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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 10:15

ESSAI SUR LA CONDITION DES BARBARES ÉTABLIS DANS L'EMPIRE ROMAIN AU IVè SIÈCLE

 

CHAPITRE VI - LES GENTILES

 

Leur date probable, postérieure à celle des Læti. — Leurs principaux cantonnements.

 

L’époque où ces nouveaux établissements de Barbares commencèrent à être fondés peut se déterminer d’une manière sinon rigoureuse, du moins approximative. Ils sont évidemment postérieurs à ceux des Læti sur le modèle desquels ils furent créés. Nous n’avons pour les Gentiles aucun texte d’une aussi haute antiquité que pour les Læti qui remontent, nous l’avons vu, à la seconde moitié du siècle. Les premières institutions de Gentiles doivent être contemporaines du Ier siècle, du règne de Constance et de Julien. Nous savons en effet que l’empereur Constance fit la guerre aux Sarmates. Ammien nous a raconté ces diverses expéditions, commandées par le fils et l’héritier de Constantin, expéditions glorieuses pour les armes romaines et qui aboutirent à une paix avantageuse, sinon durable[24]. Les rapports entre les Romains et les Barbares devinrent plus fréquents à partir de cette époque ; il se fit de ce côté-là une infiltration étrangère analogue à celle qui avait eu lieu précédemment dans les Gaules et dans les provinces occidentales. Ce n’était pas sans doute la première fois que les Sarmates étaient admis sur le territoire romain pour le coloniser. Déjà, sous Constantin, les esclaves des Sarmates s’étaient révoltés contre leurs maîtres ; ces derniers avaient dû s’expatrier ; ils étaient venus demander un asile à Constantin qui les avait reçus favorablement, au nombre de plus de trois cent mille de tout âge et de tout sexe, et les avait cantonnés dans la Thrace, dans la Scythie, dans la Macédoine, jusque dans l’Italie ; mais l’expression même dont se sert l’auteur latin (per Thraciam, Scythiam, Macedoniam, Italiamque divisit) prouve qu’ils furent admis sous la tenure du colonat, alors si usuelle[25]. Il en est de même probablement de ces prisonniers goths et taïfales, vaincus par Frigéridus et qui furent relégués en Italie, sur le territoire de Modène, de Reggio, de Parme ; comme colons tributaires[26]. Le rhéteur Ausone, dans son poème de la Moselle, où il décrit le cours du fleuve, et qu’on croit généralement avoir été composé vers l’an 370, parle aussi d’un établissement antérieur de colons sarmates[27], mais il y a lieu de croire que ces Sarmates étaient, comme les précédents, des tributarii et non des colons militaires, tels que les gentiles de la Notitia, ayant à leur tête des Præfecti. Le raisonnement de Zumpt[28], qui prétend qu’on n’aurait jamais établi des Barbares Dedititii si, près de la frontière du Rhin, dans un pays exposé aux incursions perpétuelles des Allamans, n’a pas paru concluant à Böcking[29]. Saint Jérôme, dans sa Chronique, rappelle l’expulsion des Sarmates libres par les Limigantes leurs esclaves, et leur entrée sur le territoire romain[30] ; il place cet événement, sous les fils de Constantin, l’an 337 ; mais c’est évidemment le même fait que nous voyons relaté dans l’Anonyme de Valois, avec une simple différence de date, et par conséquent on ne saurait leur assigner une autre condition que le colonat. Enfin, si on voulait remonter plus haut, jusqu’aux premières guerres des Romains avec les Quades, les Marcomans, les Iazyges, il faudrait chercher, dans les traités conclus par Marc-Aurèle avec ces différents peuples barbares[31], la première origine de l’institution des Gentiles, ce qui n’est ni vraisemblable, ni admissible.

Le texte le plus important que nous possédions sur les Gentiles est la fameuse constitution impériale adressée par les empereurs Valentinien et Valens à Théodose, maître de la cavalerie[32]. Cette constitution interdit formellement et sous les peines les plus sévères toute union matrimoniale des Barbares avec les Romains, des Gentiles avec les habitants des provinces, provinciales. Nous avons déjà eu l’occasion de nous prononcer sur le véritable caractère de cette loi à propos des Fœderati et des Læti ; en ce qui concerne les Gentiles, on ne peut nier qu’elle leur fût applicable. Les Romains avaient lieu de se défier des Barbares et l’on pouvait à bon droit suspecter des mariages qui leur permettaient de comploter contre l’Empire. L’influence secrète des femmes a toujours été considérable. Que de renseignements précieux fournis par elles ! Que d’aveux arrachés à la coupable faiblesse des maris ! Les Barbares, on le sait, n’était pas scrupuleux sur les moyens ; ils ne craignaient pas de joindre la ruse et la force et pratiquaient déjà à un haut degré cette habileté qui distingue encore aujourd’hui les races germaniques. Les Sarmates, en particulier, avaient une réputation de duplicité[33]. Ces trames, ourdies à la faveur de l’hospitalité qui leur était accordée, ces conspirations, ces sociétés secrètes dans lesquelles étaient entraînés les Romains eux-mêmes, devaient irriter profondément le gouvernement impérial et lui dicter parfois des mesures excessives[34], mesures admises par les Barbares aussi bien que par les Romains. Les Rugiens, chassés de leur demeure primitive par les Hérules et établis sur les bords du Danube, dans le pays abandonné par les Quades, n’épousaient jamais des femmes étrangères[35]. Les Visigoths interdirent formellement les alliances de Barbares avec des femmes romaines et de femmes romaines avec des Barbares sous peine de mort[36]. Assurément ce n’était point la différence de religion qui motivait ces exclusions et limitait ainsi le droit de mariage, comme pour les Juifs[37] ; la politique religieuse des successeurs de Constantin était une politique de tolérance et consacrait le principe de la liberté des cultes ; ce fut plus tard seulement qu’on fit des lois prohibitives contre ceux qui demeuraient attachés au paganisme ou qui avaient embrassé l’hérésie.


