véritable préjugé à l’encontre du travail : bien des propriétaires se seraient habitués à vivre dans l’oisiveté et des largesses de l’État (panem et circenses), une situation qui aurait pu encourager le refus de l’enfant. Mais il est difficile d’attribuer ces nouvelles mœurs à l’ensemble de la société : bien des paysans restaient sans doute fidèles à leur labeur et à leurs valeurs. Et il serait excessif d’expliquer le déclin démographique par des causes morales sans tenir compte, prioritairement, des dures réalités des derniers siècles de l’Empire.

 

Source : Histoire des populations de l'Europe, Jean-Pierre Bardet et Jacques Dupâquier éd. Fayard

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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 06:47

   Saint-Witz est une petite ville du Val d’Oise, comptant près de 3 000 habitants. Situé à une trentaine de kilomètres au nord-est de Paris et à 17 km de Chantilly, la commune aujourd’hui en plein expansion (pour le meilleur et pour le pire), est dominée par une colline. Celle-ci, au centre de grandes étendues plates, lui valut dès le IIe siècle, l’appellation  de Mont-Médius (le Mont du milieu) donnée par les romains. Puis, au cours des siècles, le nom se transforme maintes fois en diverses dénominations, telles que Mont-Melianus, Montmilliant, Mons-Melii, Monsmediolanus ou Mons-Medius, jusqu’à devenir de nos jours Montmélian, non sans avoir subi différentes orthographes.colline-de-montmelian.JPG

La colline de Montmélian fut un lieu de culte pour les Gaulois qui venait y vénérer Teutates. Le sommet de la colline, entièrement boisée, est couvert d’arbres feuillus, principalement chênes, ormes et châtaigniers. Or, pour les Gaulois, la forêt détenait un pouvoir sacré, c’était le centre de la vie religieuse. On y pratiquait le culte de Teutates, on s’y réunissait autour des druides pour les fêtes et les cérémonies. La forêt présentait aussi de nombreux avantages et offrait quantité de facilités : ses chênes fournissaient des glands dont se nourrissaient les porcs ; les fruits du cornouiller mis à fermenter donnaient la cervoise, boisson favorite des gaulois. De plus, elle abritait sangliers, cerfs et daims qui constituaient des mets particulièrement appréciés lors des fêtes. Les menuisiers et charpentiers, y trouvaient le bois nécessaire à la construction des habitations ou autres.

  Les hommes s’y sont donc installés et ont transformé le paysage naturel de landes et de buissons. Ils ont chassé le cerf et le sanglier, ont défriché les broussailles, les bois, ont cultivé la terre, surtout les céréales et ont élevé des bovins et des porcs.

 

  Conquise par César, la Gaule se romanise. Sur la colline du Mont mélius, Mercure remplace Teutates. De nouveaux habitants s’installent dans le pays. Ils établissent un castrum avec garnison et temple où l’on adore le dieu Mercure. Autour de cette place fortifiée gallo-romaine, des paysans et des artisans viennent s’établir. Ils formeront plus tard le premier village de Saint-Witz.

  Dans toute la région, de nombreux sites d’habitat et des exploitations agricoles isolées se créent et témoignent d’une période prospère qui s’étendra jusqu’aux premières invasions barbares de la fin du troisième siècle. Le nombre et la dispersion des sites d’habitats gallo-romains identifiés par les archéologues en sont la preuve.

 

     L'ère chrétienne.

 

  Au IIIe siècle, Régulus d’Arles (appelé aussi Saint Rieul), originaire d’Argos (Grèce) quitta la Provence pour évangéliser le nord de la Gaule. Se dirigeant vers la Picardie pour y prêcher l’Évangile, il apprit en faisant halte à Louvres, qu’une foule était réunie sur la colline de Montmélian pour adorer Mercure et se livrer au commerce. Il s’y rendit aussitôt.

