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10 mars 2012 6 10 /03 /mars /2012 10:11

                                                        Vercingétorix

 

      Chapitre IX - Le soulèvement de la Gaule.

 

5. Progrès de la conjuration : intervention de Commios et de Vercingétorix.

 

Tels étaient les propos qui s’échangeaient dans les grandes réunions d’hommes, les jours de  marchés et les jours de fêtes. L’hiver, la population est moins dispersée dans les champs, les fêtes sont plus nombreuses, les familles se rapprochent davantage. Les chefs, parents, amis ou complices d’Acco et des meurtriers de Tasgei, profitaient de ces assemblées pour travailler leurs clients et la foule. Deux surtout parlèrent et agirent : Commios en Belgique et Vercingétorix dans la Gaule centrale.Commios

Commios l’Atrébate, roi chez les Morins, répudiait lui aussi cette amitié de César qui lui avait valu sa royauté. Il se faisait le chef du complot dans le Nord, où son nom était fort connu. C’était un homme intelligent, adroit, actif, quoique un peu trop agité pour l’œuvre qu’il s’agissait de mener à bonne fin. Ses démarches dans les cités voisines firent surprendre son secret par Labienus ; il se laissa attirer dans une embuscade, d’où il sortit grièvement blessé, réduit à l’impuissance, et la conjuration fut ajournée en Belgique.

Le légat de César paraît avoir été moins au courant de ce qui se passait entre la Seine et les montagnes du Centre. Vercingétorix allait et venait sans être inquiété, et sa parole ardente et fière réveillait l’amour de l’antique liberté.

Peu à peu l’entente se fit ou se renoua entre les principaux chefs. Des réunions plus  nombreuses, plus mystérieuses et plus décisives furent tenues dans les bois ou dans des retraites invisibles, et l’on y parla nettement des moyens de soulever la  Gaule. De sûrs messagers circulèrent rapidement entre toutes les cités du Centre et de l’Ouest, de Génabum à Gergovie, de Lutèce jusqu’en Armorique  (décembre 53).

 

6. Assemblée générale des conjurés.

 

Enfin, le rendez-vous général fut fixé dans une de ces forêts profondes où la Gaule conjurée pouvait délibérer sans autre crainte que celle de ses dieux. Tout contribua à donner à cette assemblée une poignante solennité. Les principales  nations étaient représentées par les plus nobles de leurs chefs ; les hommes, au fond de ces bois, se trouvaient plus près de la divinité ; on avait apporté les étendards militaires des tribus, signes aimés de leur gloire d’autrefois et symboles de leur génie éternel.

On se mit aisément d’accord sur les points essentiels. — Le  soulèvement devait avoir lieu sur-le-champ, en plein hiver, pendant que César, ignorant tout, était séparé de ses légions : en son absence, les légats n’oseraient point bouger, lui-même craindrait de revenir sans une armée pour escorte. Pourrait-il même quitter Ravenne, où il se trouvait en ce moment ? D’étranges nouvelles venaient d’arriver d’Italie : Clodius, l’ami de César, avait été tué (30 décembre 53) ; l’incendie ravageait le forum, la république était en danger ; le sénat armait des légions, sans doute contre le proconsul. Ces nouvelles, défigurées par la distance et l’exagération habituelle aux Gaulois, leur donnaient une excitation de plus, achevaient de les affermir dans leur décision. — César pourrait être pris entre deux adversaires, le sénat et la Gaule, il fallait, par un coup de main, lui couper la route des camps. La prise d’armes devait avoir lieu, à quelques heures près, le même jour dans toutes les cités conjurées.

Il fallut décider alors quelle nation et quels chefs auraient le périlleux honneur de donner le signal. On fit de belles promesses à ceux qui voudraient, au péril de leur vie, se dévouer à la liberté de la  Gaule. Les Arvernes ne pouvaient être appelés à ce rôle, puisque les chefs de la nation, Gobannitio et les autres, étaient hostiles au parti des patriotes. Les Carnutes, au contraire, étaient tout désignés pour le remplir : ils étaient, depuis deux ans, entraînés contre César sans retour possible ; leur territoire étant au centre de la Gaule, le signal qu’ils feraient arriverait en même temps à toutes les nations conjurées. Ils acceptèrent  d’eux-mêmes de commencer le combat, et de faire la première libation de sang romain.

Il est probable qu’on agita enfin la question du commandement suprême. Peut-être promit-on dès lors à Vercingétorix de rendre la suprématie au peuple arverne, s’il parvenait à le rendre à la cause de la liberté.

Les Carnutes avaient expérimenté par deux fois l’humeur inconstante de leurs compatriotes : ils demandèrent des garanties, pour n’être pas abandonnés dans cette aventure capitale. L’usage était en Gaule de laisser des otages entre les mains des chefs envers lesquels on s’engageait : mais à le faire maintenant, on eût risqué d’ébruiter le complot. Alors, et toujours sur la proposition des Carnutes, on remplaça le lien corporel des otages échangés par le lien religieux du serment collectif. — Les étendards sont approchés et réunis en faisceau, ce qui est le symbole de l’entente des tribus associées : les chefs les entourent, et, les mains étendues vers ces témoins des patries conjurées, ils prêtent serment de répondre au signal donné. — C’était la plus puissante des cérémonies, l’acte mystérieux et redoutable d’une fédération sacrée. Les chefs, désormais, n’appartenaient plus qu’à leurs dieux, gardiens de la cause et du serment.

Des remerciements  furent votés aux Carnutes. Le jour précis de la révolte fut fixé. On arrêta sans doute un système de signaux et de crieurs pour mettre ce jour-là Génabum en  communication rapide avec le reste de la Gaule. Puis on se sépara. Vercingétorix, à Gergovie, attendit le mot d’ordre.

Pendant ce temps. César, à Ravenne, suivait avec inquiétude les événements de Rome. C’était le fort de l’hiver. Les fleuves débordés avaient détruit les routes des plaines ; les sentiers des montagnes disparaissaient sous la neige ; les ruisseaux étaient pris par la glace ; les Alpes et les Cévennes étaient devenues impraticables, et leur double muraille fermait la Gaule à César (52, milieu de janvier).

 

À suivre...

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