[24] Ammien, lib. XVII, c. XII, XII.

[25] De Constantine Magno excerpta, § 32.

[26] Ammien, lib. XXXI, c. IX.

[27] Ausone, Mosella, v. 9.

[28] Zumpt, p. 65.

[29] Böcking, De Gentilibus, p. 1085.

[30] Hieronymi chron., ad a. 337 (éd. Roncall., I, p. 498).

[31] Böcking, De Gentilibus, p. 1085 (notes).

[32] Cod. Théod., III, tit. 14, De nuptiis Gentilium, loi 1.

[33] Anon. de Val., Excerpta de Constantine M. — Böcking, De Gentilibus, p. 1088.

[34] Cod. Théod., IX, tit. 14, De sicariis, loi 3.

[35] Procope, De Bello Gothico, III, 2.

[36] Hænel, L. Rom. Visig., p. 92.

[37] Cod. Théod., XVI, tit. 8, De Judæis, loi 6. — Cf. Cod. Just., De Judæis, I, tit. 9, loi 6.

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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 18:48

Nizier fut évêque de Trêves de 525 à 566. De famille sénatoriale, il était probablement originaire d'Aquitaine.  Installée à la cour de Thierry Ier, il fut nommé par le roi à l’évêché de Trêves vers 525 – 526. Il mène une vie quasi monastique, s’entoure de disciples tel Arédius et, en même temps, joue un rôle important à l’extérieur. Il participe0154.jpg au concile de Clermont en 535, à celui d’Orléans en 549 et peu après envoie une lettre à l’empereur Justinien pour le conseiller dans ces discussions théologiques. Il succéde à l'évêque Sacerdos dont il était le neveu ; le 19 janvier 553. Souvent en désaccord avec les aristocrates et les rois, il est exilé  un moment par Clotaire Ier. Il revient à Trèves sous le règne de Sigebert Ier, en 561.

Il écrivit à Chlodoswinthe, reine des Lombards et petite-fille de Clovis, afin qu’elle convertisse son mari au catholicisme. C’est dans cette lettre qu’il rappelle comment Clovis a été impressionné à Tours par les miracles de Saint-Martin, ce qui le conduisit au baptême. « Tu as appris, comment ta grand-mère, la dame de bonne mémoire Clotilde, était venu en Francie, comment elle conduisit le seigneur Clovis à la foi catholique. Lui qui était un homme des plus avisés [astutissimus] ne voulut pas accepter avant de comprendre que cela était vrai. Lorsqu’il reconnut que ce que j’ai rappelé plus haut [les miracles de Saint-Martin de Tours] était vrai, il tomba humblement à genoux sur le seuil du seigneur Saint-Martin et promis de recevoir le baptême sans délai. »

Nizier, nous dit le poète Fortunat, est un grand bâtisseur. Il restaure des églises et en particulier la cathédrale. Il construit un château sur les bords de la Moselle à Mediolanum sans doute actuellement Niederemmel. Il fait aménager la crypte de Saint Maximin de Trèves dans laquelle il est enterré.

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30 septembre 2013 1 30 /09 /septembre /2013 07:33

Ces estampes font parties de la série de grands albums reliés contenant des portraits gravés et provenant du cabinet de gravures constitué par Louis-Philippe, duc d'Orléans puis roi des Français. La constitution des albums s'est étendue pendant plus de vingt-cinq ans et était conservée au Palais-Royal. Sur les 114 volumes dont on garde la trace, 75 sont aujourd'hui conservés à Versailles dont 65 seulement contiennent des gravures - près de 16 500. Les albums furent ensuite conservés au manoir d'Anjou, près de Bruxelles, dans la collection d'Henri d'Orléans comte de Paris, puis, lorsqu'en 1948 le prince et sa famille quittèrent la Belgique pour se fixer au Portugal, les volumes furent mis en vente publique à Bruxelles. A la demande de Charles Mauricheau-Beaupré, le comte de Paris accepta de retirer les volumes et les vendit au château de Versailles pour 1 200 000 Francs.

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Mérovée IIIè Roy de France il succéda à Clodion.

Il eut la la fortune fort favorable. La mort d’Honorius mit l’empire romain en confusion. Le Roy profita des ces désordres. Il passa le Rhin prit Treves et Strasbourg et se rendit maître des meilleurs place de la Champagne. Aetius fut envoyé pour s’opposer à la furie de ce torrent mais il fit alliance avec Mérovée son ennemi pour en combattre un autre. C’était Attila, Roy des Huns et surnommé le Fléau de Dieu lequel était venu avec cinq cent mille hommes pour abattre l’excessive grandeur romaine. Il avait déjà assiégé Orléans, ils s’avancèrent vers cette ville et firent lever le siège, poursuivirent leur ennemi jusque dans les plaines de Châlons-en-Champagne, là, on donna bataille et le combat fut si cruel, où Attila y perdit 180 mille hommes après laquelle perte il se retira en Panonie à présent Hongrie. Mérovée ne fut pas satisfait, il voulut entrer plus avant dans les Gaules, et le chemin lui en fut ouvert par la mort d’Aetius, que Valentinien fit mourir. Il s’enfonça donc dans le pays, perça jusqu’à la rivière de Loire, prit Orléans, Sens, Paris et toute les villes et places circonvoisines. Ce fut pendant son règne que la Gaule changeant de nom fut appelée France. Il régna 9 ans et quelques mois. Léon le Grand étant pontife de Rome et Léon empereur d’Orient.