  Ses talents de prédicateur firent merveille et par la grâce de Dieu, ses paroles ébranlèrent la foule. Puis, touchant de son bâton de voyageur la statue du dieu païen, celle-ci s’écroula. A cette vue, beaucoup se convertirent et, rentrés dans leurs foyers, racontèrent ce dont ils avaient été témoins. Saint Rieul invita aussitôt tous les assistants à adorer le vrai Dieu. Il édifia sur les lieux un Temple (probablement celui de Mercure modifié) et pour la première fois, le Saint Sacrifice fut célébré sur la colline. Il dédia cette nouvelle église à Notre Dame qui, depuis, est protectrice de la colline. Ce sanctuaire à la Vierge Marie servit de paroisse aux foyers proches et accueillit des pèlerins qui venaient à certaines fêtes où à l’occasion de foires ou de marchés. Ainsi naquit le pèlerinage à Notre Dame de Montmélian qui existe toujours. Saint Rieul poursuivit son œuvre d’évangélisation jusqu’à Senlis dont il devint le Saint patron.

 

Photo : le blog de Jean le Francilien et Tigroo le chat

 

Source : Saint Witz à travers l'Histoire, Anne-Marie Weisse et Marie-France Minaud (disponible à la mairie de Saint-Witz)

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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 06:45

Depuis le Ier siècle, la religion chrétienne fait l'objet dans l'ensemble de l'Empire, de persécutions de la part des autorités romaines. En Gaule, l'épisode le plus connu de ces persécutions est celui des martyrs de Lyon (Lugdunum) en 177, sous le règne de Marc Aurèle ; mais c'est sous le règne de Dioclétien (284-305) que les chrétiens de l'empire seront les plus opprimés.

  La victoire de Constantin (306-337) contre Maxence, le 28 octobre 312, lors de la bataille du pont Milvius près de Rome, marque le début d'une ère nouvelle pour les chrétiens. En effet, avant d'engager le combat, l'empereur Constantin s'est placé sous la protection du Christ en inscrivant notamment, sur les boucliers de ses soldats, les deux premières lettres en grec de celui-ci. À partir de ce moment, tous les empereurs romains, à l'exception de Julien (361-363), sont chrétiens tandis que le paganisme reste la religion officielle de l'État romain jusqu'à la fin du IVe siècle.

  Logiquement, l'adhésion des empereurs à la religion chrétienne va très progressivement avoir une influence sur la population de l'Empire, à commencer par les  représentants de l'autorité romaine.


PRÉFETS DE LA VILLE DE ROME *

de la mort de Constantin à la mort de Constance II

______________________________________________

CONVICTION

RELIGIEUSE

________________

Maecilius Hilarianus (13 janvier 338 - 14 juillet 339) Probablement païen
L. Turcius Apronianus (14 juillet - 25 octobre 339) Probablement païen
Fabius Titianus (25 octobre 339 - 25 février 341) Païen
Aurelius Celsinus (25 février 341 - 1er avril 342) Païen
Lollianus Mavortius (1er avril - 6 juillet 342) Païen
Catullinus Philomatius (6 juillet 342 - 11 avril 344) Païen
Q. Rusticus (11 avril 344 - 5 juillet 345)

 ?

Petronius Probinus (5 juillet 345 - 26 décembre 346) Probablement chrétien
Caecilianus Placidus (26 décembre 346 - 12 juin 347) Païen
Ulpius Limenius (12 juin 347 - 8 avril 349) Païen
Flavius hermegones (19 mai 349 - 27 février 350) Probablement païen
Fabius Titianus (27 février 350 - 1er mars 351) Païen
Aurelius Celsinus (1er mars - 12 mai 351) Païen
Celius Probatus (12 mai - 7 juin 351)  ?
Clodius Celsinus Adelphius (7 juin - 18 décembre 351)
Probablement chrétien
L. Aradius Valerius Proculus (18 décembre - 9 septembre 352)  Païen 
Septimius Mnasea (9 - 26 septembre 352)   
Naeratius Cerealis (26 septembre 352 - 8 décembre 353)  Chrétien 
Memmius Vitrasius Orfitus (8 décembre 353 - 13 juin 356)  Païen 
Flavius Leontius (10 novembre 356)   Probablement chrétien 
Memmius Vitrasius Orfitus (28 avril 357 - 25 mars 359)  Païen 
Junius Bassus (25 août 359)
Chrétien
Tertullus (Automne 359 - automne 361)  Païen 

 

* Créée durant la monarchie romaine, la fonction de Prefet de la ville a continué à exister durant la République et a pris une grande importance dans l'antiquité tardive.

