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12 mars 2011 6 12 /03 /mars /2011 01:30

L'élevage

 

  Les auteurs anciens ont à maintes reprises la prospérité de l'élevage en Gaule. Activité primordiale s'il en fût qui assurait la traction, fournissait la viande, lait et matières premières et pour l'artisanat textile, le travail de l'os et de la corne et la préparation des cuirs.

 

  Les textes anciens mentionnent entre autres la qualité des chevaux trévires, la renommé des oies de Morins (peuple de l'actuel Pas-de-Calais), des porcs, des Séquanes et des Ménapes, respectivement peuples de l'ouest du Jura et de la Flandre marécageuse.

 

  Les données archéologiques, plus diversifiées, apportent des éléments concrets. Certes des scènes pastorales trop souvent conventionnelles et stéréotipées sont reproduites par des sculpteurs, notamment sur les sarcophages. Mais plus évocatrices en dépit de leurs naïveté, sont des statuettes comme celle mise au jour à Thésée en Loir-et-Cher. Un pâtre tient son bâton de la main droite et de la main gauche, serre contre sa poitrine une flûtte de pan. Une stèle funéraire de Saint-Ambroix montre un couple de paysans éleveurs. L'homme tient des forces, c'est à dire des ciseaux à tondre les moutons. Particulièrement émouvante est l'épitaphe d'un berger de trente ans assassiné par un esclave. Au bas de la stèle retrouvée à Mayence en Allemagne, est figuré le malheureux berger qui, avec son chien, surveille ses moutons. Quant aux représentations d'Épona, la déesse cavalière, elles mettent en relief le rôle éminent du cheval.

  Deux autres sources évocatrices sont fournies par les innombrables figurations d'animaux - mosaïques, bas-reliefs, figurines en terre cuite, statuettes en bronze, fibules zoomorphes notamment - et par les empreintes de leurs pieds lorsqu'ils sont venus marcher fortuitement sur les tuiles encore fraîches. Moutons, chèvres, porcs, chiens, chats et poules ont ainsi imprimé leur pas dans l'argile.

  Les forces, les clarines en fer ou en bronze (clochettes suspendues au cou des animaux), les faisselles en poterie au fond percées de petits trous destinés à égoutter les fromages, les hipposandales et les busandales (semelles métalliques pour protéger les sabots des chevaux et des bœufs), pinces à castrer, mors de chevaux, constituent autant de témoignages directs sur l'élevage. Ferme-gal-rom-wasserwald

                                     Ferme gallo-romaine de Wasserwald (Bas-Rhin)

 

  Plus significatifs encore sont les bâtiments agricoles identifiés avec quelques certitudes comme écuries ou étables. Dans l'Yonne, à Crain par exemple, une pièce tout en longueur dans une modeste villa a livré sept anneaux régulièrement espacés le long de la cloison de séparation avec la pièce voisine. Retrouvés avec leur tige de fixation, ces anneaux pouvaient servir a attacher les animaux domestiques, d'autant qu'une porte donnant sur l'extérieur, permettait un accès direct au troupeau. Dernier indice enfin, le long de la cloison, le sol contenait des restes de céréales et autres graminées, suggérant la présence d'une mangeoire. Une autre pièce contenant les restes calcinés d'un cheval devaient être une écurie.

 

  L'archéozoologie, qui par analyse des vestiges osseux, étudie les animaux dans leur contexte archéologique, constitue une source d'information irremplaçable pour l'élevage, fournissant notamment pour un gisement donné, les espèces représentées, le nombre minimum d'individus présents, leur âge et leurs mensurations. Elle apporte également de précieuses données sur les modes alimentaires et les comportements en matière de chasse et de pêche.

  Les analyses archéozoologiques montrent que les espèces élevées à cette époque différaient quelque peu de celles que nous connaissons aujourd'hui. Le porc par exemple, élevé en liberté, était beaucoup plus vigoureux d'autant que les textes nous apprennent qu'on le croisait avec le sanglier. Deux types de bœufs coexistaient. Il en allait de même pour le cheval avec une variété indigène de petite taille et une espèce plus robuste qui apparaît à l'époque romaine. Quant au mouton, dont les deux sexes étaient pourvus de cornes, il était un peu plus petit que celui que nous connaissons. Ânes, chevaux, coqs, oies, sont également présent dans les fermes. Les Gallo-romains possèdaient également des animaux domestiques : chiens, chats...

 

  

  À Gournay-sur-Aronde (Oise), l'étude de différents ensembles archéologiques homogènes et bien datés à permis de suivre l'évolution morphologique des bœufs sur une période d'environ quatre siècles, du milieu du IIIè siècle avant Jésus Christ jusqu'au cour du IIè siècle de notre ère. Sur les gisement d'époque gauloise ne sont connus que des bovins de petites tailles. Les ensembles gallo-romains, quant à eux, livrent des animaux beaucoup plus grands. La différence de taille entre ces animaux est considérable puisqu'elle dépasse vingt centimètres ! Le grand bœuf gallo-romain se singularise aussi par une puissance bien supérieure au niveau des épaules et des cuisses, ce développement plus important des masses musculaires assurant un meilleur rendement en viande.

  L'apparition de ces grands bœufs, probablement dû à des croisements entre races gauloises et italiennes, n'élimina pas pour autant le petit bœuf indigène qui conservait manifestement toute son utilité pour les populations qui l'élevaient.

  boeuf-gallo-romain

L'apiculture

 

  Source essentielle du sucre dans l'Antiquité, le miel était évidement fort prisé mais son élaboration demeurait inexpliquée. «Le miel tombe des airs, affirmait Pline. Il est la sueur du ciel, sorte de salive des astres ou du suc des airs qui se purifient». D'autres auteurs pensaient que les abeilles le butinaient tel quel sur les fleurs ou bien qu'elles le fabriquaient à partir de la rosée... L'édit de Dioclétien mentionne deux qualités de miel, la meilleure à quarante deniers le setier, l'autre presque deux fois moins chère.

  La lecture des auteurs anciens qui ont traité l'apiculture, incline à penser que plusieurs types de ruches furent utilisées en Gaule romaine : ruches en paille, ruches en troncs d'arbres évidés, ruches en baguettes ou éclisses tressées étanchéifiées à l'aide de bouse de vache ou bien ruches horizontales en planches.

  Les traces archéologiques de l'apiculture gallo-romaine sont assez rares : deux plaquettes en os dans l'Yonne figurent des ruches en paille ou un pot enfumoir découvert dans les Alpes-Maritimes...

 

 

Source : Les gallo-romains, Gérard Coulon.

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commentaires

S
<br /> On imagine les questions des agriculteurs pour les boeufs; garder le modèle ancien ou investir et importer l'italien... actuellement plusieurs éleveurs français ont réinvesti dans un cheptel de<br /> (petites) vaches jersiaises avec un rendement supérieur !<br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> Passionnant. Je vais acheter le bouquin.<br /> Bien cordialement<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Les Gallo-romains Tome 1 et 2 éditeur Arman Colin. Disponibles sur Priceminister.<br /> <br /> <br /> A bientôt<br /> <br /> <br /> <br />

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