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19 novembre 2012 1 19 /11 /novembre /2012 20:49

Si les Gaulois utilisaient le miel pour l’hydromel par exemple, ils vont en se romanisant adopter certaines habitudes alimentaires latines.

 

Or, pour les romains, le miel est un élément omniprésent. Pas de repas romain sans miel !Abeille.jpg

Le miel se retrouve tout au long du repas romain : entrée, plat de résistance, dessert, le tout arrosé de muslum (vin miellé).

 

Les Romains ne peuvent vivre sans miel, synonyme de douceur et longévité. Melliculum est un petit nom affectueux qui signifie petit miel. Le miel est un symbole d’éternité, il se conserve à l’infini. C’est le premier aliment donné aux nouveau-nés après le lait maternel.

Les astucieux Romains avaient déjà une technique pour obtenir les abeilles dans leur jardin :

Celui-ci est parfumé grâce à des plantes mellifères (sarriette, thym, lavande…), des fleurs (crocus, violettes…) et des arbres fruitiers. Les prédateurs des abeilles comme les lézards, frelons, araignées sont chassés. Virgile conseille également de retirer les ailes royales pour sédentariser l’essaim.

 

La nature du miel (thym, acacia, miellat…) influence la saveur du plat. Si l’on n’est pas amateur de saveur corsée, il est préférable de commencer avec du miel clair et doux comme le miel d’acacia, de trèfle ou de fleur d’oranger.

Le miel figé se liquéfie à 40°, cependant il est préférable d’éviter une surchauffe qui peut altérer sa qualité.

 

Le miel a tout pour plaire à l’homme moderne, il est énergétique tout en étant moins calorique que le sucre, il contient oligo-éléments, vitamines et des prébiotiques dont on parle tellement aujourd’hui pour leurs effets immunitaires et bénéfiques sur la santé. Il est toujours pris pour le mal de gorge.

 

 

                    CARICARUM DEFRUTUM

                                       Sirop de figues sèches        d'après Apicius

 

Pour 8 cl de sirop

 

120g de figues sèchesfigues-1.gif

120g de miel

12cl de vin blanc moelleux

 

Couper les figues en petits morceaux.

Dans une casserole, mettre les figues en morceaux, le miel, le vin blanc et le même volume d’eau.

Porter à ébullition, puis cuire à couvert sur feu très doux pendant 45 minutes.

Passer au chinois en pressant bien la pulpe. Réserver la pulpe pour un autre dessert tel que la galette aux figues.

Garder le sirop dans un récipient fermé au frais.

 

Ce sirop a de multiples utilisations : allongé d’eau, il donne une boisson délicieuse, pur il sert de coulis pour les desserts. Il combat la toux et sert même de colorant alimentaire naturel. En le mélangeant à du vin blanc ou rouge, on obtient du muslum.

 

Source : Recettes romaines, René Husson & Philippe Galmiche _ éd. Fleurines

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10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 06:51

Fruit de plusieurs années de recherches et de travaux 3D, ce documentaire présente un large panorama thématique du Paris antique depuis la période gauloise jusqu'à l'Antiquité tardive.

Voici un extrait du DVD que l'on peut se procurer ici : http://www.lutece3d.net/dvd.htm


Au travers de cette vidéo on découvrira une reconstution 3D des rives habitées par les Parisii, et l'incendie de Lucotetia relaté par Jules César. Puis, Lutèce gallo-romaine ; le Cardo, l'Aqueduc, le Forum avec le Temple de Mercure et des boutiques. On verra également les latrines, puis le port et les berges aménagées ; les thermes de Cluny, les bains publics de la crypte de Notre Dame, les arènes, et le théâtre. Nous entrerons dans l'intimité du foyer gallo-romain en visitant une villa, puis une taverne. Enfin nous aurons un aperçu des premières fortifications de Lutèce.

 


 

 

 

 


 
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18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 07:47

Voyageurs et commerçants parcourent de longues distances au sein de l’empire romain ; aussi doivent-ils marquer des pauses durant leur périple. Il faut se restaurer, dormir, se réchauffer aussi.

Des auberges plus ou moins confortables jalonnaient leur parcours.


Durant l’Antiquité, les aubergistes n’étaient guère appréciés du reste de la population. Les textes latins les dépeignent sous les traits les plus sordides. « Ce n’est pas pour rien que les voyageurs les maudissent tous ces aubergistes ! » dit l’un des protagonistes du roman d’Apulée, L’Ane d’or ou Les Métamorphoses (I, 17).

Anciens esclaves, souvent d’origine étrangère, ils troublent fréquemment l’ordre publique, quant aux tenancières et leurs serveuses, elles sont systématiquement assimilées à des sorcières et à des prostituées.

Taxés de fourberie et d’avarice, les aubergistes gardent pour eux le fourrage destiné aux173.jpg bêtes de leurs clients et allongent volontiers leur vin. La nourriture qu’ils servent est médiocre et la salle enfumée sent le graillon.

Les plats ne sont guère appétissants, il faut être affamé pour vider son assiette ; et pas trop fragile de l’estomac. Le poète bordelais Ausone évoque un brochet, tout juste bon pour les estaminets (Moselle, 124).


