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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 00:01

musee-arles-et-provence-antiques.jpgLe musée d’Arles et ses expositions nous font découvrir une activité économique très importante dans le monde gallo-romain. Elle est internationale dans le cadre de l’Empire. On a déjà l’impression d’être dans un monde moderne. Y a-t-il eu régression par la suite, avec les invasions barbares ?

_ Cela tient aux structures économiques différentes de ces deux mondes successifs : le romain et le médiéval. Au temps de Rome, on pouvait importer et exporter d’un bout à l’autre de l’Empire. Il était plus facile et avantageux de commander des objets qui étaient la spécialité d’une région lointaine que de le faire fabriquer sur place. C’était réellement un monde d’hyperspécialisation au niveau international des échanges, tel qu’il sera décrit plus tard par les théoriciens comme Ricardo.

Le monde médiéval constituera une suite de régions, de pays, où les biens ne seront guère exportables. Il en sera de même en art. Alors que l’on construisait souvent le même type de temple ou de palais sur l’ensemble sur l’ensemble de l’Empire romain, le monde médiéval se distinguera par des factures différentes. Il y aura un art roman bourguignon, un art roman provençal… Arles dans l’Antiquité est une bonne image des ces courants économiques organisés et inventés par un pouvoir politique centralisateur, qui avait une seule administration, avec à sa tête un empereur. Notre monde moderne actuel qui repose lui aussi sur la spécialisation international est souvent bien plus proche du monde romain que du monde médiéval. On voyait avant tout l’utilité du bien, on pensait aux loisirs, à la commodité matérielle des choses comme on le fait de nos jours. Vous avez donc raison de parler de mentalité moderne, y compris dans l’art, au temps de l’Antiquité…

Le Rhin et le Rhône ont leur source presque à proximité. Peut-on envisager de voir ce commerce comme ayant une suite, avec transbordement de marchandises, dans les deux sens, pour une communication Rhin/Rhône ?

_ En effet, on a été étonné de voir que des barres de fer fabriquées près de Narbonne, dans la Montagne noire, se trouvaient travaillés en Allemagne. Le Rhin était certainement un lieu de passage, d’échanges entre le monde barbare et le monde romain qui ne se faisaient pas forcément toujours la guerre. Il y avait des périodes de paix. Il faut sortir de l’idée qu’il y avait une tension continue. Il ne faut pas avoir une vision cadenassée du monde antique. Les rapports d’échange existaient même entre deux populations qui se méfiaient l’une de l’autre.

On a l’impression d’apercevoir un monde antique raffiné et artistique, même sur la barge récement découverte.(Voir l'article : Une barge romaine sort du Rhône)

_ Tout à fait. Mais il ne faut pas non plus occulter le côté utilitaire avant tout de ces esthétiques. La fonctionnalité était déjà belle, ainsi que le diront plus tard les théoriciens du Bauhaus, qui appartiennent d’ailleurs au grand mouvement moderne. À titre d’exemple, la jolie forme pointue des amphores s’explique par la possibilité que l’on avait de les encastrer les unes contre les autres pour mieux les stocker sur un bateau et les transporter. Lorsqu’on les ouvrait, on les coupait aussi par le bas, ce qui permettait de bien jouer sur la pression de l’air et de laisser s’écouler facilement le liquide.

On a aussi l’impression que le monde antique est très riche. On ne récupère pas les amphores, on les jette, donc elles avaient peu de valeur. Ou bien était-ce parce que le travail était mal rémunéré ?

_ Le monde antique reposait sur l’esclavage. Les premiers grands penseurs chrétiens, Tertullien, Saint Augustin, revaloriseront l’individualité de l’esclave, mais ne verront pas l’intérêt de contester l’esclavage. Car il était une des principales sources économiques deamphores-arles la richesse. La valeur travail ne comptait pas autant que de nos jours. On peut même dire qu’elle ne comptait pas. Puisque l’esclave n’était pas ce que l’on appellerait de nos jours un salarié. Aussi les amphores n’avaient pas de « valeur travail » incorporée. Lorsqu’on en avait utilisé une, on pouvait la jeter, et en faire fabriquer d’autres par la main d’œuvre servile. Cela revenait moins cher que de chercher à la réutiliser. C’était une moindre perte de temps. Pour donner un exemple e l’importance de ces rejets, on estime que le Monte Testaccio, à Rome, cette colline de 30 mètres de haut et de 3 hectares de superficie est uniquement composée de 50 millions d’amphores qui avaient été jetées après utilisation.

Depuis quand a-t-on t réellement mené ces progrès énormes qui permettent aux archéologues d’utiliser avec brio toutes ces techniques ultra-modernes, comme par exemple pour dater le pollen, que l’on arrive aussi à identifier en fonction de son lieu d’origine et de son âge ?

_ Des grands progrès ont pu être fait depuis une vingtaine d’années grâce à l’accumulation de données, leurs échanges, leurs comparaisons et de façon plus générale leurs utilisations permises par l’informatique, internet, etc…barge-romaine

Quand à coulé ce chaland ?

Il n’y a pas encore de réponse certaine. On pense que le chaland a coulé lors d’une crue du Rhône, certainement dans des circonstances pluvieuses. Le navire était chargé de pierres, et son franc-bord devait se trouver à 10 centimètres seulement au dessus de l’eau. On pense que le chargement pouvait être destiné à la Camargue où il n’y avait pas suffisamment de pierre pour construire ou aménager les terrains.