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22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 11:55

   Sur la commune de Saint-Moré, au sud du département de l'Yonne, se trouvait un camp dearmee-de-cesar.jpg légionnaires romains. 

  À quoi ressemblait la forteresse, pourquoi et quand fut-elle édifiée ?

  Qu'en reste-t-il aujourd'hui ?

  Quels vestiges a-t-on retrouvé sur le site ?

 

  C'est à découvrir sur le blog : L'Yonne gallo romaine.

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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 07:11

  Entre le Ier et le IIIe siècle de notre ère, quantité de petites figurines sont produites et diffusées à travers la Gaule, voire au-delà.  Ces statuettes en terre blanche sont produites par moulage, à partir d’une argile très fine. Les deux faces, moulées séparément, sont collées à la barbotine puis cuites, avant d’être parfois peintes. En GaulePistillus.jpg romaine, plusieurs ateliers ont fabriqué en masse ces images populaires, destinées à  une clientèle trop modeste pour acquérir des statuettes en bronze. « Qu’on ne se trompe pas d’ailleurs sur le mérite de Pistillus et de ses émules : ce sont de pauvres œuvres que leurs figurines, faites pour de pauvres ménages, et qui s’en allaient remplir les boutiques à quelques as ou qu’étalaient les colporteurs aux heures de marché » (Camille Jullian).
   Ainsi, comme le rappelle en 1920 Camille Jullian dans son Histoire de la Gaule, sont parvenues jusqu’à nous les productions de : « Allusa à Bordeaux, connu pour ses Mères ; l’Armoricain Rextugénos, pour ses Vénus à la rigidité hiératique ; Sacrillos l’Arverne, de Toulon-sur-Allier, grand fournisseur de colombes ; et surtout l’Eduen Pistillus, qui passaPistillus4.jpg maître dans le genre familial, remplissant toute la Gaule de Mères pouponnières, d’enfants au berceau, de lits domestiques, de chiens gardiens du foyer ».

  La production de Pistillus était largement diffusée dans l’ensemble de la Gaule, en direction de l’Atlantique (via Bourges, Poitiers, Nantes...) vers l'est et le nord ouest suivant la voie d'Agrippa. Elle a atteint aussi la Germanie supérieure, les provinces de Rhétie et du Norique (Mayence, Bavière, lac de Constance, Tyrol autrichien).

  Pistillus se distingue des autres coroplathes (fabricants de figurines), par des statuettes soignées et des thèmes variés : déesses protectrices, Vénus, Abondance, animaux, mais aussi de aussi tendres représentations de l’intimité romaine comme Les amants de Bordeaux, découverts en 1850, où homme et femme échangent des caresses dans un lit de type romain, sous la protection d’un chien endormi.Pistillus3.jpg

La découverte à Autun (Agustodunum) d’un four de potier, de moules, de figurines et de ratés de cuisson signés « Pistillus » atteste de la présence de son officine dans cette ville.

