Au début du IIè siècle avant J.C., la société gauloise est peu ouverte sur l'extérieur, et sans réelle économie de marché. Pourtant levin y connaît rapidement un grand succès et y est donc abondament importé. Ce sont les élites gauloises qui organisent l'échange avec les marchands et redistribuent une partie du vin à l'occasion de fêtes politico-religieuses. Ces relations privilégiées entre marchands et élites glissent progressivement vers une économies de marché, et vont préparer le terrain à le conquête romaine de la Gaule...
Pour l'heure, les marchands italiens cherchent à conquérir et à créer un "marché gaulois". Le sud-est de la Gaule et l'axe Rhône-Saône est accaparé par Marseille et ses alliés. La seule solution est le débarquement de marchandises sur la côte catalane et son transport fluvial, puis terrestre jusqu'à Toulouse. De là, les marchandises peuvent gagner le reste de la Gaule par la Garonne ou par caravanes à travers le Massif central.
Justement, des fouilles archéologiques entreprises au cœur du quartier Saint Roch àToulouse ont permis de révéler l'existence d'un probable lieu de rencontre saisonnier de caravanes marchandes regroupant activités artisanales et commerciales au IIè siècle avant notre ère.
Depuis le XIXè siècle, plusieurs dizaines de puits gaulois avaient été signalés et d'importants épandages d'amphores repérés. C'est finalement plus de trente tonnes de tessons d'amphores, soit plus de 10 000 unités, et environs 12 000 petits objets métalliques (clous compris) qui ont été découverts sur un site localisé dans une plaine alluviale, à proximité de la Garonne, mais à 4 kilomètres de l'oppidum de Vieille Toulouse.
Celui-ci, limité par des fossés creusés au premier siècle de notre ère[1] sur des limites préexistante du siècle précédant, contient des aires de circulation et de regroupement qui ont été assainies par l'éparpillement de centaines de milliers de tessons d'amphores. Il pourrait s'agir de vastes «places de marché» ou «foirails», pour des produits venus de Méditerranée.
À proximité de ces places, se tenaient des ateliers de petite métallurgie qui fabriquaient différentes sortes d'éléments de bronze et de plomb, utilisés par les commerçants voisins ou les transporteurs de marchandises.
Sur place, une vingtaine de puits étaient à disposition pour abreuver hommes et bêtes, venus en nombre les jours de marché, ou durant des "foires" organisées sur plusieurs jours.
Sur une partie du site, des amphores déposées couchées et alignées, ou dressées sur le sol, et accompagnées de plusieurs crânes de bovidés et d'au moins un crâne de cheval, entouraient une sorte d'enclos dressé de palissade, à l'intérieur duquel se trouvent plusieurs sépultures humaines, dont notamment deux squelettes entiers, celui d'un jeune garçon reposant sur le ventre, et celui d'une femme, enterrées avec ses bijoux, dont un bracelet en bronze. Ces restes ne présentent pas de trace de violence, il pourrait s'agir par conséquent, d'un petit sanctuaire contenant les dépouilles de défunts "honorables". Cet espace sacré a du être utilisé pendant une partie de l'existence du site, en relation avec les activités marchandes et des cérémonies impliquant sacrifices d'animaux et libations de vin.
Reportage vidéo sur les découvertes faites sous l'ancienne caserne de Niel. (Reportage assez médiocre à mon goût, dû à un mauvais montage, ainsi qu'au français approximatif de M. Jud)