Est-ce que ces découvertes changent la vision que l’on avait du monde gallo-romain ?

_ On voit que ce monde antique était très ouvert sur l’extérieur, avec des normes de rentabilité très exigeantes : le bateau a coulé parce qu’il était trop chargé. On essayait d’atteindre l’utilité maximale un peu comme dans notre monde moderne. Les structures économiques du travail correspondaient à un besoin de confort, d’enrichissement toujours plus fort. C’est toute une philosophie de l’activité humaine qui sera grandement remise en question après la chute de l’Empire et l’arrivé au pouvoir du christianisme qui voudra imposer d’autres valeurs. Et d’autres théories de la valeur de la vie et des choses.

 

Propos recueillis par Matthieu Delaygue et publiés dans La revue de l'Histoire N° 62

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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 07:40

  En octobre, les chercheurs du DRASSM (Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines, Ministère de la Culture) annonçaient de nouvelles découvertes dans le Rhône, à Arles (13). Par 12 mètres de fond, huit canalisations de plomb, servant à acheminer l’eau potable, reposaient sur le fond du fleuve. Ces canalisations, longues de 200 mètres, traversaient le Rhône et étaient divisées en tronçons longs de 3 mètres, soudés entre eux.
   L’existence d’un réseau d’eau potable était connu dès le XVIIe siècle : des tuyaux avaient alors été mis au jour. Beaucoup furent fondus pour réaliser des balles de fusil mais certains ont été conservés et sont exposés au Musée de l’Arles antique.
   Cette découverte fait la lumière sur un point important : la technique de la soudure, grâce à une boule de plomb appelée « olive ». Les noms de certains artisans ont été retrouvés sur ces soudures, confortant l’idée qu’il s’agissait d’une technique bien particulière nécessitant un grand savoir-faire.
   Toutefois, de nombreuses questions demeurent : comment ces canalisations étaient-elles immergées ? De quand date ce réseau ? Pour ce dernier point, on sait que cette installation existait avant 255, date d’un grand incendie dont les tuyaux portent la marque. Il reste également à déterminer d’où provenait l’eau qui arrivait dans la cité romaine via ces tuyaux.

 

Source : Info-Histoire.com

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8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 10:29

  Ancien titre : Normands au repos.


  Huile sur toile de Jules Didier, conservée au Musée Rolin à Autun.

Jules Didier est né en 1831. Après une formation à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris dans l'atelier de Léon Cogniet puis dans celui de Jules Laurens où il étudie le paysage, il remporte en 1853 le Prix de Rome avec un paysage historique. La même année, il débute au Salon et peint jusqu'en 1870 des vues de la campagne romaine imprégnées par son séjour italien. Plus tard, il puise son inspiration dans la région d'Autun et dans la forêt de Compiègne. Ses scènes champêtres et animalières, dans la tradition de Barbizon, rappellent l'œuvre de Rosa Bonheur et Constant Troyon. Didier a continué à peindre et à exposer jusqu'à sa mort en 1892.

jules-didier1

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 08:39

  Nourrie du savoir grec, enrichie par la connaissance des praticiens latins et les acquis de la tradition gauloise, la médecine gallo-romaine se singularisait dans trois domaines : l’ophtalmologie, la médecine thermale et les plantes médicinales.


     L’ophtalmologie

  Les oculistes de la Gaule sont connus par les cachets qu’ils imprimaient sur les bâtonnets de collyres solides. Cette utilisation de collyres solidifiés, ramollis ou délayés au moment de l’emploi, est tout à fait spécifique de la Gaule et des contrés voisines. En d’autrescachet-doculiste-merdrignac régions de l’Empire en effet, les médicaments des yeux se présentaient sous forme liquide. À tel point que sur les cachets d’oculistes jusqu’ici découverts (au moins 260), la grande majorité vient de la Gaule.

  Ils revêtent l’aspect de petites tablettes rectangulaires ou carrées, en pierre dures dont les quatre côtés sont gravés en creux et à l’envers. L’inscription précise l’identité du praticien, le nom du collyre et sa composition, l’affection traitée par le médicament et parfois son mode d’application. Voici par exemple ce que l’on peut lire sur un cachet découvert à Boinville-le-Gaillard dans les Yvelines :


« C DOMITI MAGNI

« DIALEPIDUS ADA

« PACCIANUM

« C DOMITI MAGNI

« EVVODES AD ASPR »


  Restituée, l’inscription donne : « C (aii) Domiti (i) Magni dialepidus ad s(spiritudines) » : collyre à base de cuivre de Caius Domitius Magnus contre les granulations (des paupières). « Paccianum » : collyre de Paccianus. « C (aii) Domiti (i) Magni euvodes ad a(spiritudines) » : collyre parfumé de Caius Domitius contre les granulations (des paupières).