Confort et hygiène ne sont pas souvent au rendez-vous, les lits sont même parfois rongés par la vermine. Un graffiti de Pompéi traduit bien la rusticité et l’inconfort de ces lieux de passages : « Nous avons pissé au lit. Nous avons eu tort, aubergiste, je l’avoue. Si tu veux savoir pourquoi : il n’y avait pas de pot de chambre ! »

On comprend mieux dès lors, pourquoi les auberges ne sont fréquentées que par les gens de petite condition. Les riches et les personnes de qualité – comme les patriciens – préfèrent lorsqu’ils voyagent, se faire héberger chez des amis selon une vieille tradition romaine d’hospitalité.


En milieu urbain, l’auberge (caupona, copona) est logiquement établie à proximité des portes de la ville, là où arrive le voyageur. Tel est par exemple le cas à Pompéi près desMusee_de_Treves_Stele_du_marchand_de_vin.jpg portes de Stabie et d’Herculanum. Dans les campagnes, elles se situent le long des grandes voies, offrant le gîte et le couvert car il est dangereux de se déplacer de nuit. Dans son traité De l’Agriculture, l’agronome latin Varron recommande d’ailleurs la création de ces établissements lorsque les conditions sont favorables : « Sans doute si, dans une propriété qui avoisine une grande route, il se trouve un emplacement propre à la réception des voyageurs, on fera bien d’y construire une auberge » (I, 2, 23).


En Gaule romaine, plusieurs auberges ont été identifiées, notamment à la Brune d’Arles (13), à Revelles (80), à Soumaltre (Aspiran, 34), aux cols du Grand et du Petit Saint-Bernard, à Ambrussum (Villetelle, 34), et peut-être dans les deux agglomérations secondaires de Bliesbruck-Reinheim et de Barzan (17). Ces établissements de service, construits à quelques mètres de la route, sont généralement caractérisés par la présence d’une porte charretière, d’une vaste cour entourée d’un portique sommaire pour abriter les animaux, d’un abreuvoir et de pièces munies de foyer pour la cuisson des aliments. La découverte d’un outillage indispensable aux réparations des véhicules et à l’entretien des bêtes de somme (comme à Ambrussum) permet également de trancher quant à leur fonction.


L’aubergiste n’hésite pas à attirer l’attention du voyageur par une enseigne volontiers racoleuse. Ainsi à Lyon, l’un d’eux proclame : « Mercure te promet le profit, Apollon la santé et Septumanus le gîte et le couvert. Celui qui viendra ici se portera mieux après.171.jpg Voyageur veille à l’endroit où tu séjournes » (C.I.L., XIII, 2031). Pour la clientèle qui ne sait pas lire, les auberges se signalent par les vives couleurs de leur façade et des peintures de tonneaux et de vases à boire. Elles portent des noms suggestifs : « Au coq de basse-cour », « Au dragon », « A l’éléphant », « Aux quatre sœurs », « Aux sept frères », « Aux filles d’Asselina », « Au Phénix »… L’intérieur est orné également de peintures qui représentent la vie de l’auberge, à l’instar de l’établissement de Salvius à Pompéi, où les consommateurs ont sous les yeux des scènes de jeux de dés et de bagarres.

On connait l’identité de près de quatre-vingts aubergistes en Italie et en Gaule, dont cinquante-six à Pompéi. À Sens (Yonne), l’épitaphe d’un tenancier du IIe siècle précise : « Consacré aux dieux mânes. A Primius Fronto, aubergiste d’origine trévire. Ses amis ont élevé ce monument à leurs frais » (C.I.L., XIII, 2956). À Nîmes, l’un d’eux, citoyen romain et probablement propriétaire mais non tenancier, porte le nom de Lucius Trebonius Nicephorus tandis qu’à Narbonne, Lucius Afrianus est un affranchi. D’autres stèles funéraires évoquent des aubergistes à Bourges et à Autun. À Aesernia (Italie), leaesernia.jpg couple de tenanciers formé par Lucius Calidius Eroticus et Fannia Voluptas (tout un programme, et manifestement des pseudonymes professionnels !) ne devait pas manquer de pittoresque. Du moins si l’on en croit leur épitaphe commune. Au-dessus d’un relief figurant un client sut le départ est gravé ce savoureux dialogue :

« - Aubergiste, faisons nos comptes !

 – Tu as pris une mesure de vin, du pain : 1 as. Pour le ragoût : 2 as.

– D’accord. –Pour la fille : 8 as.

– Cela ma va aussi.

– Le foin pour le mulet : 2 as.

– Ce maudit mulet me ruinera ! » (C.I.L., IX, 2689).

 

 

Images :Scène d'auberge et de ravitaillement en vin. Musée de Trèves (Allemagne).  _  Stèle d'Aesernia (Italie)

 

Source : L'Archéologue N° 105

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5 octobre 2012 5 05 /10 /octobre /2012 05:57

Première partie cliquez ici

 

Les ports fluviaux.

 

Le point de convergence d’une route et d’une voie d’eau constituait une voie privilégié pour établir un port. Là où le courant s’avérait un peu moins rapide –dans un bras de rivière moins actif ou à une confluence par exemple- on consolidait la berge par des lignes de pieux et un quai était construit. Des entrepôts et divers baraquements suffisait souvent à compléter l’installation.

Quelques ensembles portuaires identifiés récemment permettent de compléter ce schéma.