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Mérovée _ Surnomé le hardy 3è Roy de France il mourut l’an 458 appres avoir régné 10 ans.

Ce hardy conquérant, du barbare Atilla seut dompté la valeur et terminer la gloire. La déffaite des Huns, à ce grand Roy fraya un illustre chemin au temple de mémoire.

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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 09:32

ESSAI SUR LA CONDITION DES BARBARES ÉTABLIS DANS L'EMPIRE ROMAIN AU IVè SIÈCLE

 

CHAPITRE VI - LES GENTILES

 

Différence entre les Læti et les Gentiles : les Gentiles étaient des Sarmates et non des Francs.

 

Quelles sont les raisons qui s’opposent à une assimilation complète des Læti avec les Gentiles de la Notitia ? D’abord ils tiennent une place distincte dans l’énumération des préfectures désignées sous le titre commun de préfectures des Læti et des Gentiles ; ensuite il est certain que cette différence de nom correspond à une différence sinon de condition, du moins de race*. Les Læti, nous l’avons démontré, se composaient exclusivement de Germains et, parmi les Germains, des peuples les plus rapprochés de la Gaule, des Bataves et des Francs. Les Gentiles comprenaient les peuples d’origine scythique c’est-à-dire, dans le sens que l’antiquité attachait à ce mot, les Sarmates, les Suèves, les Taïfales, les Quades, les Iazyges, même les Goths, tous ces colons barbares issus de nations plus éloignées de Rome, mêlées plus tard à la lutte et moins connues du monde romain, ce qui explique la dénomination plus générale qui leur fut conservée après leur admission dans l’Empire. Les Sarmates formaient un de ces groupes de nations orientales que l’antiquité, dont les connaissances géographiques étaient nécessairement plus bornées que les nôtres, appelait d’un nom générique emprunté soit à la tradition, soit à la prépondérance momentanée de tel ou tel élément[10].

Les Suèves et les Sarmates, depuis une époque reculée, ne faisaient, pour ainsi dire, qu’un seul et même peuple ; ils n’avaient jamais cessé d’être unis par les liens d’une étroite amitié. Tacite[11] nous raconte dans ses Annales que Vannius, donné pour roi aux Suèves par Drusus César, vers le milieu du Ier siècle de l’ère chrétienne, recrutait sa cavalerie parmi les Sarmates Iazyges, dans la Hongrie actuelle qui fournit encore aujourd’hui les meilleurs cavaliers. La plupart des préfectures des Gentiles, mentionnées dans la Notitia, le sont sous la désignation de Sarmatorum Gentilium ; les autres sous celles de Gentilium Suevorum ou de Gentilium Taifalorum, aucune sous celle de Lœtorum Gentilium[12] car les Læti Gentiles Suevi, invoqués par Rambach, d’après l’édition de Pancirole, n’ont jamais existé : c’est une altération évidente du texte primitif, une lacune signalée et reconnue par Böcking[13].

Le terme de Læti, emprunté par les Romains aux Germains, n’était pas connu des Sarmates chez lesquels on ne comptait que des hommes libres et des esclaves, sans la0155.jpg classe intermédiaire des Læti. Hérodote, au quatrième livre de son histoire des guerres médiques, dans l’énumération rapide mais si exacte, qu’il fait des peuples anciens, n’oublie point les Scythes d’où sont sortis les Sarmates ; il les divise, en trois classes : les laboureurs, les cultivateurs, les nomades division qui du reste marque plutôt la variété des professions que l’état des personnes[14]. Strabon l’a reproduite plus tard dans sa géographie[15]. Les esclaves eux-mêmes n’étaient pas chez les Scythes, comme chez les Germains, vendus à prix d’argent, mais désignés par la volonté du roi[16].

On ne fit qu’appliquer aux Sarmates, en lès colonisant dans les provinces occidentales ou méridionales, le système inauguré pour les Læti et dont on espérait les meilleurs effets. Il convenait de n’exciter aucune jalousie, aucun mécontentement entre ces soldats étrangers appartenant à des races diverses, mais placés à coté les uns des autres pour combattre sous le même drapeau et servir la même cause[17]. Malgré l’infériorité primitive de leur origine et la servitude dans laquelle ils avaient vécu pour la plupart au-delà du Rhin et du Danube, tandis que les Læti se recrutaient généralement parmi les hommes libres, on leur accorda les mêmes avantages afin de provoquer de leur part une généreuse émulation et de mieux s’assurer de leur dévouement. Il est vrai qu’ils occupaient le dernier rang de la milice ; ils sont toujours mentionnés après les Læti[18], soit dans la Notitia, soit dans le Code Théodosien où la loi sur les déserteurs s’applique aux Sarmates, c’est-à-dire aux Gentiles, comme aux Læti (Lœtus, Alamannus, Sarmata), comme à tous ceux qui par leur naissance étaient tenus de se faire soldats (quos militiæ origo assignabat)[19]. Les Suèves dont il est ici question, et qui devaient plus tard franchir les Pyrénées pour aller s’établir en Espagne avec les Alains, les Wisigoths et les Vandales[20], étaient ceux de la Dacie, dont le nom se trouve mêlé indifféremment à celui des Quades, des Juthungues, fixés dans les marécages du Danube et de la Theiss. Les Taïfales, qu’Ammien nous représente comme une nation tout à fait sauvage par la dépravation de ses mœurs[21], étaient aussi, d’après le témoignage de Zozime[22], un peuple d’origine scythique, mais qui se distinguait des peuples gothiques, tels que les Carpes, les Bastarnes, les Gépides, ligués ensemble contre Rome[23]. Tels étaient les peuples appelés à prendre part à la défense de l’Empire sous le titre commun de Gentiles.