  Élaborés à base de végétaux – safran, cannelle, pavot, coing, fleurs de buis, etc. – de métaux comme le cuivre ou de substances animales comme le fiel, certains de ces collyresstele-oculiste.jpg offraient d’incontestables vertus anesthésiantes, calmantes ou thérapeutiques. Ils soignaient notamment les maladies de la cornée, du cristallin, les conjonctives à ses différents stades – avec des préparations appropriées pour chacun – et les maladies des paupières. Mais plus que des maladies, ils traitaient leurs symptômes ainsi que le spécifient des indications comme : « pour l’éclaircissement de la vue », « suppurations » ou « brûlures »…

  La spécialité des praticiens gallo-romains en matière d’affections de la vue, est soulignée par Celse, célèbre médecin romain du 1er siècle, qui loue le traitement appliqué en Gaule contre « le flux d’une pituite (mucosités) peu épaisse qui altère l’état des yeux ». Pour lui, l’intervention la plus efficace est celle qui se pratique en Gaule Chevelue : «  Les médecins là-bas, explique-t-il, choisissent des vaisseaux situés sur les tempes et sur le sommet de la tête » et les cautérisent, obstruant ainsi les vaisseaux superficiels par lesquels, croyait-on, ces mucosités descendaient du cerveau.

  L’opération de la cataracte, la plus décisive dans le domaine de l’ophtalmologie, étaient pratiquées par les médecins à l’époque gallo-romaine. On a souvent prétendu qu’un bas-relief de Montiers-sur-Saulx (Meuse) figurait cette intervention. À l’aide d’un instrument pointu, un homme touche la paupière d’une femme qui tient un petit pot et porte un linge sur l’avant-bras. En réalité cette scène paraît plutôt représenter un examen de l’œil ou l’application d’un onguent. En revanche, les cinq aiguilles et leur étui découverts en 1975 à  Montbellet (Saône-et-Loire) sont bien des aiguilles utilisées pour l'opération de la cataracte. Une opérationMuseo di Napoli - Strumenti di chirurgia dont Celse décrit minutieusement les différentes phases : « On fait asseoir le malade sur un siège placé dans un endroit bien éclairé, la face tournée du côté de la lumière ; l'opérateur se place vis-à-vis, sur un siège un peu plus élevé. On fait mettre un assistant derrière le malade, pour lui tenir la tête et l'empêcher de remuer ; car au moindre mouvement il risquerait de perdre la vue pour toujours. Afin de donner plus d'immobilité à l'œil qu'on veut opérer, on applique sur l'autre un bandeau de laine. Si la cataracte est sur l'œil gauche, on opère avec la main droite ; et avec la gauche, si elle est du droit. L'aiguille, acérée, mais pas trop mince, doit être alors enfoncée en ligne droite, à travers les deux membranes externes, au point intermédiaire entre la pupille et le petit angle de l'œil, mi-hauteur de la cataracte afin de ne rencontrer aucune veine ; il faut l'enfoncer hardiment car le lieu où elle se dirige est vide ; quand l'opérateur est sûr d'y être arrivé (et le moins habile ne peut s'y tromper, car on éprouve plus de résistance), il incline son aiguille et la tourne doucement sur la cataracte, qu'il abaisse peu à peu au-dessous de la pupille. Il appuie alors davantage sur la cataracte, afin qu'elle reste à l'endroit où il l'a enfoncée. Si elle s'y maintient, l'opération est terminée ; mais si elle revient en place, il faut la couper en plusieurs parties avec cette même aiguille : les fragments ainsi constitués restent plus facilement en place et gênent moins la vue. On retire ensuite l'aiguille en droite ligne, on applique un lainage doux, imprégné de blanc d'œuf, avec par dessus des remèdes, pour éviter l'inflammation, et on pose un pansement.» (De la médecine, VII 7, 13-14).

 

Source : Les Gallo-romains - tome 2, Gérard Coulon.

Illustrations : cachet d'oculiste, Musée de Bretagne - Merdrignac _ Stèle dite "de l'oculiste", Musée de Bar-le-Duc _ Instruments de chirurgie, Musée de Naples

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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 09:27

  Norma est un opéra en deux actes de Vincenzo Bellini, sur un livret de Felice Romani, d'après la tragédie d'Alexandre Soumet Norma ou l'Infanticide.

 

Le livret de La Norma


L'action se passe en Gaule Transalpine occupée par les Romains, vers l'an 50 av. J.-C. Fille du grand prêtre Oroveso, Norma a secrètement épousé le proconsul romain Pollione qui lui a donné deux enfants. Celui-ci la délaisse maintenant pour Adalgisa. Ulcérée par cet abandon, Norma veut se suicider et confier ses enfants à Adalgisa. Emue, celle-ci renonce à épouser Pollione. Mais voici que le proconsul essaie d'enlever Adalgisa. Prisonnier des Gaulois, il est condamné à mort. Norma, après avoir avoué le reniement de ses voeux de prêtresse, rejoint Pollione sur le bûcher.

La partition

Norma constitue sans doute un des opéras majeurs du XIXe siècle. Son originalité réside dans le fait d'être une tragédie classique par le sujet que Bellini traite avec des moyens purement romantiques. Les personnages y agissent en fonction de leur sensibilité. Norma, troublée par un conflit triangulaire (amour divin, amour humain, amour maternel), est une sorte de Médée chargée d'humanité. Adalgisa, au contraire, est tout innocence.
Techniquement, la partie vocale de l'opéra exige des interprètes rompus à l'art du chant, surtout l'héroïne, soprano aux aigus puissants se conjuguant avec les teintes sombres d'une mezzo. Aucune musique n'est aussi purement mélodique que celle de Bellini, son lyrisme semble couler naturellement d'une source inépuisable très pure. Mais le bel canto épouse toujours le texte dans un juste équilibre entre musique et théâtre.
L'air d'entrée de Norma, Casta diva, est l'exemple le plus célèbre de cet art. Durant le prélude, le chant éperdu de la flûte s'élève sur un accompagnement élégiaque des cordes. C'est un moment exceptionnel, où le temps se trouve comme suspendu. Suspendu pour l'adoration de la lune dans la forêt sacrée, mais suspendu aussi en raison de l'hésitation de Norma entre les Gaulois et les Romains.


