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15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 07:12

Comme cela avait été le cas lors du décès de Clovis, et selon la tradition des Francs, le royaume du défunt Clotaire devait donc être divisé et distribué à ses enfants.


Ils étaient quatre à hériter (Chramne ayant été tué sur ordre de son père). Il y avait, par ordre d’aînesse, les trois fils d’Ingonde : Charibert ou Caribert[1] ; Guntramn, dont nous avons fait Gontran ; et Sigibert, orthographié plus habituellement Sigebert ; et le fils d’Arégonde, Hilpéric, dont nous avons fait Chilpéric[1] .Arégonde étant la sœur d’Ingonde, Chilpéric était le frère des trois autres par son père, et leur cousin germain par sa mère.


Les quatre fils n’avaient pas attendu l’inhumation définitive de leur père pour se partager son royaume. Chilpéric était le plus pressé des quatre ; le plus fourbe aussi. Les cierges des funérailles brûlaient encore, que lui s’était lancé à bride abattue en direction de la villa royale de Braine, située à une vingtaine de kilomètres de Soisson pour s’emparer du trésor royal qui y était entreposé.

Le trésor était entreposé dans des coffres, gardés par de farouches guerriers. Farouches, mais pas incorruptibles. Après de rapides tractations, tout le monde y trouvant son compte, le trésor fut livré à Chilpéric.

 

Naturellement, tout cela ne fut pas du goût de ses frères qui, furieux, envoyèrent une armée bien fournie à Paris, où Chilpéric s’était replié. Une fois capturé, il fut expulsé de la ville, s’en tirant finalement pas trop mal. Le problème étant réglé, Charibert, Gontran et Sigebert se réunirent pour procéder au partage du royaume de leur père. Ils se mirentP1040117 d’accord pour définir quatre royaumes, non pas avec des frontières propres, qui est une conception plus tardive, mais avec le nombre des cités et des villas qu’ils comprenaient.

À Charibert, l’aîné, échut le royaume de l’est, la Neustrie (ni-Oster-rike : le royaume qui n’est pas de l’ouest), qui ne portait pas encore ce nom au moment du partage, avec pour capitale excentrique Paris ; plus important que celui de Childebert, il s’étendait de la Somme aux Pyrénées, en incluant la basse vallée de la Seine, celle de la Loire à partir de Tours et celle de la Garonne toute entière. Au second frère Gontran, était attribué un territoire plus vaste encore : tout l’ancien royaume des Burgondes entre les Vosges et la Durance, plus la partie orientale de l’ancien royaume de Clodomir, avec Orléans et Bourges. Au troisième frère, Sigebert, échut l’ancien royaume de Thierry, l’Austrasie, mais bien plus étendu vers l’ouest, où il absorbait la moitié du royaume d’origine de Clotaire, avec toute la vallée de la Meuse ; l’Auvergne y était jointe. Quant à Chilpéric, il recevait ce petit royaume rétréci de son père, réduit à sa moitié occidentale (une superficie égale au tiers de l’Austrasie et au quart de la Bourgogne), avec encore pour capitale Soissons. Nul doute que Chilpéric payait là le mauvais tour qu’il avait essayé de jouer à ses frères.


Comme c’était à prévoir, les quatre frères ne tardèrent pas à entrer en guerre les uns contre les autres. Sans surprise, Chilpéric fut le premier à passer à l’action, profitant que son voisin, Sigebert, menait sur le Danube une campagne contre les Avars, pour s’emparer de Reims. Mais Sigebert, plus puissant, envahit ses Etats et emmena son fils en captivité, ce qui calma les ardeurs de Chilpéric.

En 567, Charibert mourut, le partage de son royaume occasionna la reprise des hostilités. Sigebert et Chilpéric avaient épousé deux princesses wisigothes : Brunehaut (Brunhild) et Galswinthe. Mais Chilpéric décidément intenable avait prit pour maitresse une fille de ferme appelée Frédégonde. Celle-ci, aussi ambitieuse et sans scrupule que son amant, fit étrangler la reine légitime. Sigebert et Brunehaut décidèrent de venger ce lâche assassinat. Les armées austrasiennes eurent vite raison des troupes de Chilpéric. Mais tandis que Sigebert mettait le siège devant Tournai, Frédégonde le fit poignarder à mort (575).

Désormais, ce fut par les deux reines, Brunehaut et Frédégonde, que l’âpre lutte fut activée. Après la mort de Frédégonde en 597, on pouvait supposer que Brunehaut l’emporterait : elle gouvernait maintenant les deux royaumes d’Austrasie et de Bourgogne, hérité de Gontran, pour  ses deux petits-fils mineurs, Thierry et Thibert. Mais une guerre implacable les dressa l’un contre l’autre durant laquelle ils perdirent la vie tout les deux. Le vainqueur malgré lui fut le jeune Clotaire II, fils de Frédégonde, qui  émergeait de ce chaos, et fut proclamé par les leudes des différents royaumes héritier de son grand-père Clotaire Ier. C’était l’unité retrouvée du Regnum Francorum, sous un seul sceptre. Pour assurer définitivement  cette unité, le jeune Clotaire, aussi cruel que ses parents, fit atrocement exécuter sa tante Brunehaut en 613.

 

 

 

[1] Charibert ou Haribert (CH = H = gutturale), de hari : troupe, groupe armé et bert : brillant, glorieux (latin clarus) : « troupe glorieuse ». Sigebert, de segis (celtique) : victoire ; « glorieuse victoire ». Guntramn, de gunt : combat, et ramn : corbeau. Chilpéric, de hilp : le secours (allemand hilf), et ric : le chef (latin rex) : « le chef secourable ».

 

Sources : Clotaire Ier fils de Clovis, Ivan Gobry éd. Pygmalion  _  Histoire des Francs, Grégoire de Tours

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