 

* s'il ne fait aucun doute que tous les hommes font partis de la même espèce, certaines personnes ont des problèmes avec les races. François Hollande s'est donc engagé à ôter le mot race de la Constitution française et une proposition de loi visant à le supprimer de notre législation a été adoptée en première lecture, le 16 mai 2013, par l'Assemblée nationale. Parler de races aujourd'hui c'est donc être raciste. Heureusement, le livre d'Eugène Léotard à été écrit en 1873, époque ou l'on ne cherchait pas à faire oublier aux hommes leurs racines, leur histoire, leurs différences...

 

[10] Böcking, II, De Gentilibus, p. 1082.

[11] Tacite, Ann., lib. XII, c XXIX.

[12] Böcking, II, p. 119-122.

[13] Böcking, II, p. 119-122.

[14] Hérodote, lib. IV, c. XVII, XVIII et XIX.

[15] Strabon, lib. XI.

[16] Hérodote, lib. IV, c. LXXII.

[17] Böcking, De Gentilibus, p. 1086.

[18] Böcking, De Gentilibus, p. 1086.

[19] Cod. Théod., VII, tit. 20, loi 12.

[20] Böcking, De Gentilibus, p. 1084.

[21] Ammien, lib. XXXI, c. IX.

[22] Zosime, lib. II, c. XXXI.

[23] Opitz, p. 28-29.

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25 septembre 2013 3 25 /09 /septembre /2013 19:19

Du vivant de Clotaire s’édifièrent de nombreux monastères dont il n’eut pas l’initiative, mais qui manifestent l’élan de ferveur de cette nouvelle nation chrétienne. Les frères declotaire1er ce roi, malgré la grande difficulté qu’ils semblèrent avoir à appliquer à eux-même les précèptes de la religion catholique, et comme pour compenser leur mauvaise conduite, s’y employèrent. Childebert par exemple, fut un grand bâtisseur de sanctuaires. Outre ceux de Paris, il fut l’auteur de La Celle-en-Berry (ensuite Selles-sur-Cher) ; de Saint-Calais dans le Maine, déformation du nom du premier abbé, Karilef, d’abord à Menat en Auvergne, puis à Micy près d’Orléans, enfin ensuite avec deux disciples en un lieu appelé Anille. Le récit de la découverte de Karilef par Childebert, qui est peut-être la source de la légende de Saint-Hubert (à moins que les deux récits soient l’un et l’autre véridique), vaut la peine qu’on s’y arrête. Childebert avait appris que la forêt d’Anille recèlerait un animal devenu rarissime en Gaule : un grand buffle sauvage (un auroch ?). Il décida d’organiser une grande chasse pour le cerner, et peut-être pour l’occire lui-même. Ces antrustions cherchent l’animal,Childebert-I trouvent ses traces, le pistent, le poursuivent, et enfin le traquent. Au moment où le roi lui fait face courageusement, le buffle décroche et va se réfugier derrière un ermite apparu juste à ce moment. Childebert ordonne à l’ermite de s’écarter ; mais il n’en fait rien. C’est au contraire à son tour de donner des ordres.

_ Ô roi, au nom de Dieu, épargne cet animal.

Transporté de colère, le roi veut bondir. Mais sa monture est devenue pesante et immobile comme la pierre. Il a beau l’éperonner, elle ne bougera pas. Il s’incline devant le miracle, va baiser la main de l’ermite, et lui donne toute cette partie de la forêt. Ce sera l’abbaye, puis la ville, de Saint-Calais.


Une autre anecdote concernant les fondations de Childebert prend, celle-ci, un caractère humoristique. Samson, évêque de Dol de Bretagne, ayant rendu visite au roi de Paris, celui-ci fut si charmé qu’il fit don à son visiteur du lieu appelé Pentallium, entre Honfleur et Quillebeuf ; ce fut là que s’éleva ensuite une abbaye, sur l’actuelle commune de Saint-Samson-de-la -Roque. Apprenant cette piété constructive, Withur, comte d’Ocismor ou Léon, s’adressa à Childebert pour convenir avec lui l’établissement d’un évêché dans cette partie de l’Armorique. Le futur évêque était tout trouvé : c’était le moine Pol, originaire de Cambrie (pays de Galles), qui avait bâti à monastère sur l’île de Batz, où il avait la réputation d’un mystique et d’un thaumaturge. Withur, ayant reçu l’approbation de Childebert, supplia Pol d’accepter l’épiscopat ; mais il reçut chaque fois un refus énergique. Le roi et le comte montèrent donc un complot.

Withur appela l’Abbé et lui dit :

_ J’ai besoin d’un homme sûr pour une mission de confiance auprès du roi des Francs qui réside à Paris. Je désire en effet lui remettre en main propre une missive de la plus haute importance. Je compte sur vous pour accomplir cette mission.