_ Norma : ouverture

 

 

La distribution

Norma, grande prêtresse du temple druidique - soprano
Pollione, proconsul romain en Gaule - ténor
Oroveso, père de Norma, chef des druides - basse
Adalgisa, une vierge du temple - mezzo
Clotilde, confidente de Norma -  mezzo
Flavio, centurion - ténor

 

_ Casta Diva

_ Ah ! bello a me ritorno

 

_ Mira  O Norma


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30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 06:18

   En venant s'implanter sur les rives du lac Léman, vers 443 après Jésus-Christ, les Burgondes ont reçu des Romains la mission de défendre la région lémanique (mais aussi les routes qui mènent en Italie) des incursions des Huns, Alamans et autres Barbares. Ce faisant, les Burgondes ont empêché leur nouveau territoire de basculer dans l'univers germanique.

  Peuple sans historien, les Burgondes ne sont pas tout à fait sans histoire. Certaines allusions d'auteurs antiques, des notices de chroniqueurs, des lettres de contemporains, des Vies de saints ou des textes législatifs, ecclésiastiques et témoignages épigraphiques, permettent de reconstituer quelques morceaux du puzzle. "Contrairement à une idée reçue, les documents portant sur cette époque sont nombreux, mais ils sont d'un usage difficile, parce qu'ils ne parlent des Burgondes que par allusions", note Justin Favrod, auteur d'une thèse sur le sujet.

     Des envahisseurs venus du Nord

  On sait peu de choses sur les Burgondes avant 411. Notamment parce qu'ils étaient casque2.gifséparés des Romains (notre source principale) par les Alamans, un autre peuple "barbare" qui jouera un rôle important dans le destin de la future Suisse. Les Burgondes faisaient partie de ces envahisseurs venus du Nord (peut-être de la Scandinavie, puis des bords de la Baltique, puis de l'Oder et de la Vistule) dont l'arrivée vers les frontières, le fameux "limes", a fini par inquiéter un empire romain déclinant.

   En 411, un roi burgonde du nom de Gondichaire participe à la proclamation, sur le Rhin, du nouvel empereur romain, un certain Jovin. Même si ce dernier fut rapidement pris, destitué et exécuté, il eut tout de même le temps d'offrir des terres aux Burgondes, avec, à la clé, le statut de fédérés au sein de l'empire romain. "Les Burgondes avaient alors le droit de suivre leurs chefs et voyaient leur subsistance assurée. En contrepartie, ils devaient servir dans l'armée romaine et protéger leur portion de frontière contre d'autres barbares", relève Justin Favrod.

   Quel était ce territoire ? La question a suscité des débats interminables, parce qu'elle est liée à la célèbre épopée des Niebelungen, que les Burgondes auraient inspirée.

     Des Barbares pour se protéger des Barbares

  Les sources se taisent jusqu'en 435. Sans doute parce que les Burgondes ont paisiblement gardé leur morceau de frontière. Mais cette année-là, les guerriers du Nord quittent le territoire qui leur était attribué pour tenter de conquérir une partie de la Gaule belgique. Une tentative stoppée net par le général romain Aetius, qui taille les Burgondes en pièces.

En 443, pourtant, ce même Aetius permet la naissance du royaume burgonde, en octroyant des terres aux survivants. Le Romain organise alors la migration des Burgondes du Rhin vers les bords du Léman, et plus particulièrement dans trois cités: Genève, Nyon et Avenches. Peut-être pour se mettre en paix avec sa conscience, suite au massacre qu'il avait préalablement infligé aux Burgondes ?

  "En fait, Aetius se montrait habile, estime Justin Favrod. Il ne concédait pas une région vitale sur le plan économique. Les Gallo-Romains qui l'habitaient continuaient à dépendre de l'administration romaine quand elle était assez forte pour se faire entendre. L'idée d'Aetius était de placer une garde sur un axe routier sensible, notamment le col du Grand-St-Bernard (accès à l'Italie) et le col de Jougne (vers Vallorbe). Ainsi placés, les Burgondes pouvaient stopper une éventuelle progression des Alamans. En attribuant ce nœud routier à un barbare pas trop puissant, Aetius économisait des garnisons en assurant la sécurité de vastes zones."

   Jusqu'à l'anéantissement de leur nouveau royaume, en 534, les Burgondes vont jouer le rôle attribué par Aetius : s'opposer aux Barbares venus du Rhin et protéger les cols. Etre une moyenne puissance au rôle stratégique. Un Etat-tampon entre Francs et Ostrogoths. Un royaume trop peu puissant pour menacer ses voisins, mais suffisamment important pour servir d'obstacle entre l'Italie, la Gaule franque et l'Alamania. Une position intenable que les Burgondes ont toutefois tenue près d'un siècle.