Escale pour les marchandises acheminées vers l’Océan, le port de Lutèce était doté d’un quai maçonné dont trois tronçons seulement sont connus à ce jour.

Découvert en 1980 après l’aménagement de la crypte archéologique sous le parvis de Notre – Dame, ce quai, vraisemblablement construit sous le règne de Tibère (14 – 37), se composait d’un mur robuste coupé tous les six mètres environ par une rampe inclinée pavée de pierres plates. Large de cinq mètres, ces rampes ménageaient une succession d’accès directs à la Seine.

Du port fluvial d’Amiens n’ont été reconnues jusqu’à présent que quelques traces d’aménagements, localisées sur le tracé antique de l’Avre, affluent de la Somme. Une ligne de gros blocs consolidait la rive tandis que le remblai de la berge était stabilisé par une double rangée de pieux, dont l’une, la plus éloignée de l’eau, était disposée en quinconce. Plus en arrière un plancher était soutenu par un réseau de rondins horizontaux maintenus par des pieux.

Ces éléments lacunaires sont heureusement complétés par des découvertes comme celles de Lazenay dans les faubourgs de Bourges en 1974 et surtout de Pommeroeul en Belgique en 1975.

Le bassin du port de Bourges était établi dans un bras mort de la rivière d’Auron. Aménagé perpendiculairement au cours d’eau, il offrait une largeur de quinze mètres environ et se développait sur une longueur d’une centaine de mètres. Le fond argileux en avait été soigneusement nivelé. Le mur du quai, haut d’un mètre cinquante, présentait une armature parfaite de pieux verticaux enfoncés tous les deux mètres et d’une double séries de poutres horizontales, assemblés par des tenons et des mortaises. Les intervalles entre les pièces de bois étaient comblés par des moellons disposés régulièrement sans mortier. Des niches s’ouvraient dans le parement, destinées vraisemblablement à briser les vaguelettes et à favoriser l’écoulement des eaux venues de la berge. Cette installation portuaire construite au début du Ier siècle, devait dépendre d’un grand domaine. Son trafic portait essentiellement sur les matériaux de construction et d’ornementation, marbre notamment, mais aussi sur les denrées pondéreuses, céréales par exemple.

Le port fluvial de Pommerœul fut implanté sur un bras de la rivière Haine, un affluent de l’Escaut. Les fouilles ont mis en évidence les travaux de consolidation de la berge. On disposa des planches horizontales maintenues par des pieux verticaux. Mais la poussée des terres fut telle que le dispositif fut bientôt détruit et, prenant appui sur la rive, un débarcadère fut établi. Barrant presque toute la passe il couvrait une surface de six mètres sur quinze et se composait d’une plate-forme en planche supportées par huit poutres horizontales, qui reposaient sur la berge et sur de robustes pieux équarris. Les objets recueillis dans les alluvions ont permis de préciser que le trafic de ce port, (dont la période d’activité s’échelonne entre le milieu du Ier siècle et la fin du IIIe) portaient principalement sur les peaux, les produits finis en cuir, chaussures notamment, la houille, les matériaux de construction, la tourbe et les productions agricoles des villas avoisinantes.166.jpg

 

Des très nombreux établissements analogues ponctuaient les cours des fleuves et des rivières. Au nombre des mieux connus figurent notamment les ports de Lyon, dont les celliers voûtés et le quai dallé soutenues par plusieurs rangées de pilotis furent mis au jour dès 1740, de Chalon-sur-Saône, de Cologne et de Genève. Ce dernier, construit sur la rive gauche du lac, n’offrait pas moins de trois bassins, in quai, un ponton d’embarquement, et des brise-lames au large. Genève bénéficiait d’ailleurs d’un second port que bureaux et entrepôts de la douane séparaient du premier.

 

Source : Les Gallo-romains, Gérard Coulon éd. Armand Collin

Image : Port de Ratianum (Loire-Atlantique) www.reze.fr

Excellent article sur la découverte du port de Ratianum : Cliquez ici

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24 septembre 2012 1 24 /09 /septembre /2012 06:27

arenes-Lut.jpgSituées à l'extérieur de la ville romaine, les arènes de Lutèce (Ier siècle) pouvaient accueillir 17.000 spectateurs, alors que la population de la cité n'excédait pas 10.000 âmes. Cet amphithéâtre attirait un large public, venant souvent de loin, friand de combats entre gladiateurs ou avec des fauves ramenés d'Afrique, d'exécutions de prisonniers ou de représentations théâtrales. La piste centrale elliptique présente un axe de 52,50 m. La scène de théâtre, dressée sur le podium, mesure 41,20 m de longueur. Elles sont restées en activité jusqu'à la première destruction de Lutèce à la fin du IIIe siècle. En 1869, Théodore Vacquer les redécouvre à la faveur du percement de la rueMonge et elles bénéficient d'une restauration en 1917-1918. arenes-Lut2.jpg                       Les arènes incrustées dans le paysage actuel.

 

Crédits photo : Dassault Systèmes

 

Le Figaro.fr propose une reconstitution de différentes places historiques de Paris, en image de synthèse. Outre les arènes de Lutèce, le Louvre et la Bastille sont proposés. Cliquez ici

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20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 06:49

La navigation fluviale a tenu un rôle important à l’époque gallo-romaine, et aucune province de l’Empire romain ne connut un tel développement dans ce domaine. Les bateliers de l’époque utilisèrent même les plus modestes rivières.

