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12 novembre 2011 6 12 /11 /novembre /2011 00:06

Camille Jullian (1859-1933), qui avait été l’élève du géographe Vidal de la Blache et de l’historien Fustel de Coulanges, a été un des grands historiens de la Gaule. Ses ouvrages font toujours référence. Il a publié notamment une Histoire de la Gaule, en huit tomes (1908-1920) et, un Vercingétorix, son œuvre la plus connue.

Paru pour la première fois en 1901, ce Vercingétorix a connu, jusqu’à aujourd’hui, une quinzaine de rééditions. À partir des rééditions de 1963, à l’initiative de Paul- Marie Duval, autre grand spécialiste de la Gaule, le livre a été amputé de ses premiers chapitres consacrés à la géographie de l’Auvergne, aux dieux Arvernes et au peuple arverne. Avec raison, la nouvelle édition qui paraît aujourd’hui restitue l’ouvrage dans son intégralité.

 

                VERCINGETORIX

 

   Chapitre I - Le pays d'Auvergne

 

1. L'Auvergne, centre de la Gaule

 

Vercingétorix était roi des Arvernes, lorsqu’il dirigea, l’an 52 avant notre ère, la résistance de la Gaule à la conquête romaine.

Les tribus arvernes habitaient l’Auvergne actuelle, Haute et Basse, et la partie méridionale du Bourbonnais. A l’Est et à l’Ouest, leurs limites étaient celles de nos deux départements auvergnats, le Puy-de-Dôme et le Cantal ; mais leur domaine dépassait ces frontières au Nord, où il finissait près de Moulins, et au Sud, où il englobait Brioude et Langeac. La nation possédait donc le milieu et les plus hauts sommets du plateau central.

L’Auvergne est, avec la Bretagne armoricaine, la région la plus ancienne de notre patrie. Au temps où les mers recouvraient presque tout l’espace qui devait être la France, émergeaient déjà les socles de granit où allaient se fixer l’une et l’autre provinces. De tous les grands pays gaulois, ce sont ceux dont les destinées ont commencé les premières. Mais, quand les terres nouvelles apparurent, elles se tinrent à l’écart de la Bretagne, et c’est au pied du plateau d’Auvergne que s’étagèrent les calcaires et les alluvions des bassins fluviaux. Il est devenu le noyau de formation de la France, et, suivant l’expression des anciens eux-mêmes, l’échine montagneuse autour de laquelle s’est développé le système de nos vallées.

Quelques années avant l’ère chrétienne, les géographes commencèrent à bien connaître la contrée qui s’étendait entre les Pyrénées et le Rhin, et où dominait le nom celtique : ils lac-pavin.JPGpurent la voir dans son ensemble, et réfléchir sur elle. Or, le premier sentiment qu’elle leur inspira fut une naïve admiration. Ce pays, dirent-ils, ne peut être le résultat du hasard, il ressemble à l’œuvre faite par un dieu, il est l’édifice bâti par une providence. Son sommet va se perdre dans les brumes du Rhin septentrional ; il s’appuie solidement, au Sud, sur les deux murailles de montagnes des Alpes et des Pyrénées ; il regarde les deux grandes mers du monde, vers lesquelles il ouvre des baies également hospitalières.

Au dedans de ces limites, tout contribue à rapprocher les peuples, à leur donner le désir de se connaître, le besoin de s’entendre, le devoir de s’unir. La société humaine vit des instincts de l’âme et des sentiers de la terre : la nature a fourni à la Gaule les plus admirables éléments de la vie sociale, en lui présentant des routes toutes faites, c’est-à-dire un réseau continu de vallées  fluviales. A l’Est, ce sont le Rhône, la Saône et le Doubs, qui vont, d’une même ouverture, droit du Nord au Sud ; à l’Ouest sont la Garonne et l’Aude, qui divergent dans leur cours, mais dont les vallées se rejoignent ; entre ces deux grandes lignes, la Loire, la Seine et la Moselle s’épanouissent en éventail, nulle barrière ne sépare leurs eaux moyennes, et aucun obstacle sérieux ne s’élève entre leurs voies supérieures et la grande tranchée rhodanienne. Toutes ces lignes de flots mouvants se font suite, et par elles s’appelleront les peuples qui vont habiter sur les rives.

La Gaule, expliquait le géographe grec Strabon, est surtout un entrecroisement judicieux de rivières. Tandis que l’Egypte est le produit d’un seul fleuve, que l’Espagne est une lourde charpente de plateaux, la Gaule est encore l’ingénieuse combinaison de vallées groupées autour d’un donjon central.

Or, celles des eaux gauloises qui ne viennent pas des chaînes frontières, descendent pour la plupart du massif que domine l’Auvergne. Elles grossissent, se transforment, errent et se chargent avant d’arriver à la mer. Mais, si éloignées que soient les embouchures de nos fleuves, ils entraînent presque tous dans leurs eaux du limon des terres centrales. L’Auvergne est la citadelle au pied de laquelle se forment les routes naturelles et nationales du sol français.

 

A suivre...

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