  Un siècle durant lequel un univers aura basculé. Les rivages du Léman seront définitivement sortis de l'orbite romaine, pour entrer dans un nouvel âge: l'après-Rome. Le Moyen-Age.

     Des arrivants bien exotiques

   L'une des principales missions politiques des rois burgondes fut de créer une cohésion burgond.jpgentre des autochtones romanisés et très largement majoritaires, et des guerriers germaniques, peu nombreux mais influents. Car les Burgondes ne sont pas arrivés par centaines de milliers en Sapaudia, nom de ce nouveau territoire lémanique que Rome leur commandait de partager avec les autochtones. "Déjà minoritaires au départ, lorsque le royaume ne compte que trois cités, les Burgondes sont encore plus minorisés lorsque la Burgondie s'aggrandit considérablement, vers 500, et qu'elle compte 25 cités", estime Justin Favrod.

   Ces soldats et leurs familles ont dû paraître bien exotiques aux autochtones qui peuplaient la vallée du Rhône. Les Burgondes parlaient en langue germanique et avaient des coutumes très différentes. Prenez le mariage, par exemple. Alors que dans la cérémonie romaine qui a cours sur les bords du Léman, la dot est versée par la famille à l'époux, le Burgonde, lui, achète sa femme. Sans parler des condamnations farfelues que les Barbares ont pour habitude d'édicter. La punition du voleur de chien, qui consistait à devoir embrasser l'arrière-train de la bête en public, a dû surprendre plus d'un Gallo-Romain.

     La Gaule s'est lentement détachée de Rome

  Comment les autochtones ont-ils réagi à cette invasion ordonnée ? "Deux courants traversaient l'aristocratie gauloise. Le recours aux Barbares, qui offrent une autonomie à la Gaule par rapport au pouvoir de Rome, a attiré les sympathies de certains. D'autres voyaient l'arrivée des Burgondes comme une menace pour la romanité. Tous avaient raison, répond l'historien. La Gaule s'est lentement détachée de Rome pour ne plus dépendre que des rois barbares."

   Reste, modère Justin Favrod, que le recours aux mercenaires barbares permit aussi à la région d'échapper à un grand fléau. Le Fléau de Dieu, le Hun Attila, que le général romain Aetius et les rois barbares fédérés (dont les Burgondes venus des bords du Léman qui ont payé un lourd tribut dans ce conflit) mirent en déroute lors de la bataille des Champs catalauniques, en 451.

     Des Barbares utiles mais infréquentables

  Dans ce choc des cultures, qui des Burgondes ou des indigènes lémaniques allait l'emporter ? "La fusion entre les Burgondes et les autochtones s'est faite dans le sens d'une romanisation des Barbares. Ils ont appris le latin, ont adopté les rites funéraires et la religion chrétienne des populations locales", relève Justin Favrod. Les archéologues rencontrent ainsi de grandes difficultés pour différencier les tombes des Burgondes de celles des Gallo-Romains de la même époque. Seules les fameuses tombes à tête modifiée (voir encadré ci-contre) font exception. Mais il s'agit de Burgondes de la première génération, cette coutume disparaissant très rapidement.

  De leur côté, les aristocrates indigènes commencent par ignorer les nouveaux-venus.burgonde1 "S'ils voient l'utilité des Barbares, ils ne voulaient pas être mêlés à eux, note Justin Favrod. Ils vivaient donc comme avant, vaquaient à leurs occupations mais étaient défendus par d'autres. Et les princes barbares, qui étaient conscients de ne rien pouvoir imposer par la force, jouaient le jeu, ce qui explique la gentillesse attribuée aux Burgondes. Un roi comme Hilpéric écoutait les conseils que les nobles locaux donnaient à son épouse catholique, il mangeait avec l'évêque, dotait les monastères du Jura et recherchait les titres romains."

  En fait, les rois burgondes n'apporteront de modification au paysage traditionnel que lorsqu'il faudra définir les modalités de la cohabitation entre indigènes et nouveaux-venus, particulièrement dans le domaine des lois.

     Un royaume dépecé pour cause de problèmes familliaux

  Pendant longtemps, les Gallo-Romains des bords du Léman se sont considérés d'abord et carte1.gifsurtout comme des Romains. Le nouveau royaume burgonde n'avait d'ailleurs pas de nom. En fait, on ne commence à parler de Burgondie que lorsque cette entité politique disparaît. Notamment vers 530, lorsque le royaume vit ses dernières années en faisant face aux attaques successives des Francs et des Ostrogoths.

  Ayant fait assassiner son fils, le roi burgonde Sigismond, qui est malgré tout devenu saint, déchaîne la colère d'autres rois germaniques. Et par le jeu des liens familiaux, une série de raids vengeurs mettent le royaume à genoux.

  Le successeur de Sigismond, Godomar, ne pourra empêcher la dislocation du royaume. Entre 523 et 534, les Francs qui ont à leur tête des rois mérovingiens vont conquérir les terres burgondes. Les Mérovingiens, qui se partagent les terres de Godomar, découvrentcarte2 alors les signes d'une nationalité burgonde.

  Les habitants du royaume se considèrent comme un peuple et veulent être considérés comme tels. "Le lent processus d'assimilation des Burgondes a quand même fini par donner des résultats", remarque Justin Favrod.

