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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 10:47

            Vercingétorix

 

Chapitre XVI - Défaite de la cavalerie gauloise.

 

6. Défaite de la cavalerie gauloise.

 

Sur les trois fronts de bataille, enveloppant l’armée presque entière de Jules César, les quinze mille cavaliers de Vercingétorix s’élancèrent dans un formidable ensemble.

Les cavaliers romains de l’avant-garde et de la gauche furent comme submergés et dissipés : le chef gaulois n’avait pas eu tort, la veille, de les juger médiocres. Mais derrière les chevaux ennemis, les Celtes aperçurent les cohortes romaines, enseignes en marche, hommes en rang de combat, que César détachait du carré et faisait avancer en ligne d’attaque : et sur leur front rigide, vaincus et vainqueurs arrêtèrent leur fuite ou leur poursuite.

Ce fut alors, entre les légionnaires et les Gaulois, une rencontre confuse et terrible, la mêlée la plus incertaine et la plus longue où César eût encore exposé ses cohortes. Les Romains, sentant qu’il y allait du salut de tous, sachant la retraite coupée et la fuite impossible, combattirent avec une énergie de désespérés. Leur chef donna dans l’action comme un centurion de la rue. Il perdit son épée, qu’un Arverne emporta pour l’offrir à ses dieux. Il faillit perdre plus encore, si du moins il faut croire et rapporter à cette bataille l’anecdote que le proconsul lui-même racontait dans son journal : un cavalier gaulois le saisit et l’enleva en croupe, et s'eût été la fin de César, si le Barbare, ignorant le prix de son butin, n’avait commis la maladresse de le laisser échapper. — Au moment oùromains-contre-celtes.jpg sa Fortune lui rendait la liberté, elle lui renvoyait la victoire.

À la droite des Romains, le spectacle était tout différent. Les Gaulois, à leur surprise et à leur colère, trouvèrent les Germains. Ceux-ci se ruaient sur leurs adversaires, pesant sur eux du poids de leurs corps et de leurs chevaux ; ils finirent par rompre les rangs opposés. Le cercle d’ennemis qui bloquait les légions fut brisé, les Gaulois reculèrent sur ce point. Les Germains se portèrent sur la colline, culbutèrent le poste ennemi, rejetèrent vers la rivière tous ceux qu’ils avaient vaincus, massacrant les hommes à plaisir. Enfin, ils apparurent sur le flanc des autres escadrons gaulois, qui s’escrimaient contre les légions romaines.

La vue inattendue des cavaliers germains victorieux changea en épouvante le courage des Gaulois. Ils comprirent qu’ils allaient être coupés et cernés par un ennemi implacable. La fuite commença de toutes parts, tandis que les Germains galopaient et tuaient sans relâche.

Tous les Gaulois ne montrèrent pas une égale bravoure. Les chefs éduens ne se firent pas tuer comme Camulogène. Ceux qui ne rejoignirent pas Vercingétorix se laissèrent prendre. On en amena trois à César, et des plus nobles : Cot, l’ancien rival de Convictolitav, Cavarill, le successeur de Litavicc, et Éporédorix l’ancien, qui, jadis battu par les Germains unis aux Séquanes, l’était cette fois par les Germains alliés de César. Et, voyant la facilité avec laquelle tous trois surent échapper au massacre, je me demande si le proconsul ne les a pas ménagés pour inspirer aux Éduens le désir de trahir de nouveau.

 

7. Retraite de Vercingétorix sur Alésia.

 

La cavalerie gauloise était définitivement vaincue. Ces troupes magnifiques en qui Vercingétorix avait mis le salut de la Gaule venaient de disparaître en quelques heures, et ce n’étaient point les Romains qui avaient eu raison d’elles. Comme aux temps des Teutons et d’Arioviste, l’inflexible intrépidité des cavaliers germains avait brisé la fougue désordonnée de la noblesse celtique.

Cette journée montrait une fois de plus ce qu’il y avait de sagesse dans l’esprit du roi des Arvernes. C’était la première fois qu’il connaissait une franche défaite, et il ne l’avait subie que pour avoir préféré les passions des siens aux conseils ordinaires de sa prudence. La mortelle folie des grandes batailles, comme il l’avait dit souvent, apparaissait aux yeux de tous les Gaulois ; même vaincu, Vercingétorix n’avait point tort.

Aussi, malgré l’étendue du désastre et malgré leur profond désespoir, les Gaulois gardèrent à leur chef leur docilité et leur confiance. Il prit sur-le-champ les précautions nécessaires pour sauver le reste de ses troupes. À la vue de la déroute, il ramena rapidement ses fantassins en arrière. Puis, faisant volte-face vers le Nord-Ouest, il commença sa marche de retraite (par les vallées de l’Ouche et de l’Oze ?). À moins de deux jours de marche (à 55 kilomètres), Alésia était prête à le recevoir, lui et son armée. Il se dirigea vers ce refuge, prenant lui-même la tête de son infanterie intacte : en toute hâte suivirent, sur son ordre, les trains d’équipage et les débris de la cavalerie.

Ses mesures furent prises assez promptement pour que la défaite ne se changeât pas en une panique irrémédiable. César, craignant peut-être quelque retour offensif, ne reprit la poursuite qu’après avoir mis ses bagages en sûreté sur une colline (Talant ?) et sous la sauvegarde de deux légions. Il ne put tuer à l’ennemi, dans le reste du jour, que trois mille hommes de l’arrière-garde. Pendant la nuit, les Romains perdirent le contact avec l’armée qui les précédait ; et quand, le jour suivant, qui était le lendemain de la bataille, ils débouchèrent dans la plaine que dominait Alésia, Vercingétorix attendait César avec ses troupes reformées.

Vers le même temps, les Allobroges se décidaient en faveur du peuple romain et fortifiaient eux-mêmes les rives du Rhône contre les menaces de l’invasion éduenne. Les Helviens, qui avaient pris l’offensive contre les Arvernes, étaient battus, et les Gaulois indépendants descendaient en nombre dans les vallées du Vivarais. — Mais ces victoires et ces défaites étaient également inutiles à César et à Vercingétorix. Ces lointaines rumeurs de guerre s’apaisent bientôt, et les destinées de la Gaule vont se décider sur un point unique, où toutes les nations se donnent rendez-vous (milieu de juillet ?).

 

À suivre...

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