A la mort de Clodion le chevelu en 448, c'est son fils Mérovée, adopté par le général Romain Aétius qui a été élu "roi des Francs saliens".
Ces derniers sont alors autorisés par les autorités romaines à s'installer sur un territoire situé entre Arras et Cambrais. Mérovée décide d'établir sa résidence à Tournai.
Lorsqu'en 451, Attila et son armée déferlent sur la Gaule, Mérovée à la tête de ses troupes se joint aux Gallo-Romains et aux Wisigoths, contribuant ainsi à chasser définitivement les Huns de Gaule.
Cette victoire scelle définitivement l'implantation des Francs Saliens dans le nord de la Gaule.
Les rois de la première dynastie franque sont appelés Mérovingiens, en l'honneur de ce roi, qui donne un territoire à son peuple.
Aétius ayant été assassiné, c'est Avitus qui gouverne au nom de Rome, le nord de la Gaule. Il a pour charge le domaine administratif et diplomatique tandis que Mérovée s'occupe du secteur militaire.
Le roi Franc forme à cette tache son fils Childéric, dont le nom signifie "puissant à la guerre".
Celui-ci, considéré comme "l'homme le mieux fait de son royaume", réputé comme étant doué d'esprit et de courage va s'attirer quelques inimitiés au sein de son peuple qui vont le contraindre à quitter les siens pendant quelques années.
Entre 451 et 457, Childéric séjourne à Byzance, durant le règne de Marcien. A la cour prestigieuse de l'Empire Romain d'Orient il va acquérir une précieuse expérience et c'est un homme aguerri qui regagne le royaume des Francs Saliens en 457.
Mérovée est mort et Childéric 1er lui succède.
Aegidius est le nouveau Magister Militum nommé par Rome
A peine hissé sur le pavois*, Childéric est contesté par de nombreux chefs saliens qui n'apprécient pas sa volonté de gouverner de façon héréditaire et ne goutent guère plus son goût immodéré pour les femmes.
Childéric est contraint de quitter son peuple. Il s'exile en Germanies (territoires correspondant à peu près à l'Allemagne, la Pologne et les pays Baltes) et est accueilli par Basin le roi de Thuringe, une région du centre de l'Allemagne.
Childéric séjourne quelques années en Thuringe**. Il séduit la reine Basine et celle-ci le suit lorsque réclamé par son peuple, il regagne ses terres.
A son retour en 463, Childéric remonte sur le trône et épouse Basine.
La même année, Childéric apparaît aux côtés d'Aegidius lors d'un combat qui permet d'arrêter et de repousser au-delà d'Orléans les troupes balthes de Théodoric II. Childéric 1er tue lui-même lors des combats le prince Frédéric, frère du roi Goth, ce qui assure le prestige du roi franc, combattant pour Rome mais construisant sa propre renommée.
Anneau sigilaire (chevalière) retrouvé dans la tombe du roi Childéric 1er en 1653
A ce moment-là, Aegidius et Childéric "règnent" tous deux sur un territoire qui s'étend du royaume Salien à la Loire, et cela jusqu'au décès d'Aegidius en 465. Syagrius, fils d'Aegidius, est alors bien trop jeune pour succéder à son père comme maître des milices.
Depuis la fin du règne de l'empereur Majorien (461), aucune autorité romaine ne se manifeste véritablement dans les Gaules et c'est le comte Paul qui gouverne un temps, avec l'aide de Childéric, le territoire que Goths, Burgondes et autres barbares ont consenti à laisser sous la seule tutelle de Rome au nord de la Loire.
Childéric, appuyé sur son propre royaume, remplit dans le territoire romain le rôle indispensable de général victorieux et d'administrateur dont Rome a besoin. Il remporte encore une victoire en 468 arrêtant l'avancée des Goths, et il place des hommes de son choix, des Francs surtout, aux postes administratifs importants, comme Rignomer au Mans. En 471, Syagrius reconnu comme gouverneur de ce lambeau de territoire romain, installe sa résidence au plus loin des Goths et au plus près des Francs qui le surveillent, à Soissons.
En jaune le royaume de Syagrius
L'empire d'Occident chemine vers sa fin, mais Childéric a depuis longtemps appris à gouverner seul, à protéger seul Romains et Gaulois du nord de la Seine. Peu soucieux des évènements italiens de 476 (chute de l'Empire d'Occident) et insensible devant le simulacre de pouvoir d'Odoacre, il élimine, probablement de ses mains, le comte Paul et s'empare du comté d'Angers.
Syagrius n'est plus le représentant de personne, mais il est toujours là, installé de la Belgique Seconde à la Loire, très dépendant des Francs.
Le peuple wisigoth qui s'est installé principalement dans le sud-ouest de la Gaule est dirigé entre 470 et 490, par Théodoric II, Euric, qui succède à son frère après l'avoir assassiné, puis Alaric.
Ces rois sont de religion arienne*** et durant leur règne se développe une forte persécution contre les catholiques, et plus généralement contre les Gallo-Romains.