Le trafic par voie d’eau qui avait déjà un rôle important à l’époque de l’indépendance prit un essor considérable après la conquête. La parfaite maîtrise des artisans gaulois en matière de charpente et de technique du bois les faisait en effet exceller dans la fabrication de bateaux.  Une construction d’autant plus justifiée que le réseau fluvial de la Gaule, dense et harmonieusement disposé, offrait aux transporteurs les itinéraires les plus variés.

 

Dans une page célèbre, Strabon se montre particulièrement sensible à cette heureuse distribution : « Tout le pays est arrosé de fleuves, qui descendent les uns des Alpes, lesHommes-et-fleuves-en-gaule-romaine_visuel_notice_gauche.jpg autres des Cévennes et des Pyrénées, et se jettent les uns dans l’Océan, les autres dans notre mer (la Méditerranée). Les pays qu’ils traversent sont pour la plupart des plaines et des collines qui ont entre elles des cours d’eaux navigables. Et les rivières sont si heureusement situées l’une par rapport à l’autre que les transports sont aisés d’une mer à l’autre, les cargaisons cheminant sans peine également par les plaines sur une courte distance, mais surtout par les fleuves qu’elles remontent ou descendent. À cet égard, le Rhône présente un certain avantage car il reçoit de toute part des affluents ; il touche à notre mer, bien meilleur que la mer extérieure (Atlantique) ; enfin il traverse la partie la plus fertile de ces contrées (en effet, la Narbonnaise tout entière a les mêmes produits que l’Italie)… Il vaut la peine de noter avant tout, comme nous l’avons déjà dit, l’heureux accord dans ce pays entre les fleuves et la mer (aussi bien la Mer extérieure que la Mer intérieure). On trouverait, en y arrêtant sa pensée, que ce n’est pas là le moindre facteur de l’excellence de ces contrées – j’entends que tout ce qui est nécessaire à la vie peut aisément faire l’objet d’échanges entre tous et que les avantages qu’on en tire son commun à tous(…). Aussi pourrait-on voir là l’œuvre de la providence qui aurait disposé les lieux non au hasard, mais conformément à un plan. En effet, le Rhône se laisse remonter longuement même par des bateaux lourdement chargés, et en direction de nombreuses régions du pays, du fait que ses affluents sont navigables et accueillent les plus grands tonnages. La Saône lui succède puis le Doubs, son affluent. Ensuite on va à pied jusqu’à la Seine. De là, on descend le fleuve jusqu’à l’Océan et chez les Lexoviens et les Calètes (peuples occupant respectivement les régions de Lisieux et de Rouen). De chez ces peuples pour aller en Bretagne, la course est de moins d’une journée. Comme le Rhône est rapide et facile à remonter, certaines marchandises sont transportées de préférence sur des chars, celles qui sont convoyées chez les Arvernes et vers la Loire, bien que le Rhône s’en approche en partie. Mais la route étant en plaine et un peu longue – environ huit-cents stades [soit cent quarante huit kilomètres, le stade valant environ cent quatre-vingt-quinze mètres] – incite à éviter la remontée du fleuve, puisqu’il est plus aisé de voyager par terre. La Loire est ensuite le relai naturel (elle coule des Cévennes en direction de l’Océan). De Narbonne on remonte l’Aude sur une petite distance. On marche ensuite plus longuement jusqu’à la Garonne (soit environ huit cents ou sept cents stades). La Garonne se jette dans l’Océan. »

 

Afin de favoriser encore ces communications fluviales, l’autorité romaine procéda à divers aménagements comme la digue destinée à maîtriser le cours du Rhin. On forma même le projet de relier le bassin du Rhône à celui du Rhin en creusant un canal entre la haute vallée de la Saône et la Moselle.

 

Les embarcations.

 

Plusieurs types étaient en usage en fonction de l’importance des cours d’eau. Des pirogues monoxyles, c’est-à-dire creusées dans une seule pièce de bois, et des radeaux munis de flotteurs, sillonnaient les rivières peu profondes. Un flotteur constitué d’un tronc de chêne évidé, long de neuf mètres cinquante fut découvert en 1980 à Flavigny-sur-Moselle ; inutilisable seul, - deux hautes traverses empêchaient les déplacements à l’intérieur – cet élément dont l’aspect évoque celui d’une pirogue, appartenait primitivement à un radeau à plate-forme. Le plancher était supporté par deux pièces de bois transversales, lesquels étaient assujetties par des chevilles aux deux flotteurs latéraux.

De semblables radeaux n’exigeant qu’un très faible courant d’eau devaient assurés le cabotage sur la Moselle supérieure.

Les petits cours d’eau étaient également parcourus par des bateaux à fonds plats, manœuvrés à la rame ou par halage, les rates. Tout aussi répandus étaient les lintres, barques de transbordement à coque et à fond arrondis dont la poupe et la proue étaient relevées et recourbées. Munis d’un petit mât auquel s’attachaient les cordages destinés au halage, ces barques étaient dirigées grâce à une rame gouvernail manœuvrée à l’arrière. Le célèbre bas-relief de Cabrières d’Aigues représente une de ces embarcations chargée de deux tonneaux. C’est peut-être un bateau de ce type qui gisait parmi les alluvions accumulés à l’emplacement du port Pommeroeul en Belgique. La proue et la poupe qui paraissaient surélevées, étaient malheureusement détruites. Quoi qu’il en soit, sa longueur totale peut être estimée à douze mètres et quatre membrures assuraient la rigidité de la coque.épave-romaine

Les pontones, bateaux plus volumineux, pontés et susceptibles d’accueillir des rameurs, sillonnaient les principaux cours d’eaux. Ces navires pouvaient d’ailleurs être mus également à la voile ou par halage.