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 06:06

     La médecine thermale

 

Les villes d’eau revêtent une importance primordiale pour les Gallo-Romains et des sources thermales comme celles de Vichy, Néris-les-Bains et Bourbon-l’Archambault dans l’Allier, Bourbonne-les-Bains en Haute-Marne et Bourbon-Lancy en Saône-et-Loire, faisaient déjà l’objet d’une exploitation rationnelle. Une légende prétend d’ailleurs que Julie, fille de l’empereur Auguste, vint en cure à Dax (Aquae Tarbellicae). Quant à l’empereur lui-même, on affirme qu’il vantait la qualité des eaux thermale des Pyrénées. Il n’est que de regarder sur un itinéraire routier romain, la Table de Peutinger, la taille desmalade.jpg vignettes symbolisant les villes d’eau pour mesurer toute cette importance. Médecine et religion s’imbriquaient intimement près de ces sources aux eaux desquelles une divinité avait conféré des vertus curatives. Le dieu Borvo –ou Bormo- se trouve ainsi à l’origine de noms de lieux déjà évoqués comme Bourbon ou Bourbonne, tandis qu’Apollon régnait sur bien des sources et fontaines, éclipsant largement Esculape, le dieu romain officiel de la médecine dont huit inscriptions et seize représentations seulement sont connues pour l’ensemble de la Gaule.

On venait chercher la guérison dans ces sanctuaires des eaux et les pélerins malades, en témoignage de reconnaissance pour l’amélioration de leur état ou en oblation avant le traitement, offraient des ex-voto à la divinité de la source. Ex-voto qu’ils déposaient directement dans l’eau ou disposaient dans les édifices cultuels. Plusieurs milliers en bois, pierre, bronze ou terre cuite, représentant la partie de corps malade, ont été recueillis en Gaule, principalement aux sources de la Seine (Côte-d’Or) et à la source des Roches àex voto-sein Chamalières dans le Puy-de-Dôme. Leur diversité ne manque pas d’étonner, non plus que leur facture naïve et on y découvre pêle-mêle des têtes –parfois seules, parfois superposées- des jambes, des genoux, des pieds, des bras, des mains, des seins, des organes sexuels, des troncs, des yeux et même des planches anatomiques, c’est-à-dire la représentation d’organes internes (poumons, trachée, foie…) sculptés en bas-relief sur des planchettes.

 

     Les plantes médicinales


Elles conféraient à la Gaule une place de choix au sein de la médecine antique. Après la cueillette, elles étaient vendues brutes ou déjà préparées, chez des herboristes ou droguistes, les seplasiarii, dont les plus prospères assuraient l’expédition par ballots dans tous le monde grec et romain.

Deux plantes surtout jouissaient d’une grande renommée : l’herbe de Saintonge et le nard celtique. La première appelée aussi absinthe de Saintonge, était réputée souveraine contre les vers intestinaux et les maux de ventre. La seconde n’est autre que la valériane officinale qui croît très facilement dans les endroits humides. Ses racines s’avéraient les plus efficaces et on les mettait à sécher sur des claies avant de les prescrire sans doute sous forme d’onguents, d’huiles ou d’infusions. Ses propriétés étaient multiples et on l’utilisait comme diurétique, comme potion pour le foie et elle entrait pour une large part dans la composition d’antidotes.

D'autres plantes utilisées portaient des appellations d'origine gauloise à côté de leur noms grecs et latins. Parmi de nombreux exemples, citons le nénuphar (Baditis), l'aigremoine (Korna), la camomille (oualoida) et la grande chélidoine (thona).

 

Source : Les Gallo-Romains, Gérard Coulon éd. Armand Colin

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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 07:34

  À la mort d’Auguste, en 14 après Jésus-Christ, l’Empire romain aurait compté, sans la Bretagne, 54 millions d’habitants pour une superficie totale de  3 339 500 km², soit 16 habitants au km² et sa partie européenne 23 millions d’habitants pour une superficie de 2 231 000 km², soit 9,7 habitants au km². Pour préciser la répartition régionale, on partira des calculs de Karl Julius Beloch (1886)


Contrées Superficie en km² Nombre d'habitants Densité
Italie 250 000 6 000 000 24
Sicile 26 000 600 000 23
Sardaigne et Corse 33 000 500 000 15
Espagne 590 000 6 000 000 10
Narbonnaise 100 000 1 500 000 15
Gaule 535 000 3 400 000 6,3
Provinces danubiennes 430 000 2 000 000 4,7
Grèce 267 000 3 000 000 11,2
Total 2 231 000 23 000 000 9,7