Les enjeux pour la suprématie des Gaules sont ouverts, en terme politique mais aussi religieux, car deux des trois puissances en compétition sont de foi arienne, (les Wisigoths et les Burgondes****) la troisième (les Francs) n'a pas fait de choix. Les Gallo-Romains sont catholiques, à tous les échelons de la société, notables et paysans.
Childéric 1er tente d'agrandir son royaume mais dans les dernières années de son règne il essuie quelques revers qui ont pour effet de diminuer l'étendu du territoire Franc.
Le roi des Francs Saliens meurt en décembre 481. La "gothisation" de l'Europe occidentale est en cours de réalisation. Les peuples catholiques des Gaules n'ont plus qu'un seul recours, celui de leurs évêques, et ils se pressent autour d'eux. Mi-saint, mi-héros, les évêques de Gaule assurent la défense de leurs fidèles jusque dans les combats militaires.
Clovis, fils de Childéric 1er et de Basine de Thuringe devient roi des Francs.
* PAVOIS
Grand bouclier des Francs. L'expression "hissaer sur le pavois" fait référenceà la coutume des Francs qui transportaient leur nouveau roi monté sur le bouclier pour le présenter au camp.
** Livre faisant réference au séjour de Childéric en Thuringe :
Histoire de l'Académie Royale des Sciences et des Belles Lettres de Berlin: année 1745, avec les mémoires pour la même année, tirées des registres de cette Académie.
http://books.google.com/books?id=i64EAAAAQAAJ&printsec=titlepage&hl=fr
*** L'ARIANISME
Arius (vers 258-336) est un prêtre d'Alexandrie, dont le nom fut donné à la première grande hérésie qui menaça l'unité chrétienne. Les idées qu'il formulait à propos de la Trinité (le Père, le Fils et le Saint Esprit) furent condamnées par le concile de Nicée en 325. Selon Arius, le Fils, seconde personne de la Trinité, n'est pas totalement d'essence divine. Il n'est pas coéternel avec le Père puisqu'il a été engendré. Ce que ne peut admettre l'orthodoxie catholique, qui soutient que le Fils est coéternel avec le Père et inengendré comme lui. La condamnation formulée en 325 n'empêche pas l'extension de l'arianisme. La "consubstentialité" retenue lors du concile de Nicée ne trouvait aucune confirmation dans les Écritures, ce qui déclencha de nouvelles polémiques.
Lors du Ierconcile œcuménique de Constantinople (deuxième concile œcuménique) la condamnation définitive de l’arianisme est prononcée. La doctrine de Nicée est confirmée, et la consubstantialité de l’Esprit avec le Père et le Fils affirmée.
Ces querelles théologiques n'avaient aucun rapport avec la spiritualité des barbares. Le succès que l'arianisme va pourtant remporter chez les germains s'explique par deux raisons.
L'apôtre des Goths, Ulfila, avait vécu à Contantinople à l'époque où y triomphait l'arianisme et c'est cette version du christianisme qui leur a été donnée. D'autre par, la victoire remporté en 378 à Andrinople par les Goths sur les troupes impériales leur assuraient un prestige considérable auprès des autres germains, qui se tournèrent naturellement vers l'arianisme. Les premières conversions eurent lieu chez les Goths au milieu du IVème siècle, mais c'est après le franchissement du Danube que le phénomène prit une grande ampleur.
L'arianisme demeura ainsi la religion officielle des Wisigoths jusqu'en 587. En Gaule, l'arianisme des Wisigoths installés en Aquitaine les fit entrer en conflit avec le clergé catholique local occasionnant d'actives persécutions envers les Gallo-Romains catholiques.
Guerrier Burgonde
****LES BURGONDES
Originaires de Scandinavie, les Burgondiones apparaissent au premier siècle de notre ère sur les cotes méridionales de la Baltiques, puis étendent leur implantation en direction du cours moyen de la Vistule (en Pologne). A partir du IIIème siècle, ils commencent à se déplacer vers l'ouest et se heurtent sans succès aux armées romaines. En 406, se déclence la grande vague d'invasions fatales à l'empire d'Occident. Les Burgondes se déplacent alors à l'ouest du Rhin, dans la province de Germanie seconde. Ils concluent ensuite un traité avec l'empereur Honorius qui leur abandonne la partie de la Gaule la plus proche du Rhin inferieur. Ce royaume burgonde rhénan ne va durer qu'une trentaine d'années car le Magister Militum Aetius lance contre lui les Huns qui sont alors ses alliés. Le roi Guntiarius est tué en 436, au cours de la guerre terrible qui s'ensuit, et ce qui reste du peuple burgonde émigre vers le sud. Un nouveau traité conclu avec les autorités romaines permet aux Burgondes de s'installer en Sapaudia (Savoie). Lies à Rome par un foedus, les Burgondes remplissent leurs obligations, combattent Attila en 451 et interviennent même en Espagne contre les Suèves. Ils étendent rapidement leur territoire jusqu'au Rhône et occupent Lyon dans les années 470.
Arien depuis le premier tier du Vème siècle, les souverains comme Hilpéric et Gondebaud ne sont pas hostiles au clergé catholique et accordent aux Romains des droits à peu près équivalents à ceux des Burgondes.