Humble et dévoué, Pol accepta. Childebert le reçu tout de suite été cache à la lettre. Elle contenait le mot suivant : « Sire, je vous envoie un saint homme que le peuple souhaite ardemment pour son évêque. Mais, malgré ses incomparables mérites, il s’opposa à ce désire par humilité. Je vous supplie donc de lui faire agréer une fonction dont il est le plus digne parmi vous. »

Levant les yeux, le roi considéra l’humble abbé, et fut certain que le comte d’Ocismor avait formulé un jugement juste. Il fit semblant de s’emporter :

_ Eh bien, moine indigne ! On vous requiert de vous consacrer au peuple de Dieu, et vous résistez à cet appel ! Tant de paresse et d’indifférence devrait provoquer la colère du ciel. Je vous somme d’accepter à l’instant l’épiscopat.

Plein de frayeur, Pol se prosterna et se soumit. Le roi alors le releva, l’embrassa et lui remit le bâton pastoral. Aussitôt, trois évêques, qui étaient restés jusque-là dissimulée derrière les tentures, s’élancèrent, entraînèrent vers la cathédrale Saint-Étienne le pauvre moine, qui n’osait se débattre, et lui conférèrent l’ordination épiscopale. Ce fut l’origine du diocèse de Saint-Pol-de-Léon.


Thierry, frère de Childebert et le Clotaire, fréquentait avec vénération son homonyme Saint Thierry, disciple de Saint-Rémi et avait dû Mont-Dor près de Reims. Il se fit aussi le protecteur de Saint Fridolin, moine d’origine irlandaise devenue abbé de Saint Hilaire de Poitiers. Se transportant en Austrasie, il y bâti, avec les encouragements du roi Thierry, deux abbayes en l’honneur de Saint-Hilaire, l’une à l’est de Metz, qui devint Saint-Nabor puis Saint-Avold ; l’autre dans l’île de Secking sur le Rhin, cadeau du roi. Swavegotha, fille de Sigismond et femme du roi Thierry, fit bâtir à Verzy, à quelques lieues au sud de Reims, un petit monastère ; l’un des moines, Basle, à la un jour mener une vie érémitique sur la colline voisine ; après sa mort, à cause de la réputation qu’il laissait,0132-thierryIer.JPG la communauté de Verzy se transporta à l’ermitage : ce fut l’abbaye de Saint-Basle.

Quand le roi Thierry revint victorieux de la rébellion de l’Auvergne, il ramena parmi ses prisonniers un certain Phal. Au passage, il rendit visite à l’ermite Aventin, qui avait créé une petite communauté à Ile (aujourd’hui Isle-Aumont) dans un bras de la scène au sud de Troyes. Aventin arrêta ses regards sur Phal, et le demanda au roi. Il lui inspira toutes les vertus, et en fit son prieur, qui lui succéda après sa mort.

Il est intéressant de noter l’activité monastique de saint Rémi, qui exerça une forte influence dans l’éducation des enfants de Clovis Ier. Ce fut lui qui fit élever le monastère du Mont-d’Or, devenu Saint-Thierry, et auquel il donna pour abbé le moine Thierry, avant d’en faire un évêque de Tournai. Un jour qu’ils étaient ensemble, ils passèrent dans une maison de prostitution, dans laquelle ils entrèrent et se mirent à prêcher l’un et l’autre. Toutes les pensionnaires du lieu se convertirent, et Rémy changea l’établissement en monastère. Quand le grand évêque mourut, en éleva une abbaye sur sa tombe ; ce fut Saint-Rémy, à laquelle on donna au onzième et douzième siècle la fastueuse abbatiale qui reste debout de nos jours.

Il convient de mentionner les principales fondations monastiques, au milieu du sixième siècle, en Bourgogne, dont Clotaire Ier était devenu roi après le massacre des fils de Clodomir. Au début du siècle, le moine Jean, venu de Lérins, avait fondé à Réomé un monastère où il avait implanté la règle dite de saint Macaire, qui régissait la vie de son abbaye originelle ; il y mourut à l’âge de cent vingt ans. L’un de ses disciples, Seine (Sequanus), établi en 534 à Ségestre, aux sources de la Seine, une nouvelle maison qui serait plus tard Saint-Seine-l’abbaye.

C’est durant cette période qu’un moine italien dénommé Maur introduisit la règle monastique dite de Saint Benoit, qui, allait s’étendre au point de supplanter en un siècle toutes les autres règles.

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23 septembre 2013 1 23 /09 /septembre /2013 07:22

La conversion de Clovis au catholicisme fut entière, et toute sa truste accepta le baptême avec une conviction sincère, même s’il resta toujours parmi ses élites un certain attachement affectif passé barbare. Mais c’était un temps où les évêques étaient dessins et des meneurs d’hommes. Le prestige de Saint Loup dissuada Attila de s’emparer de la ville de Troyes ; celui de Saint Rémi disposa Clovis au baptême ; celui de Saint Avit décida Sigismond à quitter l’arianisme, celui de Saint-Médard inclina Clotaire à la pénitence.0125.jpg

 

Clovis et l'Église

La générosité étant la première vertu du roi germanique, elle se traduit par le don aux églises de ressources royales. Terres et trésors sont systématiquement dilapidés pour montrer sa générosité à ses fidèles. L'expansion territoriale permet de perpétuer les donations. Le concile d'Orléans est l'occasion d'en assurer les diocèses.

Plusieurs vies de saint attribuent au roi l'édification de divers lieux de culte. Ainsi, dans la vie de saint Germier, évêque de Toulouse, est invité à la table du roi ; Germier réputé pour ses vertus, attire la curiosité. Le saint fait l'objet d'admiration et se voit accorder des terres à Ox ainsi que des trésors en or et en argent.