 

  Ce tableau comporte évidement une très large part d'hypothèses. Bien que les méthodes se soient affinées et que la documentation ait augmenté, grâce aux découvertes épigraphiques de ces dernières décénnies, les résultats ne sont guère plus assurés qu'à l'époque ou Beloch écrivait. En ce qui concerne la population de l’Empire on en reste à l’évaluation fruste de 50 millions d’habitants, dont environ la moitié en Europe. Ce bilan n’a rien de certain, il est au mieux vraisemblable.

  En ce qui concerne l'Italie, les évaluations varient entre 6 et 20 millions. Les plus modestes sont les plus dignes de foi. On sait qu'en 48 ap. J.C., le nombre des citoyens romains s'élevait à 5 948 072 habitants ; déduction faite de ceux qui vivaient hors d'Italie, mais compte tenu des enfants et des esclaves, on devait retrouver un total de 7 millions.

  La population espagnole a été évaluée à partir d'un renseignement de Pline qui concorde assez bien avec les calculs de Beloch et de J.C. Russell (1958).

  Pour la Gaule hélas, les estmations sont très disparates : Camille Jullian (entre 1908 et 1920) évoque une Gaule de 20 à 30 millions d'habitants au moment de la conquête romaine. Albert Grenier (en 1937) en propose 15 à 20 , et reproche à Beloch de réduire la population à 4,9 millions (dans le cadre de l'Hexagone) dans le but de minimiser la fécondité de la femme française. Le travail de ce dernier est toutefois largement fondé sur la vraisemblance de densités attendues.

On attribue souvent à la Rome d'Auguste une population de plus de 500 000 habitants, sans autres précisions. Il est vrai que la question de la  population romaine a mobilisé les historiens de l'Antiquité dans de longues querelles érudites. La chronique de saint Jérome attribue 463 000 habitants à la ville, mais cette évaluation n'a apparemment aucun fondement et résulterait d'une confusion. Il y a des estimations plus déraisonnables tablant sur 1,6 millions d'habitants. Ces incertitudes sont nourries par une documentation qui a parfois suscité de grands espoirs vite déçus. À partir d'une notice du IVe siècle ap. J.C., beaucoup de discussions se sont greffée autour de la définition de l'insula qui peut être soit un immeuble, soit un simple logement : dans le premier cas Rome aurait eu 200 000 habitants; 950 000 dans le second. Problème insoluble en fait. Une seule chose est certaine, Rome a connu son apogée au IIe siècle ap. J.C. et comptait alors plus de 500 000 habitants.

 

Source : Histoire des populations de l'Europe - J-P Bardet & J Dupâquier éd. Fayard

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17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 06:30

  Trois amphores remplies de monnaies romaines ont été découvertes dans un champ de l’Isle-Jourdain, à une trentaine de kilomètres de Toulouse. Un trésor dont la piste était connue des services d’archéologie, qui gardaient le secret depuis plusieurs mois.

Les bénévoles s’en doutaient depuis plusieurs mois, le champ de maïs de l’Isle-Jourdain contenait bien plus que les quelques pièces de monnaie collectées à sa surface au début de l’année. Pendant le week-end de la Toussaint, les archéologues y ont trouvé et mis en sécurité trois amphores, toutes emplies de monnaies romaines. Les pièces de bronze ont été frappées entre 290 et 310 de notre ère à Rome, Londres, Lyon, Carthage ou Trèves. Une découverte très importante d’après le conservateur régional de l’archéologie, Michel Vaginay, « dans la mesure où des dépôts de ce nombre-là, pour cette période-là, ne sont pas fréquents ».40000-monnaies-romaines-dans-le-jardin-d-E2-80-99un-pav.jpg

   L’origine de la découverte remonte aux années 1990. Une revue mentionne quelques pièces et divers objets, retrouvés dans un champ de la commune. C’est assez pour éveiller la curiosité de bénévoles qui vingt ans plus tard,  retrouvent la parcelle citée et découvrent dans la terre labourée deux cent cinquante pièces. Ils préviennent alors les services archéologiques, qui concluent un accord avec le propriétaire du champ : des fouilles seront organisées, mais après les récoltes de maïs. En attendant, décision est prise de ne pas ébruiter l’affaire afin de ne pas attirer les pilleurs. Une stratégie efficace puisque les milliers de pièces romaines ont été mis au jour sans encombre.
    