Un chaland à fond plat découvert à Pommeroeul, dérivait de ce type d’embarcations. Longchaland-de-pommeroeul.jpg d’une vingtaine de mètres à l’origine, large de trois mètres à sa partie centrale, ce navire se signale par la simplicité de sa construction. Au départ une simple pirogue fendue en deux dans le sens de la longueur, dont le fond est ensuite élargi par des planches intercalées. Des membrures, fixées par de longs clous, conféraient à l’ensemble robustesse et cohésion. Mais ce bateau se singularise surtout par les restes d’une cabine coiffant la poupe et la présence d’un bord horizontal et suffisamment large pour permettre à un batelier de circuler librement d’un bout à l’autre afin de manier gaffes et perches pour la propulsion. Cette structure particulière du bord permettait aussi un chargement plus rationnel, la cargaison pouvant dès lors occuper la totalité du fond du bateau.

À ces embarcations les plus courantes s’ajoutaient des bateaux rapides mus à la rame et des navires de plaisance. En un mot, une flottille fort diversifiée dont les manœuvres nécessitaient des installations spécifiques.

 

Source : Les Gallo-Romains _ Gérard Coulon éd. Armand Colin

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17 septembre 2012 1 17 /09 /septembre /2012 06:53

C'est lors de la construction de la ligne de chemin de fer de Chalindrey à Mirecourt en 1879 que fut découverte une grande villa gallo-romaine sur le territoire de la communeandilly.JPG d'Andilly-en-Bassigny (Haute-Marne).

Le site fut tout d'abord fouillé en 1895 par le curé du village, Virgile Multier (1859-1932), oublié, puis redécouvert dans les années 1960, il fut de nouveau fouillé par P. Ballet et T. Zeyer de l'association des Sciences naturelles et d'archéologie de Haute-Marne qui mirent au jour une grande construction dotée de thermes privés monumentaux particulièrement bien conservés avec vestiaire, salle tiède, piscine chaude, étuve et piscine froide.

Cet ensemble fut construit au cours du premier siècle après J.-C., agrandi au deuxième et occupé jusqu'au quatrième. Les fouilles ont également mis au jour une nécropole mérovingienne d'une centaine de sépultures établie dans les ruines de la villa et datée des VIe et VIIe siècle.

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22 juin 2012 5 22 /06 /juin /2012 18:02

Au VIe siècle avant Jésus Christ, quittant les terres peu fertiles d’Asie mineure, les Phocéens se tournèrent vers la mer. Tandis que Milet envoie des colonies sur les côtes du Pont-Euxin (mer Noire), Phocée lance vers l’occident ses vaisseaux rapides qu’entraînent cinquante rameurs.


Les riches métaux du pays de Tartessos sont une des matières essentielles de leur commerce. En – 600, conduits par Simos et Protis, de jeunes Phocéens fondent Massalia (Marseille) et s’assurent des escales sur le littoral ibérique. Vers – 565, pour éviter de longer le littoral étrusque, ils fondent sur la rive orientale de l’île de Kurnos (la Corse) un nouveau comptoir : Alalia, au débouché du Tavignano. Ce sont des commerçants, pas des pilleurs, aussi la population locale y trouvant probablement son compte, ne s’oppose pas à leur installation.

Celle-ci présentait trois principaux avantages : tout d’abord les richesses d’un arrière-pays ; ressources minières non négligeables (cuivre, fer, plomb argentifère, chaux). En outre, l’importance stratégique de l’île n’échappait point à ces Grecs soucieux d’établir en Méditerranée Occidentale leur hégémonie maritime ; désormais, ils pouvaient prétendre contrôler les côtes d’Etrurie et du Latium et surveiller la mer Tyrrhénienne. De Carthage à Marseille, l’itinéraire maritime par la Corse était enfin le plus rapide : 8 jours 5/6 et 7 nuits  contre 22,5 jours et 19 nuits par l’Italie et la Sicile, et 16 jours et 15 nuits par l’Afrique du Nord et l’Espagne.

Une nouvelle civilisation commence à naître : les Grecs introduisent la vigne et l’olivier, exploitent les forêts, élèvent des temples, etc.


En – 553, une grande bataille navale eu lieu, opposant les Phocéens à une coalition de Carthaginois et d’Étrusque, décidés à ne pas laisser les Grecs se forger un empire rival. Vaincu, les Phocéens se replient sur Marseille et Rhégion, abandonnant la Corse à leurs terribles rivaux[1].

La domination étrusque sera de courte durée. Viennent ensuite les Syracusains, puis les Carthaginois mais ceux-ci se heurtent à la population corse bien décidé à conserver sa vie et ses traditions. Ce qui fera d’ailleurs dire à Diodore de Sicile que les esclaves corses « ne sont pas apte à cause de leur caractère naturel, aux mêmes travaux que ceux des autres nations ».