De même à Auch, l'évêque métropolitain Perpet va à la rencontre de Clovis lorsque celui-ci est en approche de la ville pour lui donner le pain et le vin. En récompense, le roi offre la cité au saint, avec ses faubourgs et églises, ainsi que sa tunique et son manteau de guerre à l'église Sainte-Marie. Il se voit en outre offrir un trésor en or et l'église royale de Saint-Pierre-de-Vic.

Clovis se rend à Tournai pour rencontrer saint Éleuthère, qui devine un pêché du roi survenu après son baptême. Clovis nie les faits et demande à ce que l'évêque prie pour lui. Le lendemain, l'évêque reçoit une illumination lui communiquant la faute de Clovis, qui est alors pardonné. Saint Éleuthère se voit alors remettre un don pour son église.

Clovis est guéri miraculeusement d'une maladie par saint Séverin, abbé de Saint-Maurice en Valais. En remerciement, le roi lui offre de l'argent à distribuer aux pauvres et la libération des détenus. De là viendrait l'édification de l'église Saint-Séverin de Paris.

Hincmar de Reims écrit, vers 880 dans sa vita Remigii, que Clovis a accordé à l'évêque Remi plusieurs dons de domaines territoriaux répartis dans plusieurs provinces dont un terrain incluant Leuilly et Coucy, par l'intermédiaire d'une charte. Leuilly a été attribué à Ricuin en 843, partisan du roi Charles le Chauve. En 845, pour forcer Ricuin à restituer Leuilly au patrimoine de Reims, un faux testament de l'évêque Remi est présenté au roi Charles le Chauve.

Au XIè siècle, l'hagiographie de Léonard de Noblac prétend que Clovis parraine Léonard lors de son baptême, que le saint se voit accorder la libération de prisonnier qu'il visite et le don d'un évêché. Léonard quitte le roi pour se rendre dans la forêt de Pauvain en Limousin. Clovis accorde alors à Léonard par un acte officiel un domaine dans la forêt où fut fondée l'église de Saint-Léonard-de-Noblat.


Les fils de Clovis et l'Église

À la mort de Clovis, le royaume fut partagé entre ses quatre fils. Puis, après les disparitions successives de ceux-ci, c’est Clotaire qui devint l’unique héritier du royaume de France. Le règne de Clotaire Ier fut le temps du grand épanouissement monastique de la Gaule. Ce roi fonda lui-même l’abbaye Sainte-Marie de Soissons, à titre de sépulture de Saint-Médard avant d’être celle des rois mérovingiens. Durant dernières années de son règne, alors qu’il allait guerroyer contre Chramne, Clotaire s’arrêta auprès de deux ermites, Fraimbault et Constantin, installés dans une forêt du Maine. Cette halte montre que le roi les connaissait déjà de réputation. Et sans doute d’une réputation prophétique ; car il demanda à Fraimbalt s’il remporterait la victoire ; sur l’affirmation de l’ermite, il poursuivit son chemin. Au retour, il passa par les mêmes lieux, et annonça à Fraimbault qui lui faisait dont du domaine de Javron, au nord de l’actuel département de la Mayenne. On n’y bâtit ensuite un monastère qui fut un prieuré de Saint-Julien de Tours. Mais, tandis que Clotaire reprenait la route de Paris, un clerc lui a apprit que, non loin de là, en un lieu appelé Céaucé, vivait un autre ermite, du nom d’Eriné, auprès d’un oratoire qu’il avait bâti de ses mains. Un tel personnage valait le détour. Le roi, séduit par l’ermite, lui attribua à son tour un domaine, sur lequel s’éleva bientôt un monastère dédié à Saint-Martin.

Auparavant, alors qu’il n’était que roi de Soissons, Clotaire avait fait donation du fond sur lequel fut édifié ensuite l’abbaye Saint-Pierre de Rouen, devenu ensuite Saint-Ouen. Mais aussi, il se chargea de continuer à Paris l’œuvre commencée par Childebert sur chaque rive de la Seine : les abbayes de Saint-Germain-des-Prés et de Saint-Germain-l’Auxerrois.0128

 

Source : Clovis et la naissance de la France, Patrick Périn ; Éd. Denoël _ Clotaire Ier, Ivan Gobry ; Éd. Pygmalion

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22 septembre 2013 7 22 /09 /septembre /2013 16:13

MÈRE DE L'ESPÉRANCE

 

1.

Souvenez-vous, Marie

Qu'un de nos souverains

Remit notre patrie

En vos augustes mains

 

Refrain

Mère de l'Espérance

Dont le nom est si doux,

Protégez notre France,

Priez, priez pour nous. (bis)

 

2.

Gardez la foi chrétienne

Dans l'âme des enfants

Pour que Jésus devienne

Le roi du peuple franc

 

3.

La France toute entière

Vous redit ses serments :

Vous êtes notre Mère,

Nous sommes vos enfants.

 

4.

La crainte et la tristesse

Ont gagné tous les cœurs,

Rendez-nous l'allégresse,

La paix et le bonheur.

 

5.

En ces jours de souffrance,

sauvez-nous du danger,

Épargnez à la France

Le joug de l'étranger

 

6.

Au chemin de la gloire,

Conduisez nos soldats ;

Donnez-leur la victoire,

Au jour des saints combats

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21 septembre 2013 6 21 /09 /septembre /2013 09:13

ESSAI SUR LA CONDITION DES BARBARES ÉTABLIS AU IVè SIÈCLE DANS L'EMPIRE ROMAIN

 

CHAPITRE VI. — LES GENTILES.