  « La grande surprise a été de retrouver seulement maintenant le trésor », commente le maire de la commune. Les récipients étaient en effet enterrés très près de la surface du sol, si près que les labours avaient éventré les amphores, libérant ainsi les pièces retrouvées au début de l’année. Peut-être le propriétaire avait-il enterré ses économies peu profondément, mais il est également possible que des générations d’agriculteurs aient arasé le sol.

   À la fin du IIIe siècle, l’Isle-Jourdain était probablement un relais routier. Michel Vaginay suppose qu’un riche propriétaire foncier désireux de protéger ses économies y aurait alors enterré son pécule. Rome et ses provinces vivaient en effet une période de crise et de dévaluation monétaire, ce qui explique les grandes variations de poids entre les différentes monnaies du trésor, « de dix à cinq grammes ». « En vingt ans, on a divisé par deux le poids des monnaies », explique le conservateur. Reste maintenant à trancher la question des droits de propriété. Les services de l’Etat devront définir ce qui revient à l’Etat, aux inventeurs et au propriétaire du terrain.

 

Source : artclair.com

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 00:01

musee-arles-et-provence-antiques.jpgLe musée d’Arles et ses expositions nous font découvrir une activité économique très importante dans le monde gallo-romain. Elle est internationale dans le cadre de l’Empire. On a déjà l’impression d’être dans un monde moderne. Y a-t-il eu régression par la suite, avec les invasions barbares ?

_ Cela tient aux structures économiques différentes de ces deux mondes successifs : le romain et le médiéval. Au temps de Rome, on pouvait importer et exporter d’un bout à l’autre de l’Empire. Il était plus facile et avantageux de commander des objets qui étaient la spécialité d’une région lointaine que de le faire fabriquer sur place. C’était réellement un monde d’hyperspécialisation au niveau international des échanges, tel qu’il sera décrit plus tard par les théoriciens comme Ricardo.

Le monde médiéval constituera une suite de régions, de pays, où les biens ne seront guère exportables. Il en sera de même en art. Alors que l’on construisait souvent le même type de temple ou de palais sur l’ensemble sur l’ensemble de l’Empire romain, le monde médiéval se distinguera par des factures différentes. Il y aura un art roman bourguignon, un art roman provençal… Arles dans l’Antiquité est une bonne image des ces courants économiques organisés et inventés par un pouvoir politique centralisateur, qui avait une seule administration, avec à sa tête un empereur. Notre monde moderne actuel qui repose lui aussi sur la spécialisation international est souvent bien plus proche du monde romain que du monde médiéval. On voyait avant tout l’utilité du bien, on pensait aux loisirs, à la commodité matérielle des choses comme on le fait de nos jours. Vous avez donc raison de parler de mentalité moderne, y compris dans l’art, au temps de l’Antiquité…

Le Rhin et le Rhône ont leur source presque à proximité. Peut-on envisager de voir ce commerce comme ayant une suite, avec transbordement de marchandises, dans les deux sens, pour une communication Rhin/Rhône ?

_ En effet, on a été étonné de voir que des barres de fer fabriquées près de Narbonne, dans la Montagne noire, se trouvaient travaillés en Allemagne. Le Rhin était certainement un lieu de passage, d’échanges entre le monde barbare et le monde romain qui ne se faisaient pas forcément toujours la guerre. Il y avait des périodes de paix. Il faut sortir de l’idée qu’il y avait une tension continue. Il ne faut pas avoir une vision cadenassée du monde antique. Les rapports d’échange existaient même entre deux populations qui se méfiaient l’une de l’autre.