 

En dépit du traité de neutralité signé en 509, les intérêts économiques de Carthage contrecarraient inévitablement les ambitions de Rome. Luttes implacables, longues et acharnées, les Guerres Puniques qui détruisent l’Empire africain font de la Méditerranée un lac romain et de la Corse une terre romaine.

 

En 260 avant J.C., le consul L. Cornelius Scipion, vainqueur du combat naval de Myles, passe en Corse et entreprend de lutter contre les troupes du Carthaginois Hannon. Alalia succombe après un siège des plus sévères. À la paix de 241, Carthage conserve pourtant la Corse. Ce n’est qu’un sursis. Profitant de la révolte des mercenaires, T. Sempronius Gracchus conduit alors les légions dans l’île ; l’hostilité des indigènes à cette mainmise romaine nécessite l’organisation de nouvelles expéditions en 236, 234, 231. Les efforts des consuls Licinius Varus, M. Malleolus, C. Papirius Maso aboutissent au rattachement de la Corse à l’administration de la République. En – 221, deux prêteurs gouvernent la province de Sardaigne dans laquelle est englobée la Corse. Une Corse conquise mais non soumise : aux rebellions et soulèvements intermittents des cités côtières s’ajoutent une permanente guérilla. En – 173, 7 000 combattants corses tombent en un seul combat. Les légions de Juventius Thalna et la flotte de P. Scipio Nasica ont néanmoins raison des derniers insurgés. En - 163, la Corse est « pacifiée ». L’île a perdu alors la moitié de ses 30 000 habitants.

 

La Corse romaine


La civilisation romaine peut donc s’étendre dans l’île ; taxes, impôts, réquisitions s’abattent alors sur les insulaires. A l’exemple de Verrès, le proprêteur de Sardaigne-Corse, Aemilius Scaurus, beau-fils de Sylla édifie une fortune scandaleuse aux dépens des indigènes ; défendu par Cicéron, il sera bien sûr acquitté.

En 94 avant J.C., à l’embouchure du Golo, Marius implante la colonie de Mariana ; en -81, Sylla case à Aleria une partie de ses vétérans, ce qui entraîne le démantèlement des grandes exploitations de la plaine. César qui séjourne en Corse en – 46, renforce la colonisation (et donc le contrôle militaire), colonisation réalisée aux dépens des meilleurs terres corses intégrées dans l’ager publicus.

Auguste érige la Corse en province impériale, administrée par un procurateur soumis à ses ordres directs et résidant à Aleria. Colonie de peuplement, l’île accueille des vétérans en quête de terre, des légionnaires démobilisés, des retraités avides de soleil et de tranquillité.

Repliés dans leurs montagnes, les Corses abandonnent-ils les plaines côtières à l’occupant ? Est-ce seulement dans les régions littorales qu’on peut parler de véritable romanisation ? En fait, progressivement, s’opère une assimilation profitable aux petits et grands propriétaires. D’Orient, d’Italie, arrivent de nouveaux colons. Plus de 100 000 habitants vivent ainsi dans l’île à l’apogée de l’Empire. La langue latine, gage de toute réussite, rapproche les mentalités. Mais dans la plaine orientale, les tentatives pour faire surgir une agriculture aux mains de petits propriétaires tournent court. Blé, vigne, olivier relèvent de grands domaines. Dans les 33 cités, le mode de vie ressemble à celui qui anime toutes les conquêtes romaines.

Insensiblement les montagnes connaissent une hémorragie qui pousse vers les hautes vallées et les cités côtières une partie des habitants. Deux grands centres étendent leur influence : Mariana et Aleria.  Avec ses 20 000 habitants, cette dernière fait figure de capitale et de centre commercial réputé. Les brassages de population transforment l’idiome corse en un dialecte dans lequel Sénèque retrouve des éléments « de latin, de cantabre, de ligure et de grec ».Corsica et Sardinia SPQR

Jugées peu attirantes en raison de leur rudesse, la Corse sert parfois de lieu de bannissement durant l’Empire romain.

Il est probable que Rome construit alors : thermes, aqueducs, forums, prétoires, temple ; mais Rome accapare l’essentiel des richesses : céréale, huile d’olive, poisson, sel, miel, minerais, liège et bois de construction navale… Et l’on sent bien dans les écrits d’auteurs romains le fossé qui sépare les deux peuples : Question de Sénèque : « Quoi de plus féroce comme peuple ? » affirmation de Tite-Live ; « Ce peuple n’a point du tout d’humanité, et il est plus intraitable que les bêtes elles-mêmes » ; constatation de Strabon : « Les montagnards corses vivent de brigandage. Toutes les fois qu’un général romain en ramène quelques-uns à Rome, en esclavage, c’est un singulier spectacle de voir leur férocité et leur stupidité ; ou bien ils se donnent la mort, ou bien leur indocilité et leur stupidité fatiguent leurs maîtres, au point de faire regretter le prix, même minime qu’il soit, auquel ils ont été achetés ».


Christianisation de la Corse.


