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27 janvier 2010 3 27 /01 /janvier /2010 18:29
  Un oppidum (du latin n. oppidum, pl. oppida : lieu élevé, fortification) est un lieu de refuge public, caractéristique de la civilisation celtique, dont les défenses naturelles ont été renforcées par des travaux collectifs. Il est souvent situé sur un lieu élevé (une colline ou un plateau), mais peut aussi être sur une île, un cap, dans un méandre de fleuve, un marais, etc.
  Les oppida (pluriel en langue latine) sont connus notamment grâce aux descriptions de Jules César, dans ses commentaires sur la guerre des Gaules. Ils se caractérisent par des murs de terre et de pierres, renforcés par des traverses de bois assemblées perpendiculairement par de longues fiches de fer de 20 à 30 cm.

 
  La situation des sites d'oppida est connue grâce aux anciens itinéraires, à la toponymie (terminaison en -dun), à la cartographie, à la reconnaissance aérienne. Elle est confirmée ou non par des fouilles archéologiques.


  À Moulay, en Mayenne, à l'extrémité d'un vaste promontoire granitique situé à la confluence des rivières de la Mayenne et de l’Aron, la fouille d’un des plus grands oppida de la Gaule a débuté. Si une première enceinte fortifiée était connue depuis le XIXe siècle, c’est à l’occasion d’un aménagement routier en 2004 que les archéologues ont identifié ce site remarquable. 
L’origine gauloise du rempart

L’origine gauloise du rempart

L’enceinte fortifiée anciennement connue s’appuie sur des vallées encaissées présentant par endroit des falaises hautes de plus de 20 mètres. Un rempart massif, de 20 mètres de large pour une hauteur conservée de 6 à 8 mètres, se développe sur près de 350 mètres de longueur et clôt un espace de 12 hectares, à l'intérieur duquel est installé le cœur du bourg actuel de Moulay.
Dans les années 1970, les premières investigations archéologiques révèlent l'origine gauloise du lieu et de l'ouvrage défensif, longtemps considéré comme une fortification militaire romaine et qualifié de « camp de César ». Peu d’aménagements internes sont identifiés, mais le mobilier correspond à une occupation domestique du Ier siècle avant notre ère : poteries, meules à grains, amphores vinaires importées d’Italie, éléments de parure, et à la pratique d’activités métallurgiques : moule de bronzier et scories. Un rempart secondaire en pierre sèche a également été reconnu sur le reste du pourtour du site en sommet de falaise. Ainsi l’oppidum de Moulay apparaît comme un site majeur de l’époque gauloise.

L’un des dix plus vastes oppida de Gaule

En 2004, dans le cadre du contournement routier des communes de Moulay et de Mayenne, l’Inrap a mené un diagnostic archéologique sur près de 9 kilomètres. Le projet routier passe à moins de 300 mètres à l’est de la fortification gauloise connue, sur la suite du promontoire rocheux. À l’extérieur de l’enceinte, le diagnostic a révélé de nombreux indices de la période de La Tène finale (IIe et Ier siècles avant notre ère), dont un nouveau rempart d’environ 1 200 mètres de long à 1 000 mètres en amont du premier. Il rejoint en ligne droite les vallées de la Mayenne et de l'Aron. Cette nouvelle ligne défensive change considérablement la morphologie du site : la surface définie par les deux enceintes concentriques avoisine alors les 135 hectares.
Plus grand site connu aujourd’hui sur le Massif armoricain, Moulay fait dès lors partie des dix plus vastes oppida gaulois. L’agglomération fortifiée correspond au chef-lieu de la cité gauloise des Diablintes. À la période romaine, le centre de pouvoir se déplace à quelques kilomètres de là à Jublains (Noviodunum), puis à Mayenne au nord de Moulay dès l’époque carolingienne. Ces trois sites voisins illustrent ainsi la permanence du siège du pouvoir politique et son évolution au cours de plus d’un millénaire sur d’un même territoire.

Un projet scientifique d’envergure

La fouille, qui s’étendra sur 11 hectares, devrait permettre d’étudier le contexte environnemental de l’oppidum et la structuration de son occupation.
Le projet scientifique, réalisé grâce aux données anciennes et aux résultats du diagnostic, s’est enrichi d’exemples fournis par les fouilles récentes d’agglomérations gauloises de l’ouest de la France. De nombreux éléments du paysage figurant sur le cadastre du XIXe siècle sont parfois encore visibles aujourd’hui, les chemins creux notamment, et attestent une origine vraisemblablement gauloise. La découverte, lors de travaux de remembrement agraire dans les années 1970, d’un ancien chemin creux remblayé par près de 200 meules gauloises qui pourrait finalement correspondre à la voie principale de l’enceinte orientale de l’oppidum identifiée en 2004, en est un exemple. Par ailleurs, dans les environs immédiats du site fortifié, une ferme gauloise a déjà fait l’objet d’une fouille tandis que deux autres établissements agricoles seront étudiés dans les mois à venir.

Les enjeux scientifiques de cette opération archéologique, dont l’envergure exceptionnelle n’a pas d’équivalent à l’échelle européenne sur un site analogue, devraient permettre d’apporter un regard nouveau sur le phénomène des oppida celtiques.

Voir le reportage

Source : Inrap

Pour en savoir plus sur les oppidums : http://www.culture.gouv.fr/culture/arcnat/entremont/fr/index2.html
http://www.oppida.org/
 
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