On a l’impression d’apercevoir un monde antique raffiné et artistique, même sur la barge récement découverte.(Voir l'article : Une barge romaine sort du Rhône)

_ Tout à fait. Mais il ne faut pas non plus occulter le côté utilitaire avant tout de ces esthétiques. La fonctionnalité était déjà belle, ainsi que le diront plus tard les théoriciens du Bauhaus, qui appartiennent d’ailleurs au grand mouvement moderne. À titre d’exemple, la jolie forme pointue des amphores s’explique par la possibilité que l’on avait de les encastrer les unes contre les autres pour mieux les stocker sur un bateau et les transporter. Lorsqu’on les ouvrait, on les coupait aussi par le bas, ce qui permettait de bien jouer sur la pression de l’air et de laisser s’écouler facilement le liquide.

On a aussi l’impression que le monde antique est très riche. On ne récupère pas les amphores, on les jette, donc elles avaient peu de valeur. Ou bien était-ce parce que le travail était mal rémunéré ?

_ Le monde antique reposait sur l’esclavage. Les premiers grands penseurs chrétiens, Tertullien, Saint Augustin, revaloriseront l’individualité de l’esclave, mais ne verront pas l’intérêt de contester l’esclavage. Car il était une des principales sources économiques deamphores-arles la richesse. La valeur travail ne comptait pas autant que de nos jours. On peut même dire qu’elle ne comptait pas. Puisque l’esclave n’était pas ce que l’on appellerait de nos jours un salarié. Aussi les amphores n’avaient pas de « valeur travail » incorporée. Lorsqu’on en avait utilisé une, on pouvait la jeter, et en faire fabriquer d’autres par la main d’œuvre servile. Cela revenait moins cher que de chercher à la réutiliser. C’était une moindre perte de temps. Pour donner un exemple e l’importance de ces rejets, on estime que le Monte Testaccio, à Rome, cette colline de 30 mètres de haut et de 3 hectares de superficie est uniquement composée de 50 millions d’amphores qui avaient été jetées après utilisation.

Depuis quand a-t-on t réellement mené ces progrès énormes qui permettent aux archéologues d’utiliser avec brio toutes ces techniques ultra-modernes, comme par exemple pour dater le pollen, que l’on arrive aussi à identifier en fonction de son lieu d’origine et de son âge ?

_ Des grands progrès ont pu être fait depuis une vingtaine d’années grâce à l’accumulation de données, leurs échanges, leurs comparaisons et de façon plus générale leurs utilisations permises par l’informatique, internet, etc…barge-romaine

Quand à coulé ce chaland ?

Il n’y a pas encore de réponse certaine. On pense que le chaland a coulé lors d’une crue du Rhône, certainement dans des circonstances pluvieuses. Le navire était chargé de pierres, et son franc-bord devait se trouver à 10 centimètres seulement au dessus de l’eau. On pense que le chargement pouvait être destiné à la Camargue où il n’y avait pas suffisamment de pierre pour construire ou aménager les terrains.

Est-ce que ces découvertes changent la vision que l’on avait du monde gallo-romain ?

_ On voit que ce monde antique était très ouvert sur l’extérieur, avec des normes de rentabilité très exigeantes : le bateau a coulé parce qu’il était trop chargé. On essayait d’atteindre l’utilité maximale un peu comme dans notre monde moderne. Les structures économiques du travail correspondaient à un besoin de confort, d’enrichissement toujours plus fort. C’est toute une philosophie de l’activité humaine qui sera grandement remise en question après la chute de l’Empire et l’arrivé au pouvoir du christianisme qui voudra imposer d’autres valeurs. Et d’autres théories de la valeur de la vie et des choses.

 

Propos recueillis par Matthieu Delaygue et publiés dans La revue de l'Histoire N° 62

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