À partir du IIe siècle, le christianisme conquiert lentement les campagnes et les villes. L’identité des premiers missionnaires peut-être envoyés par Saint Pierre ou Saint Paul, reste imprécise. Ce qu’il y a de certains, c’est que la nouvelle religion doit composer avec les vieilles croyances païennes, force constitutive d’une société encore rurale. Deux grandes figures de martyres émergent de cet anonymat : Sainte Julie étranglée etdevotetorturee.jpg crucifiée à Nonza, après avoir eu les deux seins coupés sur ordre du gouverneur Félix (450) ; Sainte Dévote[2], patronne de la Corse, que le préfet Barbarus fait trainer sur un sol rocailleux. À proximité de l’ancienne cité de Mariana subsistent encore les grottes de Santa Devota, où les premières communautés chrétiennes trouvèrent asile pour célébrer prières et offices. Cinq cités du littoral, Aleria, Mariana, Nebbio, Sagone, deviennent sièges épiscopaux.

 


[1] La bataille d'Alalia

[2] Sainte Dévote ou le courage de la foi

 

Source : Histoire des Corses, Louis Comby éd. Fernand Nathan.

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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 06:18

  Aregenua (Vieux-la-romaine), est un site archéologique situé dans le Calvados. Autrefois capitale du peuple gaulois des Viducasses, Aregenua est citée comme ville étape sur la table de Peutinger.

  Créée au Ier siècle ap. JC, elle connaît son âge d'or aux IIème et IIIème siècles.

Petit à petit délaissée, la capitale gauloise ne deviendra qu'une petite ville d'agglomération au Moyen-âge, aujourd'hui connue sous le nom de Vieux.

 

  Bien qu'Aregenua ait été identifiée dès le XVIIème siècle et fouillée à maintes reprises à partir de 1697, son plan et ses monuments restent néanmoins très mal connus. De 1988 à 1991 a été menée la fouille exhaustive d'un gisement de 2600m² situé dans le quartier des thermes de la ville antique. Ces explorations ont conduit à la mise au jour de nombreuses structures (bâtiments et voies de diverses époques) qui, du fait de l'absence d'urbanisation depuis l'époque romaine, ont pu être étudiées dans de relativement bonnes conditions.

   L'élément le plus remarquable du lot est constitué par une très riche demeure (domus) consolidée et restaurée en 1992-1993.

   Dans son état actuellement visible, cette dernière date de la fin du IIe siècle ou du début du IIIe siècle et recouvre les vestiges plus ou moins bien conservés de cinq niveaux successifs de constructions.

aregenua.jpg                                                  Vue d'ensemble de la maison au grand peristyle

 

Elle occupe une superficie d'environ 1500m² mais l'existence d'un étage sur les ailes nord et ouest porte la surface réellement occupée à plus de 2000m². Ces dimensions sont remarquables pour une maison urbaine.

L'intérêt de cette domus réside, en effet, moins dans ses dimensions,normales pour une demeure noble, que dans son plan et dans son ornementation, mais aussi dans le fait qu'il s'agit d'un des très rares cas d'habitat urbain riche intégralement fouillé en Gaule.

La maison est bâtie sur un plan centrée sur un jardin à péristyle autour duquel sont disposées des rangées de pièces.

aregenua-maquette-maison.jpg

vieux colonne  vieux statue

Contrairement à ce que pourraient laisser penser les ruines actuellement visibles, la décoration de la maison, telles que la fouille et l'étude qui l'a suivie ont permis de la restituter, était extrêmement riche et colorée.

Hormis les peintures, omniprésentes, le décor était constitué de colonnes ciselées de motifs végétaux ou de scènes figurées, de piliers ornés de bas-reliefs à scènes mythologiques, de plusieurs mosqaïques polychromes et sans doute également de statues dont une a été retrouvée dans un salon d'apparat.

Les éléments retrouvés lors de la fouille font actuellement ce cette construction la demeure la plus richement décorée connue en Gaule.

schema_maison.jpg  Une large galerie dallée longeant la façade de la maison servait de trottoir protégé de la pluie et du soleil. En bordure de rue, des colonnes posées sur de gros blocs de marbre soutenaient l'étage construit en encorbellement au-dessus de cette galerie.

  La maison est appelée "maison au grand peristyle" à cause de son grand péristyle centrale. Un péristyle est une galerie de colonnes faisant le tour extérieur ou intérieur d'un édifice, en dehors de son mur d'enceinte. peristyle-vieux.jpg                                        Le grand peristyle vu du belvédère

peristyle-bassin.jpg                                                      Le bassin et les colonnades du peristyle

 

Source : http://photos.piganl.net

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5 mars 2012 1 05 /03 /mars /2012 07:28

Etymologie : du latin urbanus, de la ville.
L'urbanisation est l'action d’urbaniser, c'est-à-dire de favoriser, de promouvoir le développement des villes par la transformation de l'espace rural en espace urbain.
Le terme "urbanisation" désigne aussi le phénomène historique de transformation de la société qui se manifeste par une concentration croissante de la population dans des agglomérations urbaines. L'urbanisation se mesure par le nombre d'habitants dans les villes par rapport à l'ensemble de la population, la densité de population, l'extension territoriale des villes et ses conséquences sur le mode de vie.
L'urbanisme est l'art de construire, de transformer, d’aménager les villes au mieux de la commodité, suivant les règles de l’esthétique et de l’hygiène. En tant que discipline et domaine professionnels, l'urbanisme recouvre l'étude du phénomène urbain, l'action d'urbanisation et l'organisation de la ville et de ses territoires.