 

Ressemblance de leur condition avec celle des Læti.

 

Les Gentiles ne forment pas, à proprement parler, une classe spéciale de Barbares, établis dans l’Empire. Leur condition était analogue à celle des Læti avec lesquels on les a souvent confondus, mais à tort, car ils en différaient par le nom, par leur origine, par la date de leur admission, par les lieux mêmes qui leur avaient été assignés pour cantonnements[1].

On a coutume de désigner sous le nom de gentils (Gentiles, Έθνικοί) les nations demeurées païennes par opposition aux chrétiens et aux juifs. Cette distinction se retrouve dans tous les livres du Nouveau Testament et dans la plupart des auteurs latins du IVe siècle, après la conversion des Romains au christianisme. Les Barbâtes idolâtres étaient compris dans cette dénomination générale de gentes qui s’appliquait à tous les peuples placés en dehors du monde romain[2].

Mais il y avait, en outre, à la même époque, certains corps de Barbares, enrôlés au service de l’Empire et qu’on appelait les Gentiles. Parmi ces Gentiles, dont la milice faisait le caractère distinctif et commun[3], figuraient ceux que la Notitia mentionne après les Læti, ayant à leur tête des Præfecti ou Præpositi sous le commandement supérieur du maître de la milice[4]. Ce sont les plus nombreux et les plus importants, quoique inférieurs en dignité. Il importe de bien déterminer leurs rapports avec les Læti et de marquer les différences par lesquelles ils s’en séparaient.

Comme les Læti, les Gentiles formaient des colonies militaires et agricoles sur le territoire romain. On leur faisait des concessions de terres aux mêmes conditions, c’est-à-dire moyennant l’obligation du service militaire pour eux et leurs descendants. C’était une nouvelle pépinière de soldats pour là défense de l’Empire et principalement des frontières, car la plupart des terres qui leurs étaient ainsi concédées étaient des terres vacantes, du domaine de l’État, des terres limitrophes, terræ limitaneæ, comme celles des Læti et des vétérans. Nous en avons la preuve certaine par un texte de loi du Code Théodosien qui nous a été conservé et que nous avons déjà cité à propos des Læti et des terres létiques[5]. C’est un rescrit des empereurs Honorius et Théodose le Jeune au vicarius Africæ nommé Gaudentius : le rescrit est des premières années du Ve siècle, de l’an 409 ; il s’agit des terrains voisins de la frontière, réservés aux Gentiles, à cause du soin et de l’entretien des remparts, charge qui demeurait attachée à la  possession de ces terrains. Le législateur insiste sur la nécessité de mettre ordre à certains empiétements, de restituer partout les terrains usurpés à leurs seuls légitimes possesseurs, aux Gentiles, ou à défaut des Gentiles, aux vétérans.

Les Gentiles rentraient dans la classe des soldats de la frontière, limitanei milites, dernier degré de la milice. Leurs Præfecti avaient les mêmes attributions, le même caractère que les Præfecti Lœtorum ; on peut ajouter avec Böcking[6] que leurs droits et leurs privilèges devaient être les mêmes, qu’ils étaient régis au moins civilement, par les lois de leur propre nationalité, puisqu’en cas d’appel seulement les causes jugées par leurs préfets étaient déférées aux tribunaux des magistrats romains pourvus d’une délégation directe de l’empereur[7]. La place même qu’ils occupent dans la Notitia à côté des Læti, l’équivalence parfaite de la dignité de leurs chefs respectifs, le rapprochement de leurs garnisons situées parfois dans une même contrée, dans la même province, tout semble les assimiler les uns aux autres. Trompés par ces analogies incontestables et qui ne pouvaient échapper à personne, un grand nombre d’auteurs ont cru n’avoir aucune distinction à établir entre les Læti et les Gentiles, représentant une seule et même institution sous deux noms différents. Telle est l’opinion de Gaupp qui ne voit dans l’expression Gentiles que le terme générique latin appliqué à tous les Barbares colonisés et dont une espèce, species, s’appelait particulièrement les Læti[8]. Rambach énonce la même idée dans sa dissertation De Lœtis que nous avons déjà citée plusieurs fois[9].

 

 

[1] Böcking, II, De Gentilibus, p. 1080-1093.

[2] Maffei, Ver illust., I, p. 205, in-fol.

[3] Du Cange, Gloss., Gentiles. — Rambach, De Lœtis, p. 24.

[4] Böcking, II, p. 119-122.

[5] Cod. Théod., VII, tit. 15, loi 1, De terris limitaneis.

[6] Böcking, De Gentilibus, p. 1086.

[7] Cod. Théod., XI, tit. 30, loi 62, De appellationibus.

[8] Gaupp, Fünfter Abschnitt., p. 169-170.

[9] Rambach, De Lœtis, p. 24.

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18 septembre 2013 3 18 /09 /septembre /2013 19:11

En analysant l'histoire de Clovis, Michel Fleury, Pierre Chaunu et Eric Mension-Rigau ont découvert que la construction de son mythe reposait sur une France à deux mémoires : l'une laïque et révolutionnaire, l'autre royaliste et catholique, se disputant Clovis comme elles se disputent Jeanne d'Arc.