   Ce n'est donc qu'avec le traité de Verdun (en 843) que la Burgondie fut définitivement partagée en deux parties par les Francs, et qu'elle ne fut, dès lors, plus jamais recréée.

"Sur les cendres du royaume naquirent encore plusieurs Bourgognes, mais elles n'avaient plus rien à voir avec le royaume de Gondebaud", conclut l'historien.

     Quel héritage ?

  Si les Francs sont considérés comme les fondateurs lointains de la France, le royaume suève préfigure le Portugal et celui des Wisigoths annonce l'Espagne, les Burgondes, eux, ne sont à l'origine d'aucun Etat moderne. Ni de la Bourgogne, ni de la Savoie médiévale (dont seul le nom, Sapaudia, restera), et encore moins de la Suisse romande, comme l'ont cru certains historiens du XIXe et de la première moitié du XXe siècle.

  Pour Justin Favrod, "ces historiens étaient encouragés par quelques passages dans les sources, qui, sortis de leur contexte, suggéraient que les Burgondes étaient des Barbares plus doux que les autres. On pouvait ainsi les opposer aux Alamans que certaines sources dépeignent comme des bêtes féroces, et déduire que les Burgondes avaient protégé la civilisation en Suisse romande, tandis que les Suisses allemands plongeaient dans la barbarie." Et d'ajouter que la Suisse de langue française ne constitua jamais un ensemble homogène. "Tout au plus peut-on admettre que la présence respective des Burgondes et des Alamans sur le Plateau suisse a déterminé à long terme la frontière des langues." Les Burgondes permettant à une partie de la future Suisse de rester dans l'orbite latine, alors que l'autre partie, sous l'influence des Alamans qui ont progressé sur le Plateau suisse jusqu'au VIIe siècle, passait dans le monde germanique.

 

Source : Allez savoir N°6 - magazine de l'Université de Lausanne

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26 octobre 2011 3 26 /10 /octobre /2011 07:53

Lucien Jerphagnon (historien, membre de l’académie d’Athènes) et Jean Dutourd (romancier, académicien), tout deux récemment disparus, se sont tous les deux penchés il y a quelques années sur la chute de l’Empire romain. Leur interprétation diverge légèrement.

 

Lucien Jerphagnon :

  On parle de décadence des mœurs pour expliquer la chute de l’Empire romain, c’est le183754_l-ecrivain-lucien-jerphagnon-sur-le-plateau-de-l-emi.jpg type même de poncif qu’on se repasse  de génération en génération à propos des Romains, toutes époques confondues. C’est l’article de fond  que vendent tous les péplums. Je sais bien qu’au Ve siècle, le prêtre Salvien de Marseille déplorait que les bordels ne désemplissent pas, mais de tout temps il s’est trouvé des gens pour dénoncer la décadence des mœurs : Cicéron au Ier siècle avant J.C. Constantin. (Ô tempora, ô mores !) et Sénèque, au Ier siècle après J.C., qui parle de ces gens qui se font vomir pour manger, et mangent pour se faire vomir… Mais c’était une manière de dire. Et il y en a pour cinq siècles, ou six.

  On site également le cosmopolitisme, mais cosmopolite, l’Empire l’était par vocation et par essence. A l’âge de l’apogée, au IIe siècle, des gens comme Epictècle, comme Plutarque, comme Aelius Aristide, trouvaient que Rome avait rendu sûres leurs contrées, et avait uni des peuplades qui avant ne demandaient qu’à s’entretuer. Cela a très bien marché pendant cinq cents ans.

  L’Empire romain était extrêmement étendu, et pourtant cela marchait très bien. Conscient de cette colossale étendue, Dioclétien (fin IIIe-début IVe s.) avait même imaginé le système tétrarchique : un empereur ou un sous-empereur aux quatre coins de l’Empire, pour parer à toute éventualité côté Barbares.

  Accuser les chrétiens serait injuste et absurde. Je sais bien que le fait de refuser d’adorer les dieux officiels les faisait passer pour inciviques, et un Tertullien, par exemple, au IIe siècle, un peu hérétique sur les bords, donnera là-dedans. Mais c’est une rareté. En fait, dans les Evangiles, dans les prédications, chez St Paul, bref, dans l’enseignement de l’Eglise, le respect des autorités était la règle explicite, et il était recommandé de prier pour les gouvernements. Même Tacite, qui ne les aime pas, innocente les chrétiens de l’incendie de Rome, sous Néron. Au reste, Constantin, le premier empereur chrétien, fut un chef très attentif et au Vis siècle, un Justinien tentera de reconstituer ce qui s’était défait.

  Alors qu’elles sont les raisons me direz-vous ? En fait je verrai plutôt les difficultés économiques, la fiscalité (fuite de gens aisés) et la démotivation de l’armée. Ammien Marcellin s’en plaint assez – l’armée ne vaut pas grand-chose (« les soldats chantent des chants langoureux au lieu de pousser des cris de guerre… Ils sont devenus expert en bijouterie, établissement »). Le commandement est passé peu à peu aux mains de gens qui ne sont pas de souche : aux IIIe et IVe siècles, les meilleurs empereurs seront des Illyriens (ex-yougoslavie…) ; et des Germains. Enfin, l’afflux des peuples barbares, qui venaient là parce qu’il faisait meilleur que chez eux, et dont les chefs n’avaient qu’une envie : devenir général romain. Ils faisaient d’ailleurs des miracles (Stilicon, par exemple, qui arrêta Radagaise…). On laissait faire, on ne résistait plus. Et c’est ainsi que Romulus Augustule fut viré par Odoacre en 476. Amen. Je ne m’en suis toujours pas remis.

