Jusqu'au règne de Clovis, on sait peu de chose, faute de documentation, sur ce qu'était l'armée franque. Ce peuple n'était pas uni sous l'autorité d'un roi. Les "rois" francs étaient alors des chefs élus par les guerriers de leurs tribus ou d'un ensemble de tribus. S'ils étaient vainqueurs et remportaient d'importants butins, leur autorité était naturellement reconnue. Sinon, on ne se contentait pas de les destituer, on les mettait à mort.
Chez les anciens Francs, comme chez les autres Germains, il n'y avait pas d'armée permanente, contrairement aux armées romaines, dont les effectifs, s'ils étaient proportionnellement bien moins nombreux, étaient composés de soldats de métier. C'est la vieille d'une guerre que l'assemblée des hommes libres décidait de lever des troupes. À l'exception des esclaves et des affranchis, tous les hommes de plus de quinze ans étaient appelés à combattre, chacun devant pourvoir à son équipement. Les Francs ayant la culture de la guerre, c'est avec courage et honneur que les hommes prenaient les armes.
L'armement des Francs, à l'origine semblable à celui des autres peuples germains, devient de plus en plus spécifique au fil du temps. Ainsi voit-on apparaître au milieu du Vè siècle, de longues épées à lames damassées[1], des fourreaux ornés de figures d'animaux, et de boucliers ronds propres aux Francs. À cela s'ajoutent des lances, des javelots, ainsi que des haches de jets, que les guerriers francs affectionnent particulièrement. Les chefs francs avaient beaucoup de prestance, comme le dit le romain Sidoine Apollinaire à un ami : «J'imagine avec quel plaisir, toi qui si souvent aime a regarder les armes et les guerriers, tu aurais à assister à l'arrivé du prince royal Sigismer paré selon l'usage et la manière de sa peuplade, lorsqu'il arriva (à Lyon) au palais de sa fiancée.»
Après la conquête de la Gaule, l'organisation des armées franques subit d'importants changements, alors que les guerres extérieures ou internes au domaine franc se multiplient.
Les rois se dotent d'une garde personnelle, dont les membres sont les antrusions et d'un corps chargé de surveiller les frontières, les sarae. À part cela, l'armée, faute de ressources fiscales suffisantes, n'est toujours pas permanente. Principale innovation : le recrutement n'est plus tribal mais territorial. Une fois l'heriban (ou convocation) rendue publique, le recrutement est assuré par les représentants du roi, les comtes ou, dans les régions frontalières, les ducs. Généralement m'heriban ne concerne que les régions proches du futur théâtre des opérations. Sous les petits-fils de Clovis, le recrutement s'élargit aux populations gallo-romaines. Pour autant, les contingents ne sont pas mixtes; ils sont soit germains "soit romains".
[1] On obtient une lame damassée par soudure lors d'un travail bien précis à la forge. En quelques lignes, on peut résumer la tâche du forgeron qui consiste à souder ensemble par martelage différentes couches de fer " doux " et d'acier à plus haute teneur en carbone. Répétée un grand nombre de fois, cette opération aboutissait à la réalisation d'une lame possédant un nombre X de couches d'acier et de fer, ce qui conférait à cette dernière une bonne élasticité et un bon tranchant. http://users.skynet.be/lames/damas01.html#damas
Source : Rois de France - Les Mérovingiens, éd. Atlas