 

 

 
Michel FLEURY : Professeur à l'Université Paris IV-Sorbonne
Pierre CHAUNU : Professeur émérite à l'Université Paris IV-Sorbonne, Membre de l'Institut
Eric MENSION-RIGAU : Maître de conférences d'histoire contemporaine à l'Université Paris IV-Sorbonne

Ces conférences sur l'histoire sont produites par Art & Education de la Ville de Paris, sous le titre Le Canal du Savoir. Les intervenants sont des professeurs d'universités ou des membres de grandes institutions (Collège de France, CNRS, EHESS...).
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16 septembre 2013 1 16 /09 /septembre /2013 08:06

 

Qui sont les Gaulois ? La question intrigue les savants, les dirigeants et – dans une moindre mesure – la population tout au long du XIXe siècle. Ainsi en va-t-il de Fernand Cormon (Fernand-Anne Piestre, 1845-1924), qui signe ces trois œuvres en 1897. Cet artiste, spécialisé dans la peinture historique et militaire, a également séjourné en Algérie et brossé sur le vif des tableaux mêlant souci ethnographique et tradition orientaliste. Peintre souvent sollicité par l’État français, ses ministères et ses musées, Cormon reçoit en 1893 une importante commande de la part du Muséum d’histoire naturelle. La série de toiles représentant les progrès de l’humanité capitalise l’influence officielle du peintre, mais lui permet aussi d’exprimer sa vision particulière des origines de l’Homme, saisi dans toute sa dimension physique et la primordialité de ses besoins et de ses attitudes.0110
 

L’humanité gauloise


Les trois esquisses de Fernand Cormon, de grand format pour des dessins, représentent les personnages au plus près, sur fond de paysage naturel, quasi éternel, avec une touche spontanée aux contours flous. Dans La pêche, le décor de montagnes se devine à peine à l’arrière-plan, la composition propose à l’œil un parcours en zigzag. La roche qui plonge dans l’eau offre un mur de scène efficace qui renvoie le regard aux deux premiers plans – terrestre et aquatique. L’absence du produit de l’effort (poissons) permet d’illustrer à la fois la maîtrise de techniques primitives – navigation en barque, filets tressés tirés à la force des bras, habits crus protégeant plus que vêtant – et la faiblesse de l’humanité balbutiante face à la nature toute-puissante. Contemplative et énigmatique, la figure centrale féminine, debout à côté d’un enfant nu, absente à l’action en cours, parée et translucide de blancheur, donne une touche poétique inattendue à l’ensemble.0111
La structure également en zigzag de L’agriculture, élaborée sur trois plans, se charge d’une tonalité plus bucolique. Dans le quart supérieur du tableau, l’horizon laiteux n’est cette fois barré d’aucun obstacle, nous sommes dans une plaine agricole quasiment sans arbres – alors qu’un cliché de l’époque voulait que la Gaule ait été couverte de forêts denses. La force déployée est à présent animale : au troisième plan, quatre bœufs tirent la charrette, deux autres paissent au second plan. Au premier plan, un cavalier armé d’une lance et d’une épée et aidé d’un chien à l’affût surveille toute l’opération. La nature (animaux et terre) est désormais domestiquée, appropriée et source de richesse, donc d’envie.0112.jpg
La composition verticale du dessin Le bronze et le fer emploie le même procédé pour décrire l’âge industriel, l’âge de la transformation des produits du sol. Le paysage réduit est intensément peuplé, marqué de la présence de l’homme qui s’active sans relâche et occupe quasiment tout l’espace. Là aussi, un personnage légèrement décalé (à droite) se fait spectateur de l’action. Dans son dos, deux fourneaux constamment entretenus permettent la fusion du métal ; devant lui, écho inconscient à l’image socialiste de l’ouvrier forgeron, un homme et une femme, concentrés sur leur tâche, unissent leurs forces pour donner forme au métal.

 

 

De l’origine de la nation France

Les trois œuvres commentées ici constituent les dernières esquisses (conservées au Petit Palais), réalisées un an avant l’achèvement de la série peinte (1898). La pêche, très proche du tableau final Les Pêcheurs, évoque ainsi l’âge de la pierre polie, au bord d’un lac alpin (Suisse). L’agriculture, plus éloigné des Agriculteurs puisqu’y manque la distribution du pain aux cultivateurs, doit fixer l’image de l’âge du bronze pour le visiteur du musée. Enfin, Le bronze et le fer (Atelier gaulois) offre plus précisément un aperçu de la période gauloise, spécifique dans la préhistoire ainsi rattachée à l’histoire par Cormon. Ces trois étapes distinctes du développement de l’humanité, qui culminent dans la civilisation gauloise, tracent une ligne continue depuis l’apparition de l’hominidé bipède jusqu’aux ancêtres des Français contemporains. Cormon développe une vision positive du rapport de l’homme à son environnement, positiviste du progrès dans la maîtrise de la nature et dans la constitution de la société, patriotique de l’enracinement d’une civilisation sur le territoire de la France.

Si les historiens comme Amédée Thierry ont tendance à opposer les Gaulois aux Francs, les archéologues parviennent enfin à opérer la distinction avec les hommes de l’âge néolithique, qui ont légué dolmens et menhirs. L’identité de cette civilisation de la fin de l’âge du fer demeure floue, notamment du fait de l’absence de culture écrite et surtout de monuments remarquables. Les Gaulois se fondent dans l’identité celte, étendue pendant tout un millénaire sur l’ensemble de l’Europe occidentale et centrale ; ou on voit en eux la souche originelle, quasi mythique, des Français actuels. Pas plus que les régimes antérieurs, la IIIe République ne parvient à résoudre la tension entre actualisation des connaissances sur un peuple méconnu et revendication d’essence patriotique d’une France primordialement unie, ayant subi l’invasion et la défaite, mais ayant su résister, se relever et se perpétuer à travers les âges.


Source : www.histoire-image.org - Auteur : Alexandre SUMPF

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