 

 

   C'est à partir d'un axe principal orienté nord-sud matérialisé par l'actuelle rue Saint-Jacques, d'un point de franchissement commode de la Seine et du faible relief d'une petite éminence naturelle, la montagne Sainte-Geneviève, que s'est mis en place le premier parcellaire gallo-romain de Lutèce.

 

   Les premières installations de la montagne Sainte-Geneviève.

 

  La montagne Sainte Geneviève est l'une des collines qui entourent, au sud, la plaine alluviale de Paris, façonnée par les méandres de la Seine. Sa superficie correspond grossièrement au Ve arrondissement qui forme avec une partie du VIe, les contours de la ville gallo-romaine.

  Les vestiges et le mobilier les plus anciens ont été retrouvés au sommet de la colline. À partir de là, le tracé des parcelles, l'implantation des rues et les premiers lotissements se sont développés sur les flancs su et nord jusqu'au fleuve, puis sur l'île de la Cité et la rive droite. Les vestiges d'habitat les plus précoces ont été mis au jour dans ce secteur géographique, entre la rue Cujas, de l'Abbé de l'Épée, Pierre et Marie Curie, ainsi qu'à l'École des Mines et à l'Institut Curie. Les insulae sont loties prioritairement sur leur périmètre, en bordure des voies et passages. À l'intérieur, les premières maisons sont mitoyennes ou isolées au milieu de grands espaces non bâtis ; cours, friches, vastes zones de circulation. Ce sont des modules d'habitation rectangulaires en structure légère - murs de torchis sur sablières basses - parfois bordées de portiques.

 

       Un premier parcellaire en fossé.

 

  Les premières traces de découpage de l'espace observée sur la rive gauche de la Seine sont matérialisées par des systèmes de fossés de section en V ou en U.

  La forme et les dimensions de ces fossés rappellent les techniques utilisées dans les fossés du Verbe-Incarné et de la rue Le Châtelier, à Lyon, dispositif léger, pourvu d'une rigole et de bois de défense à leur base. Sans remettre en cause l'origine militaire de cette technique d'ouvrage, l'interprétation de ces fossés va dans le sens d'un tracé primitif de parcellaire, ou d'un premier état  d'urbanisation, faisant appel à des techniques empruntées au génie militaire.

 

     Le tracé des rues.

 

  La distribution des rues par rapport aux axes fondateurs de Lutèce est assez irrégulière. Et ce, aussi bien dans ce qu'il convient d'appeler la périphérie urbaine lutécienne que dans le centre monumental. Ces irrégularités sont toutefois structurantes pour les zones de la ville dans lesquels elles se trouvent, créant même de véritables réseaux urbains secondaires. On observe ainsi dans la partie sud du cardo, une variation de tracé qui entraîne une autre logique d'organisation reprise par les rues qui lui sont parallèles et perpendiculaires.

  Ces irrégularités semblent s'imposer sur les rues principales qui prolongent les voies d'accès à la ville. Plus simplement, certaines rues secondaires étaient souvent plus utilisées que les voies tracées.

  La plupart des rues créées au début de l'urbanisation gallo-romaine de Lutèce vont perdurer jusqu'au IVe siècle, ainsi que bon nombre de limites parcellaires à l'intérieur des îlots.lutece-antique

 

     Les aménagements des berges de la Seine et de l'île de la Cité.

 

  Le guet que constitue l'île de la Cité, peut-être préhistorique, est un lieu stratégique de passage entre le nord et le sud et d'échange entre le fleuve et le territoire de la cité de Lutèce. Au début de la romanisation, l'île est encore coupée en deux par une zone inondable qui la configure en deux îles.

  Si l'on situe les années de ce grand chantier d'urbanisation, pendant la période augustéenne (27 av. - 14 ap. J.C.), ce n'est que sous Tibère que commence véritablement l'insertion de l'île dans l'espace urbanisé. L'analyse dendrochronologique des bois recueillis a en effet permis de fixer leur date d'abattage à l'hiver de l'année 3 après Jésus Christ. À la différence de la rive gauche, l'aménagement des abords du fleuve et le façonnage des îles s'est déroulé sur une période assez longue et par étapes successives.

  L'île est remodelée et le port créé sous Tibère (14 - 37). Les données archéologiques mettent en évidence l'existence d'une zone portuaire sur le petit bras de la Seine, sur le versant sud de l'île de la Cité. Des agencements particuliers destinés d'une part à maîtriser les variations du fleuve et d'autre part à rendre accessible cette berge au trafic fluvial ont été mis au jour.

  Viennent ensuite l'aménagement des berges par un appontement en bois le long du quai, fondé dans l'argile et reposant sur des pieux de bois et enfin, l'installation d'un complexe de poteaux et de pieux dans la zone inondable entre les deux îlots. Tous ces travaux ont été menés de front suivant un véritable projet urbain conçu pendant la période augustéenne.

  La prédominance de la rive gauche, et plus particulièrement de la montagne Sainte Geneviève, apparaît bien dès l'instauration du premier parcellaire de Lutèce. À l'intérieur de ce cadre, va se mettre en place, à partir de l'époque flavienne, la construction de l'appareil monumental comme une organisation scénographique, destinée à être vue depuis le cours du fleuve perdurera au cours du développement urbain et architectural que connait la ville jusqu'au IIIe siècle.

 

Source : Sylvie Robin, Histoire Antique H-S N° 10

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