 

 

Jean Dutourd :

  Sur les huit raisons de la chute de l’empire romain que l’on nous propose, je n’en voisjean_dutourd1.jpg qu’une qui ne soit pas incontestable : la lourdeur de la fiscalité. Celle-ci, à ce que je crois, ne pesait guère sur le peuple romain proprement dit ; c’est surtout les provinces de l’empire qu’elle pressurait. Tant que les garnisons romaines ont été assez fortes ou assez féroces pour faire respecter les exactions des proconsuls, il n’y eu que des révoltes sporadiques, réprimées plus ou moins vite mais toujours impitoyablement. Bien entendu les populations s’enhardirent à mesure que l’étreinte se desserra et que l’occupant, ou le maître, perdit les vieilles vertus romaines, contaminé qu’il était par les vaincus, amolli par son autorité sans borne, grignoté par les cupidités individuelles.

  Le mot-clef de l’histoire romaine est virtus qui, plus encore que vertu, signifie virilité, intrépidité, abnégation, force d’âme. La virtus des Romains s’est affaiblie avec leurs siècles de victoires et avec l’excès de pouvoir sur le monde que ces victoires leur avaient donné. A un certain point de leur histoire, le monde ne leur a plus opposé de résistance et leur ressort en quelque sorte s’est détendu. Les raisons que l’on évoque de la décadence de l’empire romain forment un résumé des événements ou des convergences des forces qui conduisent à leur ruine les Etats hégémoniques. Les mœurs des anciens Romains tels que Fustel de Coulanges les décrit dans La cité antique n’ont rien de commun avec celles des « nouveaux romains » que Pétrone s’amuse à  peindre dans Le Satyricon. Encore doit-on noter qu’au temps de Pétrone, contemporain de Néron, Rome avait deux siècles ai moins de puissance devant elle.

  Le cosmopolitisme a joué son rôle dans la décadence romaine. Nous avons des exemples analogues aujourd’hui avec les grandes capitales d’Europe et d’Amérique qui sont envahies par ce qu’on appelle te tiers-monde, qui n’est autre que les pauvres des anciennes « provinces » des empires coloniaux de naguère.

  La trop grande extension de l’empire romain n’eût sans doute pas été un facteur de désagrégation si ses gouvernements, et particulièrement ses empereurs n’avaient été de moins en moins capables au fil des années. Fut un temps où il y eut deux empereurs, puis quatre, simultanément, qui se partageaient le travail, chacun le faisant assez mal du reste.

Enfin le christianisme a fortement contribué à l’effritement et au trépas des institutions. Il a frappé de paralysie le monde païen (ou athée), il a tué la civilisation antique pour mettre à sa place, après plusieurs siècles de convulsions, une autre civilisation fondée sur une autre morale. Les catacombes du temps de Domitien ont été des galeries de taupes creusées à petit bruit sous l'empire romain et qui ont fini par causer son effondrement.

  En dépit de tout, l'empire romain a été une des constructions politiques les plus durables. Il lui est arrivé ce qui arrive inévitablement aux empires qui ont soumis par la force et soudé administrativement (un certain nombre de nations hétéroclites autour de ce que l’on pourrait appeler un noyau conquérant. Les entités politiques fabriquées de la sorte sont forcément animées d’un mouvement centrifuge, lequel n’attend que le moment propice pour se produire, ce qui prend parfois plusieurs siècles mais a toujours lieu. C’est leur grande différence avec les patries qui se forment lentement et pour ainsi dire parcimonieusement plus par consentement mutuel que par contrainte, même si parfois il faut des guerres pour y parvenir. Ce qui fait la fragilité des empires, y compris l’empire romain, est qu’ils sont des sociétés et non des familles. Or, les sociétés sont fragiles : elles s’éteignent quand leurs membres ne croient plus en elles, en leurs principes, en leur religion, en leur légitimité, donc en leur avenir.

 

Historia janvier/février 1997

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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 10:23

Claude, né à Lugdunum (Lyon) fut le premier empereur né hors d'Italie.*

 

Bronze : ± 28 g ; ± 33,5 mm

 

Légende : TI CLAVDIVS CAESAR AVG P M TR P IMP. " Tiberius Claudius Caesar Augustus Pontifex Maximus Tribunicia Potestate Imperator" (Tibère Claude César Auguste grand pontif revêtu de la puissance tribunitienne empereur).sesterce-claude1.jpg Revers :

Légende : EX S C / OB / CIVES / SERVATOS. "Ex Senatus Consulto/Ob Cives Servatos", (Par décret du Sénat pour la sauvegarde des citoyens).

sesterce-claude2.jpg  Des pièces identiques ont été récemment trouvées dans le Var.

 

* pour en savoir un peu plus sur Claude : Scripta manent

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19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 08:18

  Selon Augusta Hure : «le nom Sénom n'appartennait pas originairement à une tribu celtique, mais à une tribu pré-gauloise ou pré-celtique du Sénonais». À une période éloignée, leur territoire était surement beaucoup plus étendu vers l'est de le France. Hormis le village de Sénon dans la Meuse, on relève plusieurs agglomérations ayant Sénon comme racine dans leur nom : Senones dans les Vosges, Sénoncourt dans la Meuse et le Haute-Saône, et Sénonville aujourd'hui commune de Valbois dans la Meuse. C'est en venant du plateau bavarois que ce peuple aurait probablement fondé ces citées.

Un autre spécialiste de l'Antiquité, Joël Schmidt fait venir les Sénoms avec les Celtes des pays du nord de l'Europe (Danemark, rive de la Baltique, Frise, Jutland, Ems, Weser et Elbe), dès le Ve siècle avant notre ère, à la recherche d'espace vitale et d'un climat moins rude. Cet auteur précise en outre : «Les guerriers celtes ne sont pas seuls. Ils sont suivi par des femmes, des enfants, des vieillards, et par leurs troupeaux. Ils se déplacent par milliers, voir par centaines de milliers dans des chariots...»

  Le problème de la provenance des Sénoms n'est pas encore résolu. Laissons donc les spécialistes travailler à cette passionnante énigme.

  À cette époque, une autre branche des Sénons, emmenée par Bellovese...

La suite sur le blog "L'Yonne gallo-romaine"...

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16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 09:18

   À partir de la Conquête en -52, les Romains contribuent à développer en Narbonnaise un important vignoble.
   Avec l’intensification des échanges maritimes et terrestres, deux produits deviennent emblématiques du commerce méditerranéen : l’huile et le vin.

   Au Ier siècle de notre ère, un grand changement intervient : les Gaulois de Narbonnaise obtiennent l’autorisation de planter et de cultiver la vigne. Les Allobroges mettent au point de nouveaux cépages, adaptés aux hivers vigoureux, puis les Bituriges Vivisques créent à Bordeaux une variété résistant à la pluie et au vent. La culture de la vigne s’étend sur toutes les provinces de la Gaule, jusqu’en Normandie.  

   Crise de surproduction ? Décision politique ? Un décret de Domitien formulé en 92 de notre ère ordonne l’arrachage de la moitié des plants dans les provinces romaines.... Le décret, impopulaire, ne sera pas appliqué rigoureusement et la vigne continuera de progresser en Gaule, jusqu’aux frontières de l’Empire, sur le Rhin.  

   Le IIe siècle marque l’apogée de la production de vin en Gaule, avant qu’une nouvelle crise n’entraîne l’abandon progressif des domaines et la perte des vignobles, que les guerres finissent de ravager. La viticulture ne disparaît toutefois pas complètement du territoire, puisque la production de vin est toujours attestée au Ve siècle.carte 4

1_ Plantations de vigne et production de vin dans la villa de Champs Chalatras (Puy-de-Dôme)

2_ La viticulture antique du Gasquinoy, Béziers (Hérault)

3_ La villa viticole du Haut-Empire de Saint-Georges-des-Coteaux (Charente Maritime)

4_ La viticulture de la moyenne vallée de l’Hérault pendant le Haut-Empire : les parcelles

5_ La viticulture de la moyenne vallée de l’Hérault pendant le Haut-Empire : des hameaux et des villages de vignerons

6_ La viticulture de la moyenne vallée de l’Hérault pendant le Haut-Empire : les fermes

7_ La viticulture de la moyenne vallée de l’Hérault pendant le Haut-Empire : les amphores

8_ De la pourpre au vin, la villa du Pladreau à Piriac-sur-Mer (Loire-Atlantique)

9_ Le vignoble antique de Gevrey-Chambertin (Côte-d’Or)

10_ Le domaine antique du Petit Clos à Perpignan (Pyrénées-Orientales)

 

  Au Ier siècle, les Romains accordent la citoyenneté aux Allobroges, dont la capitale est Vienne, ainsi que le droit de planter et d’exploiter la vigne. Le cépage Vitis allobrogica, encore appelé Vitis picata, serait né à ce moment-là. Résistant aux hivers rigoureux, il donne un vin célèbre jusqu’à Rome et réputé pour son goût de poix, que Pline l’Ancien évoque dans son Histoire naturelle.  

  Cependant, de nos jours, aucune trace archéologique n’a prouvé la présence de cette vigne dans les environs de Vienne ; aucun vestige d’exploitation viticole ni toponyme ne permet d’identifier le lieu de production. Et pour comble de malchance, les nombreuses amphores mises au jour dans la région contenaient toutes... de l’huile d’olive.  

   Les sources écrites, dont une inscription découverte à Aix-les-Bains mentionnant la donation d’une vigne, existent bel et bien. Certains historiens de l’œnologie émettent dorénavant l’hypothèse que ce mystérieux « allobrogique » pourrait être rapproché du cépage de mondeuse, cultivé traditionnellement en Savoie, et que les Allobroges auraient fait commerce d’un vin produit non pas autour de Vienne mais dans leur arrière-pays, sur les coteaux du Dauphiné.Lycurgue

Lycurgue, roi de Thrace, frappé de folie par Dionysos et assailli par Ambrosia transformée en rinceaux de vigne, dernier quart du IIe siècle de notre ère, mosaïque de Sainte-Colombe-les-Vienne.
                                 Musée gallo-romain de Saint-Romain-en Gal, Vienne.

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